Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan

Rien ne s’oppose à la nuit

de Delphine de Vigan

Roman de la rentrée littéraire 2011

JC Lattès, 2011
9782709635790, 19€, 436 pages

 

Présentation de l’éditeur :
Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre.
Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence.

Mon avis :

Quelle claque que ce roman de Delphine de Vigan! Alors que le thème peut paraître vu et revu, puisqu’elle y raconte sa mère, je me suis laissée totalement emporter dans ce livre.

Bon commençons d’abord pas les points négatifs, il y en a peu, ça sera fait!
J’ai eu beaucoup de mal dans la première partie du livre avec les interventions de Delphine de Vigan, ses états âmes pendant l’écriture, ses recherches… Dans la première partie, on suit l’enfance de sa mère, et je me suis tout de suite attachée à cette petite fille, j’étais donc déçue de revenir “à la réalité” de l’auteur… Par la suite l’intervention de l’auteur et le changement de point de vue ont fait que le tout tourné bien ensemble, et que je n’aurais pas vu l’un sans l’autre.
Pourtant un long passage m’a paru plus obscure et m’a moins intéressé, une période de la vie de la mère de l’auteure plus troublée. Si dans la première partie Delphine de Vigan ne fait que raconter ce qu’on lui a appris, dans la deuxième partie ses propres souvenirs se mêlent, et c’est terriblement plus délicat… Pourtant ensuite dans une troisième partie en quelque sorte, l’ensemble bien que toujours troublé se révèle plus clair pour le lecteur. On sent que l’auteur nous livre ses souvenirs d’adulte, avec plus de recul…

Ce qui m’a plu c’est justement ce retour de l’auteur sur la vie de sa mère. Ce travail sur elle même, ce travail pour sa famille, et puis la vérité, sa vérité, qu’elle nous dévoile peu à peu! Les mots sonnent juste et on se laisse totalement prendre dans cette histoire. Totalement. Trop peut être même, car sans trop s’en rendre compte on compare forcément avec sa propre histoire… et c’est peut être pour cela, ou peut être pas, mais j’ai tellement pleuré à la fin de ce livre que j’ai bien pensé que jamais je ne serai capable d’écrire un billet. J’ai d’ailleurs attendu une semaine. Est-ce plus facile ? Non, mais le recul permet de ne plus mélanger histoire de l’auteur et histoire personnelle.

La partie sur l’enfance, la plus tendre et la plus légère, permet d’entrer dans le roman en douceur, de connaître et d’apprécier les personnages principaux et d’avancer vers une fin inexorable, qu’on connaît dès les premières pages. L’auteur nous entraine dans sa quête, et nous ne pouvons pas nous empêcher de chercher nous aussi le pourquoi de cette conclusion… Lucile (ainsi nommée dans le livre en tout cas), sa mère, nous apprenons à la connaître et si la quête semble vaine tant la conclusion est inéluctable, c’est avec beaucoup de pudeur que Delphine de Vigan nous livre sa vérité, dans un livre qui est pour moi un véritable hommage, parce qu’il ne cherche pas à plaire, juste à dire la vérité, dans ce quelle a de plus troublant, de plus dérangeant.

Dans ces lignes nous suivons Lucile mais c’est aussi l’auteur que nous apprenons à découvrir autrement, à lire ou relire autrement aussi, puisqu’elle nous y parle parfois de ses livres… Ainsi que l’on connaisse ou non l’auteure, ce livre est une belle perle de cette rentrée littéraire, qui donne envie de dire Je t’aime un peu plus…

Extrait :
“J’écris ce livre parce que j’ai la force aujourd’hui de m’arrêter sur ce qui me traverse et parfois m’envahit, parce que je veux savoir ce que je transmets, par ce que je veux cesser d’avoir peur qu’il nous arrive quelque chose comme si nous vivions sous l’emprise d’une malédiction, pouvoir profiter de ma chance, de mon énergie, de ma joie, sans penser que quelque chose de terrible va nous anéantir et que la douleur, toujours, nous attendra dans l’ombre.”

 

+ Le site de l’éditeur
+ Les avis de Antoine et ViolaineCanel, Chocolat, Clara, Leiloona, Mango, Sophie, …

 

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

N’ayez pas peur nous sommes là de Janine Boissard

N’ayez pas peur nous sommes là

de Janine Boissard

Roman pour adulte (femmes)

Flammarion, mars 2011
331 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-0812-4706-2

Thèmes : Amour, Famille, Pompier, Secours

Présentation de l’éditeur :

Elle s’appelle Ninon Montoire, a trente ans, est sapeur-pompier.
Accidents de la route, bus scolaire en perdition, secours d’urgence aux blessés, aide aux personnes esseulées, risques de pollution, feux difficiles à maîtriser… dans son métier tout peut arriver. Jour et nuit, durant ses gardes à la caserne, elle se bat, parfois au péril de sa vie, pour tous ceux que frappent le malheur, la maladie, l’adversité, s’efforçant de maintenir la petite flamme de l’espoir, quelle que soit la gravité de la situation.
“L’espoir, dit-elle, un pompier n’a que ce mot au cœur.” A la maison, les jours de repos, elle trouve avec Sophie, cinq ans, sa petite fille, gaieté et tendresse. Et avec Agnès, sa mère, douceur et compréhension. L’amour ? Ninon a décidé de ne plus y croire. Mais le “soldat du feu” ne se doute pas que, bientôt, il l’embrasera à nouveau. Cet incendie-là sera-t-il le plus dur à maîtriser ?

Mon avis :

Voici un nouveau bon roman de Janine Boissard ! Janine Boissard, c’est une auteure prolifique de roman d’amour mais sans tomber dans le roman facile et reprenant toujours les mêmes recettes… J’ai lu plusieurs de ces romans, toujours avec plaisir en fait, parce que c’est bien mené, que les personnages sont toujours sympathiques à suivre, et que ce sont des livres qu’on se prête de mère en fille. Après Sois un homme papa et Loup y es tu (et beaucoup d’autres qui ne sont pas sur mon blog) voici le premier que ma grand-mère ne lira pas avec nous… Je suis pourtant sûre qu’elle aurait apprécié cette plongée dans le monde des pompiers !

En effet Janine Boissard crée des livres vivants en renouvelant toujours ses personnages. Ici c’est Ninon Montoire que l’on suit, et avec elle toute l’équipe de pompier dont elle fait partie. Après un accident sur la départementale entre Tours et Loches où Ninon sauve Paul, le fils d’un médecin connu, plus rien ne sera fait pareil. Article de journal “L’ange de la Départementale 943”, et surtout rencontre avec un journaliste, le journaliste, William Launay. Les hommes sont nombreux autour de Ninon, qu’ils soient présents ou absents ils jouent tous un rôle important dans sa vie, dans son histoire. Ce roman est celui d’une histoire d’amour donc, avec un trio amoureux, mais surtout ce sont les “aventures” d’une brigade de soldat du feu. Des faits divers, des personnages que l’on ne fait que croiser, mais beaucoup de gens vraiment touchants et attachants, pour un roman tendre et émouvant.

Ce n’est pas mon Janine Boissard préféré cependant, j’aime un peu plus de suspense comme dans Loup y-es-tu, mais c’est comme toujours un plaisir. J’ai vécu pour un temps hors du temps avec Ninon, sa petite si mignonne, et ceux qui les entoure. Un détour par la plage entre deux incendies, pour des moments vraiment poétiques dans ces pages ! Une lecture agréable pour décompresser, relativiser aussi, et pleurer parfois…

Un roman lu en mars, pour un avis qui aura tarder à venir, mes excuses à toute l’équipe de Gilles Paris, qui doit parfois s’arracher les cheveux avec moi ^^

D’autres avis : Stef, Françoise B., Catherine, Martine et Madame Yv plus sceptique.

Défi La Plume au féminin A/4

par Opaline

Danbe d’Aya Cissoko et Marie Desplechin

Danbe

d’Aya Cissoko et Marie Desplechin

Roman adolescents / adulte

Calmann-Lévy, février 2011
9782702141755, 15€

Thèmes : Immigration, Intégration, Boxe, Volonté, Famille

Une petite fille immigrée grandie heureuse à Ménilmontant, frappée par une série de deuils familiaux, devient championne de boxe puis étudiante à Sciences Po : le parcours hors du commun d’Aya, raconté avec force et justesse par Marie Desplechin.
Danbé est le résultat d’une longue conversation entre Aya Cissoko et Marie Desplechin. Quand elles se sont rencontrées chez des amis communs, le projet d’écrire une « vie d’Aya » était déjà ancien ; Aya en avait posé les grandes lignes sur le papier. Il pouvait sembler curieux, voire prématuré, de se lancer dans un récit autobiographique, quand son auteur avait tout juste une petite trentaine d’années.
Mais son destin à la fois exemplaire et particulier justifiait la démarche. Fille de parents maliens venus d’un village pour s’installer à Paris, Aya connaît les conditions de vie difficiles d’une famille pauvre et déracinée.

Mon avis
Cette autobiographie est menée de mains de maître par Aya Cissoko et Marie Desplechin. J’avoue bien volontiers que c’est le nom de Marie Desplechin, auteur jeunesse que j’affectionne, qui m’a poussé vers ce livre. Je ne connaissais pas du tout Aya Cissoko… et tant mieux finalement, car j’ai pu découvrir son histoire petit à petit, au fil des lignes. Je suis entrée tout entière dans ce récit, j’ai eu peur, j’ai eu les larmes aux yeux, le sourire aux lèvres, envie de crier… mais surtout l’envie de tourner les pages, de continuer à découvrir ce destin si particulier, tellement plein de force et de dignité.
Un parcours exemplaire ? Pas vraiment en fait, et je ne le souhaite à personne, sauf que ce sont ces épreuves qui ont fait d’Aya Cissoko une femme aux talents multiples…

Dans ce livre nous découvrons la France, et Paris, sous les yeux d’une petite fille, puis d’une adolescente qui n’a pas choisi de vivre là où elle vit, mais qui s’y adapte. Alors non ce n’est pas un roman sur les “quartiers”, pas vraiment, mais ce qui y est évoqué est intéressant, car même dans les situations dramatiques, il y a des lueurs d’espoir. “L’avantage” d’une autobiographie contrairement à un roman, c’est qu’on ne peut rien épargner au personnage principal… Même si ce récit est celui d’une réussite, multiple d’ailleurs, ce n’est pas que cela, il y a aussi les trous noirs, les difficultés, la pauvreté, la mort… Le tout est superbement maitrisé, car on ne tombe jamais dans le pathos. Un témoignage admirable d’une jeune femme qui continue d’avancer, et de réussir!

Alors un grand bravo à Aya tout d’abord, pour cette force, cette leçon de vie, et ses réussites… et mes félicitations à Marie Desplechin aussi, qui a prêté sa plume et son talent à ce récit! Une autobiographie qui est à lire, à transmettre, et à faire lire, notamment aux adolescents, mais pas que!

Une rencontre a eu lieu à Paris, certains adolescents vont avoir la chance des les rencontrer (c’est ça aussi d’avoir 2 supers nanas comme profs :)
L’avis plus qu’enthousiaste de Stephie, qui a en plus assisté à la rencontre parisienne. Mais aussi les avis de Noukette, Constance93, et Chiffonnette !

Extrait :
” Grandir enfant français de parents africains donne un regard particulier sur l’Histoire, un regard ironique, un peu méfiant. Je ne sais pas si l’Afrique a un problème avec l’Histoire. Mais je suis à la bonne place pour constater que l’Histoire a un problème avec l’Afrique.”

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

Quand j’étais déesse d’Irène Cohen Janca

Quand j’étais déesse

d’Irène Cohen Janca

Roman jeunesse, adolescents

Rouergue, janvier 2011
Dacodac
9782812601934, 7€

Thèmes : Déesse, Népal, Kumari, Famille, Amitié

“A quatre ans Rashmila est si belle qu’elle est élue déesse vivante du Népal. Un jour, elle est chassée brutalement du palais et renvoyée chez ses parents, des petits artisans. Rashmila, pourquoi n’es-tu plus la Kumari royale ? Quel est ton secret ?”

Mon avis :
J’ai lu ce roman plusieurs fois. Et plusieurs fois à haute voix. J’ai donc un regard assez particulier sur ce livre, et je connais aussi la réaction des élèves de 6ème face à cette histoire.
A ma première lecture je l’ai trouvé vraiment facile, et manquant cruellement de profondeur, voire parfois d’explication. J’aurais voulu plus d’informations sur le Népal, sur les Kumari, la vie quotidienne, les fêtes. Il y a certaines choses, il y a même une légende, mais cela semble un peu survolée. Par ailleurs les personnages sont assez peu détaillés, surtout les personnages secondaires. L’ensemble cependant est sympathique.

Sauf que voilà, mes élèves ne ressentent pas du tout ces manques! Ils apprécient cette histoire pour ce qu’elle est, sans trop se poser de question. Quelques rires à cause des nom des personnages ou des lieux, mais ils accrochent bien et attendent vraiment la fin avec impatience !

Alors c’est certainement un roman adapté à son public, qui fonctionne bien, et qui donne quand même des bases sur le Népal qui pourront donner au plus curieux l’envie de faire des recherches (comme moi!)

Quelques infos du coup sur les Kumari :
Ce sont des jeunes filles hindouistes, qui répondent à une série de critères physiques. Elles deviennent Kumari vers l’âge de 3 – 4 ans, et le reste jusqu’à leurs premières règles – c’est ce point qui me pose problème dans le livre, car il n’est pas évoqué, et cela parait bizarre vu l’âge supposé de la jeune fille… –

Ces jeunes filles bénéficient aussi, depuis peu, d’une éducation, mais les autres règles demeurent : elles sont vénérées, ne doivent pas poser le pied au sol, ne montrent pas leurs émotions…

Un article de libération sur la Kumari actuelle.

Attention l’article de Wikipedia sur le sujet me semble donner par mal de fausses informations… à vérifier par un spécialiste donc!

Photo : nepal-trek.com