Anatomie d’un scandale – Prix des Lectrices ELLE (26)

Anatomie

Anatomie d’un scandale

Sarah Vaughan

Préludes / LGF (2019)

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Présentation de l’éditeur :

Kate vient de se voir confier l’affaire de sa vie, celle qui accuse l’un des hommes les plus proches du pouvoir d’un terrible crime. Elle va devoir faire condamner James Whitehouse.

Sophie adore son mari, James. Elle est prête à tout pour l’aider et préserver sa famille. Elle va devoir trouver la force de continuer comme avant.
Comme avant, vraiment ? Quels sombres secrets dissimule le scandale, et à quel jeu se livrent réellement ces deux femmes et cet homme ?

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Kate est une avocate pénaliste brillante. Mais elle vient de perdre une affaire et elle n’aime pas ça. Lorsque son clerc lui apporte une nouvelle affaire, touchant de près le pouvoir en place de surcroit, elle n’hésite pas une seule seconde…

Sophie, elle, doit faire face à l’infidélité de son mari, homme public, et à tout ce qui en découle… Mise à l’écart des voisins ou amis, traque de la presse, sans parler de la honte de voir tout cela déballé en public et du chagrin qu’elle éprouve.

Le procès se déroule en 2016, mais il y a de nombreux retours dans le passé, en 1992, lorsque Sophie et James étaient étudiants… Il y a aussi un retournement de situation plutôt réussi, car crédible dans la façon dont il est amené et expliqué.

Ce qui est terrible dans cette histoire, c’est ce qu’on apprend sur la justice et son fonctionnement !

Un livre avec un thème très actuel, le consentement sexuel. A partir de quel moment y a t-il viol ? A partir de combien de “NON”…

Un polar qui m’a bien plu pour ses personnages, que j’ai trouvé tout à fait crédibles, notamment Sophie et James.

Avec en prime quelques détails pas franchement “séduisants” sur le fonctionnement de “fratries” à l’université d’Oxford !

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ELLE

26ème lecture / 28 +1

(Ordre de lecture, pas de présentation)

Sur le toit de l’enfer – Lectrices ELLE (6)

toit

Sur le toit de l’enfer

Ilaria Tuti

Coll. La bête noire
Robert Laffont (2018)
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Rentrée littéraire – Sortie prévue le 6 septembre
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Dans ce roman policier, deux histoires se déroulent en parallèle : La 1ère se passe en 1978 en Autriche. Magdalena est une jeune fille nouvellement employée dans une “école” d’un genre un peu spécial.

L’autre histoire se passe de nos jours, c’est l’enquête policière proprement dite : un homme a été retrouvé mort dans la forêt, nu et énucléé et ses yeux n’ont pas été retrouvés. On se doute bien sûr que les deux histoires sont liées. Mais comment ?

Pour couronner le tout, un nouvel inspecteur arrive de la ville et ses débuts avec le commissaire sont un peu chaotiques…

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Au départ, l’auteure prend son temps pour démarrer, il y a beaucoup de descriptions, ce n’est clairement pas un “page turner” mais ça permet de mettre en place une certaine ambiance… assez angoissante il faut bien le dire.

Les personnages sont assez atypiques. Le commissaire est une femme d’un certain âge et elle est malade. On sent vite qu’il y a des recoins sombres dans son passé, un secret, une énorme tristesse. L’inspecteur Massimo est intéressant également. Parfois agaçant dans son besoin de reconnaissance et d’affection, dans sa façon de chercher sans arrêt l’approbation de sa supérieure (qui ne lui facilite pas la tâche !!) Lui aussi semble fuir son passé.

Un rythme assez lent, beaucoup de descriptions (je me promènerais volontiers aux alentours de ce charmant village), des personnages avec du caractère et une atmosphère assez sombre et angoissante (le meurtrier tourne autour de certains enfants…) font de ce roman un polar original.

Battaglia est un personnage que j’aimerai retrouver. Une femme malade qui refuse de se laisser abattre, pleine d’empathie, y compris pour les “méchants”. En bref, une profileuse totalement atypique et tout à fait sympathique !

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Un extrait : (Il est question de Mathias – 10 ans)

“La forêt n’est pas un endroit pour les enfants.” Les propos de sa mère commencèrent à danser dans sa tête. (…)

Sur la plage de galets, ses amis l’attendaient assis en cercle. Lucia, Diego et Olivier. Cette vision suffit à dissiper ses craintes. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il n’y avait personne derrière lui. Personne ne l’avait suivi. Il scruta encore les ténèbres de la grotte, comme pour les défier. C’était lui le vainqueur, il était vraiment un chef. Et puis son sourire se figea, finit par s’effacer.

D’un coup, il en eut la certitude.

Il y avait quelqu’un, caché dans l’obscurité, qui l’observait.”

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ELLE

6 ème lecture / 28

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C’est ma 6ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

Logo Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018 – Picos/Shutterstock

Tu ne sais rien de l’amour : un roman souvenir

Tu ne sais rien de l’amour est un roman touchant sur l’amour, les amours, qui entremêle amitié, adolescence, famille et secrets.

Tu ne sais rien de l'amourRoman pour adolescents dès 14 ans

Tu ne sais rien de l’amour

de Mikaël Ollivier

Thierry Magnier, 2016
Collection Grands Romans
9782364749522, 15,90€
240 pages
Disponible en epub numérique

Thèmes : amour, souvenir, amitié, famille, secret

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!! Attention, ne lisez pas la 4ème de couverture de ce roman, trop explicite, pour préserver le suspense !!

Nicolas est médecin, sa garde commence dans quelques heures quand un mail de sa mère vient troubler sa nuit. Il hésite à l’ouvrir. Ce mail est aussi adressé à Malina, alors il se met à penser à elle, à son enfance, son adolescence. Peu à peu, entre présent et passé, on suit le fil de la vie de Nicolas, mais aussi celle de cette Malina. Cette petite voisine, orpheline de mère, qui venait tout le temps chez eux, partait en vacances avec eux, au point qu’à deux ans déjà, ils étaient inséparables.

Au fur et à mesure du récit, des secrets apparaissent, des révélations. Des histoires secondaires qui aident à mieux comprendre les protagonistes de ce récit, et notamment les parents de Nicolas. Ses parents qui selon les périodes du récit sont de simples toiles de fond ou de vrais acteurs au coeur de l’intrigue. Enfin Malina est un personnage que l’on a du mal à cerner, tout au long de ce récit, et qui pourtant hante complètement le héros.

Plusieurs passages font facilement écho à des expériences personnelles… celui-ci m’a touché :

C’était à l’époque du premier arrêt maladie de mon père, quand je me suis mis à fermer moi-même les volets, le soir. Période – je ne m’en rends compte qu’aujourd’hui, avec le recul des années – étrange et fébrile, durant laquelle je savais inconsciemment que quelque chose de grave était en marche, dont personne ne me parlait, et dont je n’avais d’ailleurs pas du tout envie que l’on me parle, bien trop agrippé à l’égocentrisme de l’enfance. Pourtant, je ne pouvais manquer de m’apercevoir que ma mère était nerveuse et tendue.

L’alternance entre deux périodes, avec ce Nicolas adulte est intéressante, mais elle rend les personnages finalement moins attachants. Un détachement se crée entre le lecteur qui s’attache assez facilement aux adolescents que l’on suit, et le personnage adulte dont la réflexion plus mûre vient troubler les jolis souvenirs. Car ce récit oblige à une vraie réflexion sur l’amour et la famille. Une réflexion difficile, parfois dérangeante, mais dans l’air du temps. Proposer un récit double permet aussi d’apporter une fin bien plus construite et profonde.

Tu ne sais rien de l’amour est un récit poignant à la chute surprenante, qui touche le lecteur et marque sa vision de l’amour. Rien de choquant dans ce récit pour un lecteur adolescent, mais sa lecture réclame je pense une certaine maturité pour l’apprécier, 14-15 ans sans doute…


+ De Mikaël Ollivier nous vous avons déjà présenté :

Petit poche : – Jack est là   et   Trop fort, Victor

petitetropfortvictor

+ D’autres romans de Mikaël Ollivier à découvrir (et que j’ai beaucoup aimé) :
La vie en gros
Tu sais quoi ?
Le monde dans la main

 

Avez-vous déjà lu des titres de cet auteur ?

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

L’âme soeur – Roman adulte

âme

L’âme sœur

Agnès Karinthi
Collection Hélium
L’Astre Bleu (2018)
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Depuis des années, Philippe Bérichon essayait de retrouver Anne, son amie d’enfance, son âme sœur. Mais impossible de la retrouver car il ne connaissait pas son nom de famille et ses quelques demandes à la mairie ou l’école n’avaient pas reçues de réponse. Pourtant, un jour, en rangeant le garage de ses parents, il tombe sur un carton contenant ses affaires de CE2… Et dans ce carton, en plus d’une photo de classe, il trouve un dessin signé d’Anne. Il connaît enfin son nom, il va pouvoir la retrouver…

Le roman commence le dimanche 4 janvier 2015, Philippe est enfin devant la porte d’Anne :

Cette fois, ce n’est plus un rêve. Il l’a retrouvée. Il prend une longue inspiration et sonne. Le visage d’une femme jeune s’encadre dans l’entrebâillement de la porte. Philippe ébauche un sourire.

“Tu me reconnais ?”

Il lui tend un bouquet de roses. Elle élargit suffisamment l’ouverture pour passer le bras et attraper les fleurs, mais ne fait pas un geste de plus. Ils s’observent quelques instants dans un profond silence.

Il sourit, encourageant.

“Ça fait des semaines que je te cherche. Ça n’a pas été facile de te retrouver. Tu n’as pas de compte Facebook ni Twitter.

– Je n’en veux pas.

– Pas grave. Je n’en suis pas fan, moi non plus. Je me suis débrouillé autrement.”

Il la dévisage avec un plaisir qu’il ne cherche pas à cacher.

“Tu n’as pas changé. Les mêmes cheveux, les mêmes yeux”

Comme elle ne réagit pas, il insiste.

“Tu vois qui je suis ? Tu me reconnais ?”

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Voilà un roman qui ne restera pas longtemps sur votre table de chevet une fois entamé. Je l’ai commencé le matin, et terminé l’après-midi… Ce n’est pas un polar, mais il y a du suspense ! Il y a tellement de secrets, de non-dits… Des choses que l’on sent, que l’on devine même, mais d’autres qui nous tombent sur le coin de la figure sans qu’on s’y attende !!

Il faut dire que le personnage principale, Anne, est amnésique depuis l’âge de 9 ans et que sa mère ne l’aide pas vraiment à retrouver la mémoire. Tout ça donne une drôle d’ambiance par moments, avec des personnages auxquels on s’attache (enfin pas tous hein ! ) d’autres au contraire dont on se méfie rapidement et qu’on ne voudrait surtout pas rencontrer…

Ce roman a un point commun avec le premier roman de l’auteure : A la fin de “Quatorze appartements”, j’étais sous le charme du personnage principal, une femme avec qui j’aurai volontiers passé un moment à discuter. Ici, c’est pareil, j’ai eu la même impression. On se sent proche d’Anne, on s’attache à elle, on la plaint aussi, on aurait envie de mieux la connaître, voire de l’aider…

Un roman qui m’a beaucoup plu et dont je vous recommande bien évidemment la lecture !

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De cette auteure, j’avais déjà lu et présenté (sur un autre site) : Quatorze appartements.