Rentrée littéraire 2015 – Mes lectures

Zéro. Je n’ai parlé d’aucun des romans adultes de la rentrée littéraire 2015 que j’ai lu cette année. Un record ! Alors que débute la rentrée littéraire de janvier 2016, il est temps de rattraper le retard, et d’en parler rapidement, avant d’oublier !

Afficher l'image d'origineLe plus libérateur : Otages Intimes de Jeanne Benameur

Repéré chez Noukette, j’ai lu ce livre sans conviction, et j’ai été surprise. Et je ne m’attendais pas à accrocher autant ! Otages intimes raconte, non pas la captivité, mais la libération et le retour à la vie. Je me suis laissée prendre à cette lecture, à ce destin torturé, à ces amis qui se sont éloignés. J’ai dévoré les pages, suivi Etienne et son entourage, espéré, pleuré… La plume de Jeanne Benameur a su faire vivre pour moi ces personnages, qui le temps du livre sont devenus mes meilleurs amis et ma famille. Cette mère fragile, avec ses secrets. Ce meilleur ami, ténu. Cette ex, torturée, et son compagnon. Cette soeur de coeur, si forte et fragile à la fois. Ce village d’enfance, sa tranquillité. L’abandon. La musique. Etienne est prisonnier de lui-même…

Un texte poignant, qui ma redonné goût à la littérature adulte après de nombreuses déceptions, et qui augurait une très belle rentrée littéraire !

Noukette en parle bien mieux que moi !

Le plus touchant : Camille, mon envolée de Sophie Daull Afficher l'image d'origine

Ce roman, repéré chez Stephie, est terriblement touchant.

L’histoire d’une perte, le décès de la fille de l’auteur. Quatre jours d’une fièvre étrange, personne ne semble s’inquiéter. Quatre jours et tout bascule. J’avais peur de passer mon temps à pleurer, et finalement ce beau roman m’a surtout beaucoup touché. J’ai eu les larmes aux yeux, souvent, bien sûr, mais j’ai surtout trouvé ce roman puissant. La façon dont cette mère évoque le tragique, nous fait partager l’horreur, l’errance… Journal intime qui tisse des liens avec le lecteur, Camille, mon envolée est un très beau texte, un cri déchirant, une réalité impossible à admettre.

Sophie Daull partage sa peine sans s’enfermer dans le pathos, elle écrit pour libérer, et c’est un magnifique hommage à sa fille.

“Je voulais écrire vite, jusqu’à ta mort, ton dernier souffle ;
puis, allez, faisons durer jusqu’à ton enterrement,
et puis voilà, ça ne s’arrête pas,
ça ne s’arrêtera jamais – toi disparue n’a pas de fin.”

Le plus vivant, et brut : La petite barbare d’Astrid Manfredi

Un style brut, abrupte même. Difficile d’accès dans les premières pages. Et puis, peu à peu, on s’attache à cette petite barbare. Cette jeune fille, derrière les barreaux, qui écrit comme un espoir de vie meilleure. Avec elle on va découvrir sa banlieue, sa violence. Les rêves vivent oubliés et l’argent facile, comme pour croire encore en quelque chose.

Un roman qui secoue, à travers les mots durs, les situations plus dures encore, et l’espoir qui fait trop souvent défaut. Un texte que j’ai délaissé d’abord… et que j’ai repris pour ne plus lâcher !

Des gens qu’on parque sans une thune dans des endroits sans un arbre, il ne peut pas leur pousser des ailes.

Céline a aimé aussi !

La déception de la rentrée : Le crime du comte Neville d’A. Nothomb

Alors que j’avais trouvé de belles choses dans les derniers romans d’Amélie Nothomb contre beaucoup d’avis, j’ai cette fois ci eu une belle déception. Belle tout de même, car j’ai aimé le personnage de Sérieuse. L’histoire est totalement farfelue, burlesque. Le comte Neville apprend par une diseuse de bonne aventure que lors de la grande fête qu’il a prévu, il va tuer un de ses invités ! Il en perd le sommeil, et l’esprit !

Inspirée d’une nouvelle d’Oscar Wilde que je n’ai pas lu, ce récit, très court, m’a pourtant régulièrement ennuyé. Ce comte est un personnage volontaire ridicule, mais l’humour noir de l’auteur n’a pas fonctionné sur moi. Seule Sérieuse, sa fille cadette persuadée qu’elle ne peut rien ressentir et qui veut mourir m’a interpellée.

Un récit court dont la fin a su susciter un peu d’intérêt… trop tard, c’était terminé !

