P’tit bout – Roman ado/adulte

boutP’tit bout ♥

Alex Wheatle

Au Diable Vauvert (2017)
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P’tit bout, c’est Lemar. Comme il était le plus petit de sa classe en début de collège, on l’a appelé “P’tit bout“. Il a un peu grandi, ce n’est plus lui le plus petit, mais le nom est resté.
Avec ses potes McKay et Jonah, ils essaient de dégoter un rencard avec une fille. P’tit bout est en admiration devant Venetia King, la fille la plus sexy du collège. Alors quand celle-ci, admirative de son talent de dessinateur, vient lui demander de lui faire son portrait, il est aux anges !

Mais tout ne va pas se passer comme prévu, d’autant plus que P’tit bout est recruté – un peu (beaucoup !) malgré lui – par un des plus gros chefs de gang du quartier…

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Ce qui m’a vraiment beaucoup plu dans ce roman, c’est que j’y ai cru. A fond. Par moments j’ai eu peur pour P’tit bout, j’ai été triste ou heureuse pour lui à d’autres moments. Dans ma tête, je lui donnais des “conseils” (fais pas le con P’tit bout, tu déconnes P’tit bout, fais pas ça !) Bref, j’étais totalement immergée dans l’histoire, que j’ai lu d’une traite. P’tit bout et ses copains sont des personnages très attachants.

Et en plus, j’ai ri. Malgré une histoire pas toujours très gaie (problèmes familiaux, chômage, précarité, pauvreté, violence -on est dans une “cité” contrôlée par des gangs-) j’ai beaucoup ri en “écoutant” P’tit bout et ses amis. L’écriture est dynamique et très drôle.

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Un extrait :

“- Pour avoir une fille comme Venetia, il faut tous les trucs qui vont avec, mon frère, m’a expliqué McKay. Tu dois avoir un Iphone, des écouteurs Dr. Dre, les dernières Adidas, une belle coupe de cheveux à l’iroquoise et être assez grand pour qu’elle puisse poser sa tête sous ton menton. Les filles canon aiment bien qu’on leur fasse penser à un grand frère.

– Ouais et toi, Bout, t’as rien de tout ça, a ajouté Jonah. Alors laisse tomber et pense même pas à aller parler à une petite merveille comme Venetia.

J’ai commencé à m’éloigner, sachant bien que, même si j’avais des écouteurs Dr. Dre et tout le reste, je n’aurais jamais le cran de parler à Venetia. Jonah et McKay m’ont rattrapé et on s’est tirés du bahut.

On habitait touts dans la cité de Crongton-Sud, à dix minutes à pied du collège. Jonah vivait au 2ème étage de mon immeuble et moi au 5ème. McKay Tambo habitait avec son père et son frère ainé dans le bloc de béton d’en face. Dieu seul sait ce qu’ils devaient engloutir dans leur case, parce qu’ils avaient tous les trois la carrure des catcheurs.”

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Prix du meilleur roman jeunesse du Guardian en 2016

Sur le site de l’éditeur Au Diable Vauvert, j’ai appris qu’il s’agissait du 1er tome d’une trilogie dont le 3ème tome doit paraître en 2019… A suivre !

Naissance des cœurs de pierre : deux destins tragiques

Naissance des cœurs de pierre est un roman puissant, qu’on lit d’une traite et qui nous anéanti… en nous donnant envie de vivre et d’aimer !

NaissanceRoman pour adolescents
Rentrée Littéraire 2017

Naissance des cœurs de pierre

d’Antoine Dole

Actes Sud Junior, 2017

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Il est rare sur ce blog de voir un livre en doublon. Avec Nathalie on s’arrange, on surfe, on se laisse la place… et puis il y a des livres, comme Naissance des cœurs de pierre, qui méritent deux articles. Parce que vous avez peut-être manqué l’avis de Nathalie, et qu’il serait vraiment dommage de passer à côté de ce livre !

Jeb, 12 ans, doit rentrer dans le programme. C’est la loi du Nouveau monde. Un monde sans guerre, sans violence apparente. Une injection, des pillules, et tout le monde vit dans le calme. Pourtant Jeb n’est pas convaincu. Inquiet,  peu sûr de lui. Il entretient des rapports étranges avec sa mère, puisque celle-ci ne montre aucune émotion. Difficile de se construire dans ces conditions. Ce qu’il va découvrir dans le programme va l’inciter à douter.
En parallèle, dans l’Ancien monde, on suit Aude, lycéenne. Harcelée, elle se réfugie dans les bras de Mathieu, surveillant.

