Extrait : « Ce matin, j’ai trouvé papa dans le lave-vaisselle.
En entrant dans la cuisine, j’ai vu le panier en plastique sur le sol, avec le reste de la vaisselle d’hier soir. J’ai ouvert le lave-vaisselle, papa était dedans. Il m’a regardé comme le chien de la voisine du dessous quand il fait pipi dans les escaliers. Il était tout replié sur lui-même. Et je ne sais pas comment il a pu rentrer dedans : il est grand mon papa. »
Simon, neuf ans, vit avec son père Paul et sa mère Carole dans un vaste appartement parisien.
– Présentation censurée, elle en dit trop à mon goût, j’aime les surprises, pas vous ? –
Sous ce titre un peu enfantin se cache un roman difficile et délicat.
Simon a neuf ans et peur des monstres dans le placard lorsqu’il découvre son père caché dans le lave-vaisselle. Il n’apelle pas sa mère Carole, qui travaille au pays des kangourous mais Lola, sa grand mère. Cette femme encore jeune et délurée va prendre en charge Simon pendant que son père part “se reposer” à l’hopital.
Cette histoire assez dérangeante est pourtant bien ancrée dans la réalité. Elle nous est racontée par Simon, avec son regard d’enfant et on sent qu’il peine, qu’il n’arrive pas à dire l’absence de la mère, devenue une habitude, l’incapacité du père à être là, ni les secrets de tout ces adultes qui l’entourent. Simon garde pourtant une certaine joie de vivre et cache ses peines. Il fait des moindres moment de joie une force et son caractère est étonnant. Pourtant on ressent ses faiblesses dans les rêves qu’il fait les yeux fermés mais dont il ne parle pas et dans sa rencontre avec Lily. Enfant fantomatique des couloirs d’hopitaux, Lily avec ses mots d’enfants saura expliquer la dépression et permettre peu à peu à la vérité d’éclore.
J’ai apprécié ce roman, son thème délicat vu par les yeux d’une enfant mais j’ai eu un peu de mal à commencer ma lecture. Des phrases courtes, sans doute pour coller au personnage de Simon mais des mots et d’idées d’adultes m’ont tout d’abord freiné, moi et mes habitudes de la littérature jeunesse. Mais Simon est un personnage vraiment intéressant et j’ai fini par m’attacher. J’ai eu du mal à lui donner un âge tant on dirait à certaines pages qu’il a 6 ans (les monstres ou le père noel par exemple) et à d’autres 15 ans (notamment quand il parle de sa mère, tant il met de la distance). Ce n’est finalement que quand la situation évolue qu’il retrouve son âge, ses 10 ans, son enfance.
Les autres personnages sont eux aussi intéressants, drôles souvent dans leur attitudes ou manies (ah les amis de Lola…) mais c’est surtout Lily qui m’a plu. Et touchée. Mystérieuse, évanescente… une telle aide pour Simon et pourtant c’est elle qu’on a envie d’aider. J’étais restée cependant sur mon image fantomatique et la postface ainsi que la présentation du livre m’ont appris à mieux la connaître… étrange non?
Un roman très touchant aux personnages un peu irréels qui nous entraînent dans un monde entre folie et réalité, enfance et maturité.
Roman adulte
(mais tout à fait accessible pour les adolescents dès 14 ans je pense!)
Lu en version numérique
Jacqueline Chambon Editions
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire.
Quelle belle histoire que celle ci! Au coeur de l’Amérique raciste, les nègres sont esclaves et les blanches ne font rien si ce n’est pavoiser et se réunir entre elles. Cette histoire, on a beau la connaître, l’avoir déjà croisée dans des livres ou des films, jamais le point de vue adopté n’a été pour moi aussi touchant que celui ci.
Nous alternons les points de vue entre Skeeter, Aibileen et Minny et cela permet de créer un récit vraiment vivant. Nous suivons toutes ces histoires qui se croisent et se mêlent, nous apprenons à connaître toute cette petite communauté, dans leur pire côté comme dans leurs meilleurs. Je me suis plongée dans ce livre et j’ai eu l’impression d’être vraiment au coeur du Mississippi avec ces femmes hors du commun ! Même si certains passages ne m’ont pas tout à fait autant intéressé, comme l’histoire d’amour de Skeeler, je me suis vraiment attachée à ces femmes et ces enfants. Minny est d’ailleurs ma préféré avec son caractère, elle ne fait pas les choses à moitié et elle nous présente d’une façon très touchante l’histoire de Miss Célia.
Skeeter a un rôle dynamisant dans ce livre, elle est le déclencheur grâce à Constantine, son ancienne bonne, et son envie de faire du journalisme, mais ce n’est pas un personnage qui m’a vraiment touché. Je n’ai pas réussi à m’attacher à son histoire personnelle, ni à celle de sa famille. Seule Constantine relève un peu son histoire. Mais rien de bien grave puisque c’est avant tout l’histoire du livre qu’elle écrit avec Aibileen et Minny qui est au centre du roman, ainsi que sa façon d’être avec ses “amies blanches”.