“Tais-toi. Si tu continues de parler, je vais te haïr. Et si je te hais, je n’aurai pas le courage de te tuer.”

Afficher l'image d'origineLe plus bouleversant et révoltant : La maladroite d’Alexandre Seurat

Le roman s’ouvre sur le témoignage d’un professeur, qui reconnait dans un article de journal, une ancienne élève. Une élève qu’elle soupçonnait d’être maltraitée. Une élève qu’elle n’a pas pu sauver. C’est ainsi que se déroule le récit, à partir des témoignages de ceux qui ont côtoyé cette fillette de 8 ans. De ceux qui ont cru, pensé, alerté, mais qui n’ont rien pu faire. Chaque page est poignante car elle nous montre la souffrance de cette enfant, sans jamais lui donner la parole. Ces témoignages extérieurs sont terribles, bouleversant, et montre comme la lenteur du système peut être préjudiciable.

Un récit fort, qui nous vrille le coeur. L’auteur sait mettre une distance impressionnante, ne pas donner son avis, juger… Un premier roman vraiment réussi !

Le plus historique : La terre qui penche de Carole Martinez 

Vivre le Moyen-Age avec Blanche, c’est découvrir un univers à la fois réel et fantastique. D’autant plus que Blanche est morte à 12 ans, et que ce récit alterne entre sa voix d’enfant et celle de son âme, qui a vieillie. L’auteur manie avec brio la plume pour nous rendre compte de cette époque, et notamment de la condition des femmes, tout en y incorporant suffisant de magie pour qu’on soit envoûter ! Les chansons médiévales sont aussi de belles parenthèses.

Un très beau conte médiéval, qui invite à lire Du domaine des Murmures !

“Et peigne, peigne la toison,
Et tourne, tourne le fuseau
Et mouille, mouille la laine du bout des doigts,
Et le fil se fait sans y penser”

J’en ai commencé quelques autres, et j’en ai encore dans ma PAL… Je vous parlerai sans doute un jour… La variante chilienne, Les échoués, La source, Boussole, La logique de l’amanite, Un roman anglais, Deux messieurs sur la plage, les eaux troubles du Mojito…

Merci à la Librairie Dialogue et au Match de la rentrée littéraire 2015 Priceminister

Toute la rentrée littéraire chroniquée par les blogueurs, c’est sur le blog du challenge de la rentrée littéraire 2015 !

 

 

 

REFUGES ♥

REFUGES ♥ REFUGES ♥

Annelise Heurtier

Casterman (2015)

*****

Mila, jeune italienne de 17 ans, arrive pour les vacances sur l’île de Lampedusa avec ses parents dans la maison familiale qui appartenait à la grand-mère. Toute la famille a été durement touchée par un drame, quelques années plus tôt. Chacun luttant contre le mal-être à sa façon. Entrelacées au milieu des chapitres, on entend d’autres voix, des voix venues de la lointaine Érythrée…

*****
Mon avis à “chaud” :

Je viens de terminer ce roman. J’ai pleuré. Pleuré sur la bêtise des êtres humains capables d’êtres tellement ignobles qu’ils obligent leurs concitoyens à fuir, quel qu’en soit le prix.

Pleuré aussi sur la bêtise d’autres êtres humains capables de faire des lois telle la loi Bossi-Fini (on peut écrire un truc pareil ? Laissez les clandestins se noyer, si vous les sauvez vous serez complices d’immigration clandestine et vous irez en prison ??) Comment peut-on être à ce point égoïste et cruel ?

Depuis longtemps je râle quand j’entends des gens dirent que les clandestins viennent pour toucher les aides sociales ou se refaire faire les dents gratuitement… Vous iriez vous, passer des jours et des nuits sur un rafiot pourri, risquer votre vie, celle de votre femme et de vos enfants, juste pour avoir de belles dents ? (Surtout que les clandestins laissent des fortunes pour payer leur passage…)

Et quand on sait comment on vit avec les aides sociales, moi je me dis surtout que ces pauvres gens ne doivent pas avoir beaucoup d’autres solutions et surtout, surtout, une terrible motivation : celle de sauver leur vie.

*****

C’était le premier roman d’Annelise Heurtier que je lisais. Ce ne sera certainement pas le dernier ! A lire et à faire lire de toute urgence pour faire reculer la bêtise…

Sur le même thème, l’émigration / l’immigration, j’ai lu il y a quelques années “Le dos au mur” de Christophe Lambert (à partir de 15 ans) que j’avais beaucoup aimé, “Mark Logan” de Claire Paoletti (pour les plus jeunes à partir de 10 ans) une histoire très mignonne, “La robe rouge de Nonna” un très bel album (fascisme + immigration), la très belle BD de Shaun Tan “Là où vont nos pères” bd sans paroles absolument magnifique (ados), le très actuel “Si loin de Kaboul“de N.H. Senzai (11 ans et +) ou encore le très touchant “Le temps des miracles” d’Anne-Laure Bondoux (à partir de 12 ans)…

Deux bibliographies pour compléter : celle de Ricochet et celle de La joie par les livres.