Deux destins qui font frissonner tant ils sont tragiques. Deux enfances perdues, qui mettent en perspective la part des émotions. Nouveau et ancien monde, la solution ne semble pas satisfaisante.

Antoine Dole réussi le tour de force dans Naissance des cœurs de pierre de superposer deux destins liées en nous cachant l’essentiel. Quand a chute s’ouvre à nous, on ne peut qu’être rattrapé par l’horreur. On a du mal à caser ce roman qui se présente comme de la dystopie. Si les indices sont là peu à peu le lecteur ne comprend que tard, trop tard.

Deux histoires révoltantes, deux ados attachants, deux adolescents déchirés, délaissés, repoussés. Parfois un seul mot peut tout changer. Impossible d’en dire plus, j’espère même avoir su me canaliser, car Jeb, Aude, Niline… sont vraiment des personnages à découvrir.  S’il y a des l’amertume dans ecs pages, il y a aussi une étincelle, un espoir, une volonté de dire les émotions. Vivre, aimer, souffrir. Dire, pour vivre vraiment.

Naissance des cœurs de pierre est un roman puissant, qu’on lit d’une traite et qui nous anéanti… en nous donnant envie de vivre et d’aimer !

La fille qui avait bu la lune – Roman ado

fille La fille qui avait bu la lune ♥

Kelly Barnhill

Éd. Anne Carrière (2017)

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Chaque année, dans le Protectorat, a lieu le Jour du Sacrifice. C’est le jour où les Grands Anciens prennent le dernier des nouveaux-nés arrivé pour aller l’offrir à la terrible Sorcière qui vit dans les bois autour du village afin qu’elle les laisse en paix. Antain a 13 ans, il est novice chez les Grands Anciens grâce à son oncle Gherland qui est lui même un des Grands Anciens du Conseil et c’est la première fois qu’il assiste au Jour du Sacrifice. Et ce qu’il va voir va lui faire se poser de nombreuses questions…

Xan, la sorcière qui habite la forêt, fait le voyage chaque année pour récupérer le bébé abandonné, une fille cette fois-ci, même si elle ne comprend vraiment pas pourquoi les mères du Protectorat abandonnent leurs nourrissons dans la forêt au risque qu’ils soient mangé par les bêtes sauvages ! Elle les récupère donc puis va les faire adopter par des familles aimantes de l’autre côté du marais. Mais cette année, à cause de la distraction, de la fatigue de Xan, celle-ci va être contrainte de garder le bébé avec elle.

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C’est presque un conte… Après tout, il y a une sorcière, un monstre des marais (très vieux et poète), un dragon (nain et très bavard) et beaucoup, beaucoup de magie. Les plus jeunes (il est indiqué à partir de 10 ans) le liront ainsi, comme un conte, une belle histoire qui fait peur par moments.

Les plus grands y verront sans doute d’autres choses : le côté cynique des Grands Anciens qui savent pertinemment que ce qu’ils font n’est pas bien, mais qui continuent, pour leur propre confort et tant pis pour la casse. Les plus méchants ne sont pas toujours ceux qu’on croit…

De nombreux thèmes sont abordés dans ce joli roman : autour de la famille (adoption, lien parental biologique ou non), du pouvoir (sous couvert de “protéger” les autres, on sème la crainte), sur la force du chagrin et sur celle de l’amitié ou de l’amour…

Le tout dans un univers très poétique mais également avec des personnages très amusants et très attachants (Dragonnus Minusculus par exemple). A priori c’est un tome unique, et c’est bien dommage, je serais bien restée un peu plus longtemps avec Luna, Antain et les autres…

Je trouve la couverture de ce roman très réussie, on retrouve ce côté poétique et j’espère qu’elle attirera de nombreux lecteurs !

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Il devrait être prochainement adapté au cinéma.