Un très beau roman, à l’écriture dynamique et pourtant posée qui m’a vraiment touché. On ressort grandi d’une telle histoire !
Et le film ?
Je suis souvent déçue par les films tirés de roman que j’ai aimé, car j’ai mon imaginaire, mes attentes… Etrangement ici j’ai beaucoup apprécié l’ensemble, notamment les actrices! Emma Stone m’a presque réconciliée avec Skeeter, et Octavia Spencer est terrible (en bien!), juste comme je me l’imaginais. L’ambiance du livre est bien rendue même s’il manque pas mal de détails (certains dont on se passe bien d’autres qui m’ont un peu manqué, notamment des scènes avec la petite fille…).
Le décor permet vraiment de s’immerger dans cette histoire et cette période, de mieux vivre de l’intérieur certaines situations. Les toilettes notamment (oui bon il faut lire le livre pour comprendre l’importance des toilettes…) et certaines histoires sont mieux mises en valeur.
Par contre il est certain que l’alternance de point de vue est beaucoup moins riche que dans le livre où l’on pouvait se permettre d’être un peu moins linéaire dans le récit, mais cela n’enlève rien à la portée émotionnelle de l’histoire, où l’on alterne entre fascination et révolte.
Au final un très bon film, pétillant de vie, d’amour et d’humour, qui sait rendre l’essentiel du livre en lui apportant quelques petits plus. Une belle réussite qui mérite largement ses nombreux spectateurs, ses 4 nominations aux Oscar (ainsi que ses prix littéraires d’ailleurs!)
Vous avez raté ce film lors de son passage au cinéma ? Rassurez vous le DVD et le Blu Ray sortent le 29 février (ainsi qu’en VOD d’ailleurs!), une belle occasion de voir ce film!
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule je vous propose aussi de gagner ce DVD ici même, là tout de suite (ou presque!)
A gagner :
2 DVD du film La couleur des sentiments / The Help
1 tablier aux couleurs du film
Comment participer :
1/ Laisser un commentaire sous cet article indiquant :
– si vous avez lu le livre ou vu le film votre personnage préféré et pourquoi
– si vous ne l’avez pas lu/vu celui vous inspire le plus après ma présentation (ou d’autres que vous avez pu lire / voir)
2/ compléter les champs de ce logiciel (en anglais mais toutes les traductions et explications pour jouer se trouvent dans cet article et n’hésitez pas à me demander si vous rencontrer le moindre soucis). Vous pouvez cumuler des chances supplémentaires en suivant les instructions du formulaire, n’hésitez pas.
Règlement : Concours ouvert aux personnes majeures (ou avec autorisation parentale pour les mineurs) – France Métropolitaine – du 8 février au 16 février 2012. Concours organisé via le logiciel Rafflecopter, qui enregistre les participations et effectue aussi le tirage au sort (aucun enregistrement de vos données n’est effectué autre que pour ce jeu concours). Jeu concours réalisé en partenariat avec Way To Blue (merci!)
Délicat tirage au sort, car beaucoup n’ont pas suivi les consignes. Certains ont donc commenté sans remplir le formulaire, d’autre l’inverse… je vais essayer de trouver plus simple pour les prochains concours, mais j’ai ici privilégié les gens ayant tout fait comme il faut… (il m’a fallu tiré 7 noms :/)
Robert Laffont, 2012 Collection R, 447 pages
9782221127025, 17€90
Jeremy, jeune homme de 23 ans, est sauvagement assassiné.
En devenant un Ange, il réalise que la lutte pour survivre n’est pas terminée et qu’il peut aussi mourir dans ce nouvel univers. En effet, pour ne pas disparaître, tout Ange doit se nourrir de sentiments humains. Et Jeremy va bientôt découvrir avec effroi qu’il doit même les provoquer ! Provoquer la haine, l’amour, la joie, la tristesse, la peur, la compassion… Seules les émotions fortes peuvent rassasier les Anges, colorant leur peau en bleu pour les émotions positives, en rouge pour les négatives.
Recherchant la raison pour laquelle il a été tué, Jeremy piste alors Allison, une vivante de 20 ans, témoin involontaire de son exécution.
Robert Laffont a lancé en janvier une nouvelle collection, sobrement nommé R, pour les romans YA, jeunes adultes. Une collection qui commence très fort avec La couleur de l’âme des anges, mais les autres titres sont aussi très alléchants (Lena les présente tous ici).
