Arto et la fée des livres – Album ♥

ArtoSauriez-vous raccommoder des phrases ?

Album dès 6 ans

Arto et la fée des livres ♥

Agnès de Lestrade

Olivier Latyk

Éd. Milan / Les Incorruptibles (2011)

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Tara est relieuse depuis toujours. Son père était relieur avant elle et elle a passé sa vie dans cette boutique au milieu des livres abimés. Il y a des livres aux feuilles volantes, des histoires en morceaux. Patiemment, Tara colle, raccommode, recoud toutes ces phrases et tous ces mots. Un jour, un jeune garçon, Arto, lui apporte un album à réparer. C’est l’album de mariage de ses parents. Il est tout effiloché, tout usé, comme le couple formé par ses parents. Arto voudrait que Tara répare les deux…

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C’est une très belle histoire, tendre et poétique. Un récit qui parle de l’amour des livres bien sûr, mais aussi de l’amitié et de l’amour tout court. Celui que l’on peut avoir pour ses parents, pour un ami, pour un métier.

Les illustrations m’ont beaucoup plu également. Elles ont un petit côté “vieillot” mais sont très originales. Et les couleurs, plutôt chaudes, dégradé de marron, rouille ou orange, avec par moments un peu de bleu, s’accordent très bien à la chaleur humaine de Tara et de sa boutique.

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Il a fait partie de la 23ème sélection des Incorruptibles catégorie CP

Le blog d’Olivier Latyk

Courte bio et bibliographie d’Agnès De Lestrade

Les couleurs du Ghetto – Roman illustré

couleursRoman illustré

A partir de 13 ans

Les couleurs du Ghetto

Aline Sax

Illustrations de Caryl Strzelecki

Coll. Encrage

La Joie de Lire (2019)

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Présentation de l’éditeur : Varsovie, automne 1940. Le quartier dans lequel vit Misja, sa sœur et ses parents, est transformé, sous l’occupation nazie, en ghetto. Tous les Juifs de la ville et de ses environs y sont enfermés. Les maladies, la faim et les expulsions éliminent lentement mais sûrement la population. Misja, lui, refuse la situation, il ne veut pas se laisser emmener à l’abattoir comme un agneau… Avec quelques compagnons, il se révolte !

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J’ai lu ce roman il y a déjà plusieurs mois, en octobre ou novembre. Cela fait partie des livres, des thèmes, dont je me dis qu’il est indispensable de les lire et de les faire connaître. Mais dont je sais, aussi, qu’ils vont me toucher profondément, me bouleverser. Et donc, la plupart du temps, je traîne pour les lire. J’ai fini par lire celui-ci, mais j’ai perdu mes notes. Et j’avoue qu’à l’approche des fêtes de Noël, je n’avais pas envie de le relire.

Bref. Comme prévu, ce roman m’a bouleversée. C’est oppressant. Jour après jour, on voit comment les gens ont été brimés, humiliés, arrêtés puis enfermés dans ce ghetto. En peu de mots, de phrases, on comprend comment s’est arrivé. Comment les gens se sont “laissés faire”, si on peut dire, c’était ça ou mourir…

C’est un roman qui devrait se trouver dans tous les collèges et lycées.

Il devrait être lu par tous les jeunes qui doutent de la Shoah, qui ne connaissent pas ce moment de l’Histoire. Je l’ai trouvé terrible, abominable (pour ce qu’il raconte bien sûr) mais terriblement bien fait en ce sens où je pense que personne ne pourra rester indifférent à cette lecture.

Les illustrations en noir et blanc ajoutent encore au sentiment de malaise et d’oppression ressenti à la lecture de ce très beau texte.

A LIRE !!!

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Lire un extrait et voir les illustrations sur le site de l’éditeur

Sur le même sujet, voir aussi : Au ghetto de Varsovie nous avons combattu

Un livre qui participe au Challenge d’Antigone

https://delivrer-des-livres.fr/wp-content/uploads/2019/01/objectif-pal-250x250.jpg

Quelqu’un m’attend derrière la neige – solitude…

solitudeQui, mieux qu’une hirondelle, peut parler de migration ?

7-12 ans et plus

Quelqu’un m’attend derrière la neige

Timothée de Fombelle

Thomas Campi (ill.)

Gallimard Jeunesse (2019)

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Il y a bien longtemps, un matin de Noël, un enfant ramassa une hirondelle blessée. Il la soigna, la nourrit et la réconforta. Elle se reposa pendant plusieurs semaines et reprit des forces grâce à ce petit garçon. Il lui donna même un nom, Gloria, alors que les oiseaux n’ont pas de nom. Elle n’avait pas de nid, pas de petits. Elle était unique en son genre et cet hiver, contrairement aux autres hirondelles, elle remontait vers le nord.

Freddy, d’une certaine façon, était semblable à Gloria. Lui aussi remontait vers le nord dans son petit camion jaune et il souffrait de solitude. Il était livreur de glaces et depuis l’Italie, il devait remonter tout là-haut jusqu’à Londres.

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C’est un très joli conte de Noël à la lecture duquel on ressent beaucoup d’émotions. On sent l’urgence dans le vol de cette hirondelle pas comme les autres, qui ne sait pas pourquoi elle doit aller par là, mais sait qu’elle doit y aller. Et on a conscience de la tristesse de cet homme, seul à son volant, qui n’a parlé à personne depuis longtemps.

Ça pourrait paraître triste, mais en fait ça ne l’est pas. La fin est plutôt porteuse d’espoir !

Les illustrations sont magnifiques. J’ai tout aimé : les couleurs, le trait, le côté un peu Bd de certains dessins.

En bref : Une histoire qui parle d’humains, de solitude, de migration mais aussi d’entraide et d’amitié.

Une très belle histoire.

 A lire sans hésiter ! ♥

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Du même auteur : Georgia, tous mes rêves chantent, Victoria rêve (6ème roman présenté), Thimothée de Fombelle (5 romans présentés), Le livre de Perle

Du même illustrateur : Les petites gens et Macaroni (2 BD)

Le site de l’illustrateur Thomas Campi

Le ruban rouge de Lucy Adlington

Le ruban rouge est le récit poignant et lumineux d’une jeune fille à Auschwitz Birkenau, dans l’univers décalé de la soie.

le ruban rougeRoman historique pour adolescents dès 13 ans

Le ruban rouge

de Lucy Adlington

traduit par Catherine Nabokov

PKJ, 2018
326 pages
9782266278751, 16,90€

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Thèmes : couture, camp de concentration, seconde guerre mondiale, Auschwitz

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Le roman Le ruban rouge s’ouvre sur Ella qui court pour arriver la première pour le poste de couturière qui vient de se libérer dans la Maison de la couture. Elle lutte alors pour obtenir la place… En quelques pages on comprend qu’Ella et les autres ne sont pas simplement en train d’essayer de travailler. Elles essayent de survivre, à Birchwood (le petit bois de bouleau), plus connu sous le nom allemand de Birkenau. Auschwitz Birkenau, le camp de travail et d’extermination le plus tristement célèbre de la Seconde Guerre Mondiale.

Un univers de femmes, traitées pire que des animaux, qui luttent pour survivre. Ella est forte, travailleuse, douée de ses mains. Ella va coudre et apprendre comment fonctionne le camp. Souvent de la manière la plus dure qui soit, mais aussi à travers ses rencontres, Marta la chef de l’atelier, mais prisonnière comme elle, Carla, la Garde à qui elle coud de jolie robe ou encore Lily, la rêveuse Lily, toujours plongée dans ses histoires fantastiques. Et souvent Ella se demandera “Que ferait Marta ?”, ou “Que ferait Lily ?”; pour essayer de prendre la meilleure décision qui soit. Pour sa survie, mais aussi pour garder espoir, et rester elle-même.

L’horreur et l’espoir

Les horreurs s’enchaînent, les morts un peu aussi, souvent en toile de fond, comme si Ella vivait dans une bulle un peu protégée, loin des cheminées qu’elle ne peut pourtant pas ignorer… Et c’est sans doute la plus grande puissance de ce roman : l’espoir ! L’espoir à toutes les pages, même dans la souffrance, même dans les pires situations. Cet espoir qui permet à Ella de tenir au milieu de l’horreur. Le contraste entre ce milieu de la mode, les beaux tissus, les robes de soirées et les conditions de vie dans le camp, les baraquements, les cheminées… c’est fort. Très fort.

“C’est bel et bien un trésor d’ogre, récolté par des ogres modernes, des hommes d’affaires en costumes et uniformes. Au lieu d’un château ou d’un donjon de fées, ils ont construit une usine. Une usine qui transforme les individus en fantômes et leurs biens en profit. Pas moi. Ça ne peut pas m’arriver à moi ! Même si je n’ai plus mon cartable et mon joli pull en laine je suis toujours Ella. Pas question que je sois transformée en fantôme de fumée.”

Le Ruban Rouge est un récit, avec des personnages imaginaires, qui prend le parti de l’espoir, sans cacher l’horreur des camps. Avec Ella on va entendre cette souffrance, mais on va garder l’espoir. Le lecteur est entraîné dans cette lutte pour la survie, dans les année 44-45, avec l’espoir de la libération qui grandit mais ne semble jamais arriver assez vite.

De par la réalité qu’il dénonce, Le ruban rouge est bouleversant. Et pourtant l’espoir qu’il porte, celui de l’amitié, par ce beau lien du ruban rouge, permet d’en faire un roman lumineux. Parce qu’Ella est une adolescente forte et fragile à la fois, parce que les personnages secondaires sont puissants, tant dans leur amitié que dans leur haine. En questionnant le lecteur sur les valeurs de l’être humain, ce roman permet aussi de se dire qu’on ne sait pas comment on réagirait dans cette situation. Ni à la place d’Ella, ni à celle de Marta ou Carla. Difficile de comprendre, de ne pas voir l’horreur, et pourtant cette situation a existé, il y a eu des Ella, des Lily, mais aussi des Marta et des Carla.

Un détail intéressant permet de voir qu’il est facile de donner des étiquettes aux gens, moins facile de savoir ce qu’ils cachent vraiment : Ella prend l’habitude de donner des noms d’animaux aux gens qu’elle rencontre, ce qui permet de voir un peu mieux leur nature profonde, mais parfois le surnom se révèle trompeur, car la première impression n’est pas toujours la bonne.

Si la fin est belle, peut-être un peu trop, elle permet de garder cette notion d’espoir qui transcende le roman, de la sublimer, et d’en faire un espoir plus grand, celui que ce genre de situation ne puisse pas exister à nouveau. Un sentiment renforcé par le tour de passe passe de Lucy Addington : ne jamais donner le nom allemand, ne jamais donner de nom de religion. Comme si tout pouvait être transposé ailleurs, en un autre temps.

Le ruban rouge est un roman bouleversant mais lumineux, qui permet de faire vivre l’horreur des camps à travers la soie et l’espoir.

+ D’autres romans sur la seconde guerre mondiale :

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