Elle s’appelait Tomoji de Jiro Taniguchi

Un récit empreint de sensibilité admirablement illustré

Bande dessinée (manga) pour adultes

Elle s’appelait Tomoji

de Jiro Taniguchi

Scénario de Miwako Ogihara

Éditions Rue de Sèvres, octobre 2023, édition anniversaire 10 ans, 19 euros, relié, 176 pages

 

Thèmes: tranche de vie, Japon, temple

 

De cet auteur, j’avais déjà lu et apprécié La montagne magique. C’est pourquoi je savais que je ne serais pas déçue. En effet, les paysages illustrés sont à couper le souffle…  Taniguchi maîtrise parfaitement son art et sa renommée n’est plus à faire.

Il explore dans les moindres détails l’univers dans lequel évolue Tomoji Uchida. Dans Elle s’appelait Tomoji, Jiro Taniguchi nous invite à découvrir l’enfance de celle qui deviendra plus tard l’épouse de Fumiaki Itô. À eux deux, ils créeront un nouveau temple bouddhiste.

Le rythme est lent comme dans tout manga biographique qui se respecte, quelques planches en couleur enrichissent le volume. Les tons sont doux et invitent à la contemplation.

Dans Elle s’appelait Tomoji, plusieurs drames rythment l’adolescence de notre héroïne. L’auteur parvient toujours avec justesse à retranscrire certains sujets avec sensibilité. Ce sera la mort brutale de son père dans la fleur de l’âge qui précipitera la famille dans le désarroi et le dénuement. Par la suite, Tomoji fera différents choix qui la mèneront à son destin.

Pour être honnête, d’ordinaire je ne suis pas friande de récits biographiques mais Elle s’appelait Tomoji a piqué ma curiosité et je ne regrette pas de l’avoir lu. De plus, l’édition est magnifique!

Je pense malgré tout qu’il vaut mieux connaître le contexte afin d’apprécier ce manga à sa juste valeur. Malgré mon intérêt pour le Japon, je ne connaissais pas ce couple. Bien entendu, il y a toujours les notes explicatives de l’auteur en fin de volume.

On sent que Jiro Taniguchi a fait des recherches afin de reproduire le plus fidèlement possible la vie et l’environnement de Tomoji Uchida. Les illustrations sont vraiment très réalistes mais c’est un peu la patte de ce mangaka talentueux.

En somme, si vous aimez l’œuvre de Jiro Taniguchi ou si vous êtes tout simplement curieux; n’hésitez pas à découvrir ce beau manga!

 

~Melissande~

 

+ Une autre bande dessinée illustrée par ce mangaka:  Mon année: Printemps de Jirô Taniguchi et Morvan, présenté par Hérisson

Les dames de Kimoto de Cyril Bonin (d’après le roman de Sawako Ariyoshi), présenté par Nathalie

Les heures silencieuses ♥

heuresUn magnifique premier roman !

Les heures silencieuses

Gaëlle Josse

J’ai Lu (2020)

Éd. Autrement (2011)

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Cette femme, qu’on voit de dos sur la couverture, c’est Magdalena. Elle a 36 ans et déjà, de terribles secrets et de lourds chagrins pèsent sur ses épaules. Pendant les longues heures silencieuses de la nuit, Magdalena se confie à son journal. Et nous raconte sa vie -et ses regrets- depuis sa petite enfance.

Nous sommes à Delft en 1667. Le soir qui tombe est pour elle une angoisse.

Depuis l’enfance, je redoute la nuit. La lumière qui décroît dans le ciel, l’ombre qui tombe à terre en dévorant les couloirs et en assourdissant les formes m’emplissent d’inquiétude. Et en dépit de l’âge qui devrait me rendre raisonnable, je ne parviens pas à faire taire cette crainte.”

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Ce tout petit roman (89 pages) a été inspiré par le tableau ci-dessous (tronqué sur la couverture, ce qui fait que je ne comprenais pas quand elle parlait de certains détails du tableau dans le roman !)

Cela m’a fait penser au roman “La jeune fille à la perle” de Tracy Chevalier, également inspiré par un tableau, même si les deux livres sont très différents.

Que dire de plus ? J’ai adoré l’histoire de cette femme, qui mène une vie aisée mais est néanmoins très seule avec ses pensées et ses craintes. Elle n’a que 36 ans, mais pourtant on sent bien que sa vie est derrière elle ! Élevée comme “le garçon” de la maison par son père (qui n’a que des filles et le regrette), elle bénéficie, jeune, d’une liberté qu’elle perdra en se mariant.

On est totalement plongé dans cette époque et dans l’univers des marchands de la Compagnie des Indes orientales. Et on a le cœur serré en pensant aux drames vécus par cette femme, aux regrets qu’elle a de son enfance et aux remords qu’elle a d’avoir de “coupables pensées”…

J’ai également adoré l’écriture fine et délicate de Gaëlle Josse, tellement belle !