Sophie Audouin Mamikonian vous en avez surement déjà entendu parler, elle a signé la série Tara Duncan, un vrai succès. Ses lecteurs ont grandis, ses personnages aussi, et c’est ici un titre plus mature qu’elle nous livre. Jérémy et Allison, les héros de ce roman, sont deux jeunes adultes auquel on peut en partie s’identifier, dans tous les cas s’attacher.
L’originalité du thème est ce qui m’a vraiment accroché dès le début. En effet dans ce roman nous vivons dans un monde à côté, celui dans lequel les morts vivent. Un monde où il n’est pas nécessaire de se nourrir comme nous l’entendons, mais dans lequel les anges vivent grâce aux sentiments humains. Chaque sentiment est représenté par une brume de couleur. Très manichéen nous retrouvons donc les bons sentiments dans les bleus, et les mauvais dans les rouges. Un peu facile bien sûr mais l’ensemble est bien mené et l’intrigue ne s’arrête pas à la présentation de ses sentiments humains puisque c’est une véritable enquête qui se déroule sous nos yeux. Contrairement à Laure ses couleurs ne m’ont pas semblé politique, mais son commentaire dans son article m’a quand même interrogé. (D’ailleurs si vous voulez en savoir plus sur l’histoire, les couleurs… elle vous explique tout ça très bien!)
J’ai beaucoup aimé le début du roman, toutes les présentations de monde, de personnages, la découverte. Ensuite l’intrigue prend le pas. Certains personnages m’ont horripilés (et je crois que c’est fait pour!) mais j’ai vraiment adoré l’idée de faire se rencontrer nos jeunes héros et des personnages connus comme Einstein et Galilée. Bon d’accord c’est peut être un peu attendu, mais c’est sympa et cela permet de faire quelques clins d’oeil à l’histoire. Et puis c’est aussi plein de petits détails de notre monde qui sont mis en relief et nous apparaissent différemment : maux de tête, acouphène, brusque changement d’humeur, voir même décision politique étrange, tout cela trouve une explication dans ce monde des anges…
Là où l’on sent que les lecteurs de Tara Duncan ont grandi c’est qu’ici c’est la petite soeur qui lit Tara Duncan (mouaif d’ailleurs…) pendant que les grands s’envoient en l’air. Dans tous les sens du terme d’ailleurs, en bien écrit tout de même, on est pas chez Harlequin!
L’ensemble est entraînant et l’histoire nous porte d’un bout à l’autre du roman avec quelques rebondissements bien placés et des pauses qui ne sont pas de trop pour souffler un peu. Un rythme qui nous plonge dans des brumes obscures et délicieuses et une demi fin seulement puisqu’un tome 2 nous attend (mais on ne s’arrête pas au milieu d’une phrase, c’est appréciable).
+ Le site du livre, avec des goodies comme par exemple des images sentiments :
Editions 2 vives voix
Collection Bisous de famille
Thèmes : Seconde guerre mondiale, famille, bonheur, et si…
La journée aurait dû commencer très simplement.
Les volets se seraient ouverts.
On aurait humé l’air, du haut des balcons.
On aurait enfilé les jupes et les caleçons…
préparé la chicorée.
On se serait disputé, ou embrassé.
Mais le 9 juin 1944, un compte à rebours avait débuté quelque part.
Cet album pour enfants est construit autour d’un et si… Vous savez celui qui permet de mettre Paris en bouteille ?!
Ici c’est la fin de la seconde guerre mondiale et l’auteur imagine deux possibilités parallèles :
d’un côté la vie, le bonheur, une famille qui s’agrandit
de l’autre la guerre, les allemands qui décident de faire le ménage…
Des pages colorées, du texte inclus dans des illustrations pleine page pour tout le côté bonheur. Des pages blanches, des illustrations sombres, terribles pour les atrocités. Des mots simples, des situations tout aussi simples et pourtant des mots durs, des situations tragiques. On se prend dans cette histoire, on a envie de rester sur les belles illustrations, de sauter une page sur deux…
Raconté par un enfant, le ton est poignant et malheureusement c’est une histoire réelle mais peu connue, sauf en Corrèze.
Un bel album avec des illustrations réalistes et texturées, un monde et une histoire à redécouvrir, pour ne pas oublier. Mon seul regret la présentation de début de livre, qui nous dit que cette histoire est un peu fausse, puisque l’enfant est né. Je pense que ce passage aurait plus sa place à la fin, avec la post face documentée très intéressante, car elle risque de décontenancé les jeunes lecteurs qui vont devoir déjà naviguer entre cette histoire et son et si… Cet album fait suite à un travail de recherche, de témoignage, et cela se sent.
Assez difficile de thème cet album est conseillé à partir de 10 ans, je pense en effet qu’en CM2, au moment où le programme d’histoire aborde ce thème, c’est le bon moment pour le lire. Mais en collège aussi car les illustrations ne font pas du tout pour petit et que cette histoire peut intriguer et lancer un débat intéressant.
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