SignatureNat

Le Crafougna

CrafougnaLe Crafougna

Stéphane Servant & Anne Montel

Didier Jeunesse (2012)

L’histoire commence comme ça : “Un dimanche soir, le Crafougna est entré sans bruit dans notre maison. Il était tout gris, tout grincheux, tout velu. Il s’est installé avec Papa, Maman et ma sœur dans le canapé devant la télé. Il était tellement gros qu’il n’y avait plus de place pour moi !

Le Crafougna 2

Un petit garçon nous raconte l’histoire de sa famille “crafougnée” par un truc gris, grincheux et velu : un crafougna ! Ce qui fait que le lundi matin, Papa n’a pas préparé le petit déjeuner ! Et le soir, personne ne l’aide à faire ses devoirs… Et le mardi, de mieux en mieux, le Crafougna voulait crafougner avec lui ! Mais pas question de se laisser attraper…

On comprend vite que ce Crafougna représente la déprime ou le coup de blues… (et je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’albums sur le sujet, en connaissez-vous ?) Et je trouve que c’est une façon très intelligente d’expliquer ça aux enfants ! On voit bien que les parents et la sœur n’ont plus envie de rien (le Crafougna avait mangé toutes leurs envies), ils sont toujours de mauvaise humeur (gris et grincheux !), ils se traînent… Sans qu’on les rendent responsables de tout ça pour autant. L’envie de vivre, la “pêche” et la bonne humeur du petit garçon ramèneront le soleil et la bonne humeur dans toute la maison.

Le dessin, amusant et coloré, plein de petits détails du quotidien illustre très bien l’épidémie Crafougnesque qui atteint presque toute la famille ainsi que ses conséquences !

LeCrafougna3Un album qui aurait eu sa place dans le challenge album du mois de février (les sentiments) catégorie “cafard monstrueux” ! Mais qui peut aussi participer au challenge Halloween, parce que c’est tout de même un très vilain monstre que ce Crafougna !!

challengehalloweenalbum  SignatureNat

L’histoire de Malala

MalalaL’histoire de Malala

Celle qui a dit non aux talibans

Viviana Mazza

Gallimard Jeunesse (2015)

*****

 Malala n’a que onze ans lorsqu’elle décide d’élever la voix. Elle en a quinze quand, un jour comme tant d’autres, alors qu’elle rentre de l’école avec ses amies, les talibans tentent de la tuer. Pourquoi ? Dans son pays, le Pakistan, elle s’est opposée à ceux qui voulaient supprimer les droits des femmes.

Avec l’aide de sa famille, Malala a décidé de crier “non”. Presque une petite fille encore, elle a lutté sans armes ni violence, mais avec le courage des mots et de l’intelligence, avec la force de la vérité et de l’innocence.

*****

La journaliste Viviana Mazza nous raconte le combat exemplaire de Malala Yousafzai, jeune Pakistanaise qui a bravé la mort pour défendre le droit des femmes à l’éducation dans son pays. Un livre bouleversant.

Pour son combat exemplaire en faveur de l’éducation des filles au Pakistan,

Malala Yousafzai a reçu le Prix Nobel de la paix le 10 octobre 2014.

Vous pourrez écouter ici son discours à l’ONU (en anglais sous-titré français)

*****

Mon avis : Je lis assez peu de bibliographies, non pas que la vie des gens ne m’intéresse pas, mais je trouve ça souvent assez barbant à lire… Ici, pas de risques de s’ennuyer, c’est une courte vie (pour le moment !) qui est présentée ici, mais elle est racontée de façon “vivante” et il s’y passe plein de choses ! Pas toujours bonnes, hélas, vous l’aurez déjà compris en lisant le résumé.

A la fin, un glossaire de quelques pages permet de mieux comprendre un certain nombre de choses (nourriture, système scolaire…). Ce livre est classé en “roman” et non en biographie car l’auteur s’est servie d’un certain nombre de documents pour l’écrire mais elle a romancé le tout (inventé certains dialogues, fabriqué un personnage à partir de plusieurs personnes), tout en vérifiant toujours les faits.

Un livre important car il montre qu’on peut vaincre la bêtise, sans armes et sans violence !

SignatureNat