Son premier roman ! Il a reçu plusieurs prix.

Bref, je lirai d’autres romans de cette autrice, sans hésiter. ♥

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Une courte biographie de l’autrice sur le site des Étonnants voyageurs.

Écouter Gaëlle Josse interviewée par Cécile Coulon sur France Inter

D’autres avis : NouketteAnneNatioraHistoire et Fiction

Intérieur avec femme au virginal Emmanuel De Witte (1660)

Image prise sur Crotos (où il y a plus de détails)

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Un roman qui participe au challenge Instagram #ensortir24en2024

C’est le premier que je sors de mon panier !!

1/24

Deux fils de la Grande Guerre – RJ

Deux filsÉtre un enfant en 1925
A partir de 9/10 ans

Deux fils de la Grande Guerre

Gérard Hubert-Richou

Illustrations d’Ottavia PONCET

Lire c’est partir (2008)

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L’histoire de ces deux fils se déroule en 1925. Raoul a 12 ans, lorsqu’il apprend, un peu par hasard, que son père Raymond… N’est pas son père ! Et que sa mère Ernestine n’est pas sa mère, mais sa tante.

Passé le premier choc, violent, il va poser des questions. Sa vie vient de s’écrouler, il veut savoir. Le pourquoi, le comment. Il va apprendre que sa mère est décédée lorsqu’il était bébé et que son père, désespéré, n’était pas capable de s’occuper d’un tout petit.

Mais il n’est pas au bout de ses surprises. Une nouvelle déclaration de Raymond va lui réchauffer le cœur.

*****

En réalité, ce n’est pas un roman, mais la retranscription d’un témoignage oral. Le narrateur nous raconte ce que lui a dit son oncle Raoul.

Si j’ai bien aimé l’histoire, intéressante et qui permet de bien visualiser le quotidien de cette époque d’après-guerre, j’ai par contre eu beaucoup de mal avec le style de l’auteur. J’ai trouvé que ça manquait vraiment de fluidité !

A la fin du livre, un lexique explique les mots et expressions de l’époque.

Petit bémol sur l’édition : Je n’ai pas de problème de lecture particulier, mais les marges sont vraiment étroites… J’avoue que visuellement parlant, ça m’a un peu gênée.

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Lire le préambule sur la page de l’éditeur (vous verrez ainsi le style de l’auteur)

Une petite bio de l’auteur sur le site de Ricochet

C’est ma 1ère participation au challenge

Pages de la Grande Guerre

Pages

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

La jeune institutrice et le grand serpent

Une fable sociétale  sur l’importance de la mémoire collective

Album pour la jeunesse dès 7 ans

La jeune institutrice et le grand serpent 

d’Irène Vasco

et Juan Palomino 

Ed. Obriart, ill. de Juan Palomino,

octobre 2022, 18 euros

Thèmes: livre, forêt amazonienne, légendes, solidarité, sagesse, populaire, conte traditionnel

 

Présentation de l’éditeur: “Une jeune institutrice vient d’être nommée dans une école au cœur de la forêt amazonienne, où elle arrive chargée de livres dans ses bagages. (…) Dans la forêt, la tradition est de raconter des légendes, mais la jeune institutrice ne croit pas aux légendes, jusqu’au jour où…”

 

La jeune institutrice et le grand serpent est un album particulier (dans le bon sens du terme) tant par les thèmes abordés que par le message véhiculé. L’autrice a habilement représenté la philosophie de vie amazonienne.

De nombreux dangers rythment la vie des habitants en Amazonie donc lorsqu’une catastrophe survient; comme par exemple le grand serpent représenté par la rivière de boue, aucun villageois ne se laisse abattre. Ils vont essayer au mieux et chacun à leur façon d’aider la nouvelle institutrice.

Dans La jeune institutrice et le grand serpent, il est également question de transmission orale d’une culture ancestrale. Cette dernière risque de disparaître puisqu’elle reste orale. Il y a donc un véritable échange entre l’institutrice et les villageois. Tour à tour, ils lui offriront un récit ou une anecdote qui resteront gravés dans la mémoire collective grâce à une très belle initiative.

Quant aux illustrations, elles sont simples et stylisées mais très colorées. Chacune d’entre elles est présentée en format paysage, comme si le lecteur, devenu spectateur, observait la scène de loin.

En somme, La jeune institutrice et le grand serpent est une belle découverte.

 

J’ai beaucoup apprécié ce beau voyage en Amazonie!

 

~Melissande~

 

+Le peuple du chemin de Marion Achard, roman jeunesse présenté par Hérisson

+ Un autre roman présenté par Hérisson mais pour un public adulte ou des jeunes adultes: Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepulveda