Hugo de la nuit

Une nuit d’été – Un enfant – Des fantômes -Un secret…

Hugo de la nuit

Bertrand Santini

Grasset Jeunesse (2016)

Coupe

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Dès le début, dès les toutes premières pages, on sait ce qui va arriver. On le sait, puisqu’on nous le dit clairement. On sait que le personnage principal, le jeune garçon, Hugo, va mourir. On le sait, et pourtant, quand ça arrive, c’est un choc.

Difficile d’en dire plus sans dévoiler l’histoire et ce serait dommage, je n’ai pas le talent de Mr Santini.

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Est-ce un roman ? Un conte ? Ou encore une pièce de théâtre ? Est-ce un rêve ? Un cauchemar ?

Un peu de tout cela à la fois je crois ! Une histoire de meurtres, de fantômes et de zombies… C’est une histoire, ça c’est sûr (non ?), une histoire où rien n’est sûr !

Un roman riche, où l’on trouve plein de “clin d’œils” et une atmosphère qui n’a rien à envier aux films de Tim Burton ou aux romans de Neil Gaiman…

Décidément, les livres de Bertrand Santini, s’ils se suivent, ne se ressemblent pas, mais tous ceux que j’ai lu jusqu’à présent m’ont beaucoup plu ! Il y a tout de même une chose qu’on retrouve à chaque fois, c’est l’humour, même dans les moments les plus terribles…

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Un petit extrait pour vous mettre l’eau à la bouche ? “Hugo aurait dû ressentir de la peur, de la terreur même, à planer au-dessus du monde dans les bras d’un fantôme. L’enfant n’éprouvait pourtant qu’un sentiment d’abandon, tout au plus teinté d’une vague appréhension. Le fantôme le serrait fort contre lui, fort comme un objet précieux.

Un roman que j’ai dévoré et adoré !

Je ne peux que vous conseiller de vous précipiter chez votre libraire toutes affaires cessantes…

Et la couverture de ce roman est vraiment très belle, bravo à l’illustratrice : Julie Rouvière

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En allant sur le site des éditions Grasset, j’ai eu la surprise et la joie d’apprendre que le Yark est en cours d’adaption au cinéma ! Jonas le requin mécanique aussi mais je n’ai pas lu celui-là (pas encore !)

Du même auteur, en plus du Yark (lien plus haut) nous vous avons aussi présenté le très amusant Journal de Gurty (dont on me signale que le tome 2 ne devrait pas tarder à sortir !)

La petite fille en rouge

RougeLa petite fille en rouge

Aaron Frisch & Roberto Innocenti

Gallimard (2013)

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Une actualisation du «Petit Chaperon rouge» de Charles Perrault, mise en scène par Roberto Innocenti dans l’univers minéral et bétonné d’une banlieue contemporaine. (Gallimard)

Prix Sorcières 2014

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Sophia, le petit chaperon rouge de cette histoire, vit avec sa mère et sa sœur  dans une forêt de béton et de briques, une ville. Sa grand-mère n’est pas très en forme et elle aimerait bien un peu de compagnie, oui mais voilà, elle habite de l’autre coté de la ville et pour y arriver, il faut traverser “le bois”, un centre commercial de rêve… Éblouie par la féérie du “bois”, Sophia perd son chemin et se trompe de sortie.

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J’ai trouvé cette version moderne du Petit Chaperon Rouge beaucoup plus effrayante et glaçante que les versions classiques ! Peut-être parce qu’on s’identifie plus facilement aux personnages et aux lieux… Il est indiqué “A partir 8 ans”, et là, pour le coup, il me semble judicieux de respecter l’âge indiqué si vous voulez éviter que vos p’tits bouts fassent des cauchemars !

Les illustrations sont pleines de détails, beaucoup de pub, de tags, de pauvreté et de misère, et tout cela dégage une atmosphère vraiment particulière, que j’ai trouvé très “violente” et vraiment oppressante ! C’est une grande ville quoi, inhumaine, où “Tout le monde vous voit, mais personne ne vous voit”. Une si bonne définition de la ville !!

C’est un album qui m’a pour ainsi dire donné le même frisson que quand on lit un thriller…

Rouge

D’autres avis, d’autres images avec Jérôme, Noukette, Le tiroir à histoires, Blandine, Le bateau livre.

Si avec tout ça, vous n’avez pas compris qu’il faut absolument le lire… ;)

Un illustrateur à suivre !

Le site de l’illustrateur (en italien ou en anglais)

Un article du Monde qui parle du travail d’Innocenti

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Les poulets guerriers

Poulets♥ Les poulets guerriers ♥

Catherine Zarcate & Élodie Balandras

Syros (2011)

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Cet album a gagné le Prix des Incorruptibles (catégorie Maternelle) en 2012/2013.

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La première fois que j’ai vu cet album, j’avoue qu’il ne m’a pas attiré plus que ça. Je suis passée rapidement dessus, sans avoir spécialement envie de l’ouvrir. Mais comme j’avais vraiment besoin d’histoires à lire aux maternelles pendant les TAP, je me suis décidée à le regarder de plus près. Et je n’ai vraiment pas regretté, parce que non seulement j’ai bien rigolé en le lisant, non seulement je me suis bien éclatée à le raconter (je me suis même cassée la voix en chantant la chanson du poussin !!) mais les enfants ont a-do-ré !

