Madame Diogène – Aurélien Delsaux #RL2014

Madame Diogène Rentrée littérairePremier Roman

Rentrée Littéraire 2014

Madame Diogène

d’Aurélien Delsaux

Albin Michel, 2014
sortie 21 août
9782226258274, 13,50€

Madame Diogène c’est une vieille femme. Madame Diogène c’est une voisine dont plus personne ne veut. Madame Diogène c’est la folie incarnée, et pourtant son regard sur le monde est aiguisé ! Ce “Elle” que met en scène Aurélien Delsaux dans ce premier roman est un personnage incroyable, dans tous les sens du terme ! Cette vieille femme vit enfermée dans son appartement, transformé en terrier. Au fil des jours, elle a accumulé au sol tout ce qui a constitué sa vie, et vit maintenant sur les décombres d’un monde qu’elle n’accepte plus, sans jamais sortir.

Lire ce court premier roman, c’est plonger dans un univers très particulier, celui de cette femme, touchante dans sa folie, mais c’est aussi découvrir une vision différente du monde. A travers les différents personnages qui gravitent autour de Madame Diogène, voisins, nièce, assistante sociale, facteur, mais surtout avec tout ce qu’elle a observé dans sa vie et continue d’analyser par sa fenêtre. Car si sa folie ne laisse aucun doute, c’est surtout la solitude de cette femme qui touche, on sent dans ses souvenirs impromptus comme la descente a été longue et rapide à la fois, fastidieuse, liée à son isolement.

Rien que quelques heures dans la vie de cette femme et pourtant de bribes de souvenirs en interventions extérieures, on devine ce monde qui se résume à un appartement, à quelques pièces et une fente qui permet de voir encore le boulevard. Un roman qui choque par la déchéance complète de cette femme, qui fait ses besoins là où elle se trouve, mange les restes moisis au milieu des souris, cafards et autres insectes, cherche un chat…

Impossible de s’imaginer à la place de cette femme, sa décrépitude est trop loin de ce que l’on peut envisager. Une narration à la première personne aurait peut être permis une vision différente de cette femme dont on a bien du mal à décrypter les sentiments, pourtant cette distance est aussi salvatrice !

140 pages pour découvrir cette femme, c’est beaucoup tant son monde se réduit au minimum et pourtant, c’est peu tant son regard incite à découvrir les autres autrement. Un premier roman magistralement mené qui ouvre une porte différente sur la folie. La narration soigneusement rythmée permet de plonger dans un univers hallucinant. Ce roman d’Aurélien Delsaux va sans doute toucher de nombreux lecteurs, en choquer d’autres, mais il y a peu de chance qu’il laisse le lecteur indifférent !

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Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

A la folie – Brigitte Lorentzen

roman fantastique pour adolescents

A la folie

de Brigitte Lorentzen

traduit par Hélène Hervieu

Bayard jeunesse, 2013
Millezime, 284 pages
9782747035729, 12,50€

***

Thèmes : Fantôme, Folie, Seconde guerre mondiale, Différence

***

            Luisa n’arrive plus à dormir. Chaque nuit elle reçoit la visite d’une petite fille qui semble lui demander de l’aide et affole sa perruche. Un cauchemar sans doute, pourtant quand à la cantine Thomas, un garçon de la classe P lui parle lui aussi de cette petite fille qui semble la suivre en permanence, elle fini par douter.

           La classe P c’est la classe des fous, des inadaptés. Une classe un peu étrange dont personne ne s’approche, surtout pas Luisa. Pourtant elle va peu à peu discuter avec Thomas, le seul qui ne la prenne pas pour une folle quand elle parle de fantôme.

Le doute est présent à toutes les étapes de l’histoire pour la narratrice qui n’arrive pas, tout comme le lecteur, à se persuader de l’existence des fantômes.

Ce roman est à la fois troublant et plein de poésie. Il offre une aventure qui ne se contente pas de l’action pour proposer de nombreuses phases de réflexions et un contexte historique intéressant… et poignant. Les rapports entre Luisa et Thomas, ce garçon un peu fou, sont à la fois touchant et inquiétant tant Thomas semble sombrer de plus en plus dans la folie.

Une belle lecture qui offre à la fois peur, amour, aventure, histoire… un mélange envoûtant et en plus une superbe couverture!

+ Challenge YA#3 

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

Idiopathie de Sam Byers {RL2013}

 Premier Roman
Rentrée Littéraire 2013

Idiopathie

de Sam Byers

traduit de l’anglais
par Nicolas Richard

Seuil, août 2013
9782021099867, 21,50€

 

Katherine n’aime personne. Même pas elle même. Elle a tiré un trait sur le bonheur. Daniel lui semble heureux, avec sa jolie compagne. Pourtant il a bien du mal à y croire. Quand Nathan revient après plus d’un an d’absence, Katherine et Daniel, ses anciens amis, sont bien obligés de se parler de nouveau.
Une comédie anglaise sur fond d’épidémie bovine étrange. Si même les vaches se mettent à déprimer, cela en dit long sur la société.

Ces personnages et notamment Katherine sont enfermés dans un narcissisme qui les pousse à ne croire en personne, à ne supporter personne. Un aperçu de la société nombriliste dans laquelle nous vivons. Les personnages sont finalement détestables aussi pour le lecteur, bien qu’on finisse par plaindre Katherine. Ils s’enferment eux même dans leur malheur et ne cherche pas de portes de sorties. Seul Nathan semble avoir grandi, être prêt à devenir adulte. Le brin d’humour distillé par Sam Byers semble constant pourtant, peut être est-ce le fait de la traduction ou de la différence de culture, on sourit peu dans ce roman, s’enfonçant plutôt dans une noirceur assez prenante qui n’est finalement relevée que par les coups de gueule de Katherine.

L’utilisation de la vache comme symbole de la chute d’une société est particulièrement bien vu étant donné les multiples scandales alimentaires qui rythment les informations. L’idiopathie, cette étrange maladie qui apparaît spontanément ou dont la cause est inconnue, devient ici le signe de la déchéance.

Malheureusement si les idées sont là le roman se traîne en longueur sans grande surprise et le grand final, la réunion des trois amis, arrive un peu trop tard dans l’intrigue pour relever le sentiment général.

Un roman intéressant par certains aspects mais avec un sentiment de déjà-vu et un négativisme trop constant.

Lu en juin dans le cadre de l’opération On vous lit tout !

Un week end en famille – François Marchand {RL2012}

Roman adulte – Rentrée Littéraire 2012

Un week end en famille

de François Marchand

Cherche Midi, 23 août 2012
 978-2-7491-2437-7, 13€ 

Faire la connaissance de ses beaux-parents n’est jamais chose facile. Surtout s’ils habitent en Samouse, région que le jeune marié va apprendre à connaître le temps d’un week-end interminable.
Dès le vendredi soir, il lui est évident que cela se passera mal. Mais jusqu’à quel point ? Et l’impulsivité dont il fera preuve est-elle due à son état psychologique déjà bien dégradé ou à la rencontre de plein fouet avec cette diabolique région ?
Son objectif de départ – limiter les dégâts – finira par faire place à une exaltation mystique qui culminera le dimanche, jour du Seigneur.

Un roman désopilant, un jeu de massacre permanent où tous les mauvais sentiments sont mis à l’honneur.

 Quel étrange roman que celui ci! Très court mais complètement déjanté! 

Notre narrateur nous raconte son week end en famille, dans la belle famille bien sûr, et comment tout a mal tourné. Dès le début il faut bien avouer qu’il n’est pas enchanté d’être là, mais la suite du week end est une véritable descente en enfer difficilement imaginable ! Le pire c’est qu’on se laisse prendre dans l’histoire nous aussi, on découvre avec lui cette famille, on sourit à certaines situations de la vie quotidienne dont l’auteur se moque (j’ai adoré le passage sur Ikea!), et on se retrouve au coeur de l’horreur!

Si la critique de la société sous jacente à l’ensemble du livre m’a d’abord paru convainquante, j’avoue que je me suis lassée, je l’ai trouvé trop forte, trop méchante, sans grande réalité finalement. Exacerber les défauts est intéressant mais il faut savoir s’arrêter à temps et je trouve que François Marchand est souvent allé trop loin dans ce récit. Je ne suis pas fan de l’humour noir en général il faut bien l’avouer, et c’est là la spécialité de l’auteur… J’ai pourtant trouvé certains passages terriblement savoureux, avant de me lasser avec l’arrivée du dimanche et d’un mysticisme trop incongru.

Un roman délirant aussi dans le sens où le narrateur est sous médicament, à tel point qu’il devient difficile de différencier ses projections de la réalité. Le lecteur, simple spectateur se retrouve impliqué dans ce délire à tel point qu’il est un peu comme un complice, celui de cet homme un peu fou qui nous embarque dans un week end épique !

+ L’avis de George, L’avis de Géraldine