L’histoire peut se résumer à : “on a toujours besoin d’un plus petit que soi“. Des poulets guerriers adolescents partent sur le sentier de la guerre. Un poussin insiste pour venir avec eux, mais ils ne veulent pas de lui et font tout pour s’en débarrasser. Heureusement pour eux, ils n’y arriveront pas.

Je me suis vraiment régalée avec cette histoire, pleine d’humour et de tendresse. A lire à voix haute, c’est tout simplement génial ! Et les enfants ont beaucoup aimé les illustrations (moi aussi d’ailleurs !). Elles sont grandes, amusantes, colorées et très expressives (voir la tête du poussin quand il joue de la guitare !)

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Les-poulets-guerriers2

Les poulets guerriers a été librement adapté d’un conte traditionnel africain qui s’appelle “le poussin“.

Le site de la conteuse Catherine Zarcate

Le site de l’illustratrice Élodie Balandras

Écouter Catherine Zarcate conter “Le singe et le crocodile

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♥ Dis-moi si tu souris #Roman Ado

Le récit de Parker, 16 ans, aveugle et orpheline. Un livre touchant mais pétillant !

dis-moi si tu sourisRoman pour adolescents

Dis-moi si tu souris

d’Eric Lindstrom

traduit par Anne Delcourt
Nathan, juin 2016
9782092563274, 16,95€
392 pages

Parker est aveugle depuis un accident de voiture. Son histoire est tragique, et la mort de son père ajoute au drame qui la touche. Pourtant Parker est une jeune fille volontaire, dynamique, qui compte bien dicter ses règles au petit monde qui l’entoure :

Les règles de Parker :
Règle n°1 : Ne jamais me faire de coups bas. Jamais. Encore moins en profitant de ma cécité. Encore moins en public.
Règle n°2 : Ne pas me toucher sans me l’avoir demandé ou, au moins, m’avoir avertie. Je ne le vois pas venir. Je serais toujours surprise et je risquerais de vous faire mal.
[…]
Règle n°4 : Ne pas m’aider tant que je ne le demande pas. Vous ne feriez que le gêner ou m’énerver.
Règle n°5 : Ne pas hausser le ton pour me parler. Je ne suis pas sourde. Vous seriez étonnés du nombre de fois où ça arrive. Si ça ne vous étonne pas, ça devrait.
[…]
Règle n°7 : Ne pas non plus parler à ma place. A personne, même pas à vous amis ni à vos enfants. Rappelez-vous que vous n’êtes pas responsables de moi.
Règle n°8 : Ne pas me traiter comme une gamine ou une demeurée. “Aveugle” ne veut pas dire “handicapé mental”. Pas la peine de me parler lentement ou avec des mots de deux syllabes. Faut-il vraiment que j’explique un truc pareil ?
[…]

Avec Parker, les choses sont claires, directes. Elle ne prend pas de gant pour dire ce qu’elle pense, ce qui lui vaut même une certaine réputation au lycée. Pourtant cette rentrée est particulière, et les choses ne vont pas se dérouler tout à fait comme prévu.

Elle change de binôme, de famille, de repères… mais elle reste tranchante ! Et surtout, pas question qu’elle arrête de courir, seule, tous les matins. Elle pourrait même rejoindre l’équipe du lycée ?

Dis-moi si tu souris est un roman qui permet de mettre en avant les ressentis d’une jeune aveugle, mais c’est surtout un vrai récit d’adolescence, avec histoires d’amour, d’amitié et de rancoeur. Un roman vif, qui permet un très beau moment de lecture, entre émotion et rire. Parker est l’héroïne parfaite, on s’attache, forcément…. et pourtant on a souvent envie de lui faire ouvrir les yeux (sans mauvais jeux de mots)! Le temps d’un roman, on partage ses baskets, grâce à la narration à la première personne, et on avance, les yeux mi-clos, dans son monde. On retient à grande peine ses larmes, mais on rit et on aime aussi avec elle. Au fil des pages on va la voir évoluer, se remettre en question, grandir et prendre conscience des autres.

Autour de Parker, de rares adultes, vraiment relégués dans un rôle très secondaire, mais d’autres adolescents. Ses meilleures amies, avec leurs propres histoires et défaut. Sa nouvelle binôme. Sa cousine, avec qui elle habite maintenant. Le charmant vendeur de chaussures qui se révèle être aussi un élève du lycée. Et puis Scott. Son ex meilleur ami, son pire ennemi…

Si le côté adolescent n’a rien de bien original, notre héroïne si particulière, avec sa volonté d’avancer dans la vie malgré sa cécité, rend Dis-moi si tu souris réellement à part, touchant, pétillant de vie ! A partager pour de jolis moments et une belle vision de ce handicap qu’est la cécité.

+ une bande annonce

+ Challenge YA#5