Le site de l’autrice (en anglais)

Celui des éditions Anne Carrière

Une autre histoire de sorcière : Miss Pook et les enfants de la lune

Mes lectures de la rentrée littéraire 2017

Pour la rentrée littéraire 2017, j’ai beaucoup lu. Mais je n’ai pour ainsi dire rien commenté, des nausées me tenaient alors loin du PC, et j’ai juste laissé les commandes du blog à Nathalie… Alors que je suis en train de concocter le bilan de cette rentrée littéraire 2017, j’ai envie de vous parler de quelques lectures. Des grands noms, des romans jeunesses, un peu de tout, en vrac, en quelques mots…

rentrée littéraire 2017Frappe-toi le coeur d’Amélie Nothomb

Chaque année maintenant je lis le nouveau Amélie Nothomb lors de la rentrée littéraire. Je suis toujours surprise, parfois plus que d’autre, mais cette année, Frappe-toi le coeur m’a bouleversé. Sans doute parce que je suis maman. Peut-être parce que je l’ai lu enceinte. Dans tous les cas, Amélie Nothomb signe là un roman poignant sur l’amour parental, ses possibilités infinies, ses dérives. J’ai dévoré cette histoire, placée sur le signe de Musset – de par le titre -. Diane est un personnage attachant, pourtant traitée très durement par sa mère. Cette dureté des mères, nous allons la voir sous plusieurs angles, en frissonnant chaque fois. Les hommes eux, les pères, semblent absents du tableau tant ils comptent peu. Un récit sur le long terme, comme toujours superbement maîtrisé, mais qui fait vraiment froid dans le dos… jusqu’à la dernière ligne !

Coup de coeur (brisé)

 

Une fille de… de Jo WitekRésultat de recherche d'images pour "une fille de"

Encore un texte fort, sur la relation mère fille, mais d’un point de vue bien différent. Ce texte pour adolescent, de la collection D’une seule voix, se lit d’une traite. On découvre en un seul souffle, celui de cette jeune joggeuse Hannah, sa vie, celle d’une fille de… Une vraie, pas juste pour l’insulte. Alors qu’elle court elle se prépare à raconter, à se raconter. A tenter de montrer son quotidien tel qu’il est, dans l’amour maternel.

Un texte simple mais puissant, diablement intéressant sur un thème peu abordé en littérature jeunesse. Les non dits, les bribes de conversations, les bleus… Hannah reconstitue son histoire, mais aussi celle de sa mère, à travers ce qu’elle a compris au fil des années. Un texte comme une confession, bouleversant !

Courir pour gagner ma dignité. Courir pour me sentir unique sur terre. Courir pour exister. Me forger un moral de championne, un corps solide, musclé, entraîné. Un corps qu’on ne piétine pas. Qu’on n’avilit pas. Qu’on ne dompte pas. Courir pour que mon corps n’appartienne qu’à moi.

gruppGrupp d’Yves Grevet

Un nouveau roman dystopique d’Yves Grevet, auteur notamment du superbe Meto et d’un tome d’U4, impossible de manquer cela. On y suit tour à tour deux frères dans une société où il semble qu’il n’y ait plus rien à craindre : des détecteurs de fréquence cardiaque permettent de prévenir autant les problèmes de santé que les accès de violence. Pourtant tout ne semble pas si rose, et l’expérience des deux frères va nous permettre de mettre peu à peu le nez dans l’organisation de cette société. La narration partagée est très bien gérée car elle permet de monter en puissance tout au long du récit, pour devenir un vrai turn over impossible à lâcher !

Un récit dont le début, un peu lent, m’a surpris, mais qui prend ensuite son envol pour nous surprendre !

 

La loi du Phajaan de ChabasLa Loi du Phajaan

Dans la famille de Kiet, on est dresseur d’éléphant de père en fils. A 10 ans, Kiet part avec son père pour sa première capture. Un événement qui va mal se passer et qui va déterminer l’avenir du jeune homme.

Ce roman est une superbe ôde à la nature, aux animaux, et au respect. Kiet adulte nous raconte les années 60 et la dureté qui régnait alors, sans rien cacher de ce qui se passe encore de nos jours.

Un très beau roman documentaire, sensible et touchant !

La sublime communauté d’Emmanuelle Han

Cette dystopie pour adolescents,  parue chez Actes Sud, mèle les voix de plusieurs adolescents dont le destin semble lié, dans notre monde qui se meurt. Des portes apparaissent, qui semblent mener vers des ailleurs qui sont meilleurs, les Six Mondes. Les affamés sont ces populations qui se déplacent en masse pour tenter de passer par ces portes.

Si La sublime communauté offre de très beaux voyages dans ce monde devasté avec des héros intéressants, l’histoire m’a semblé longue, les héros évoluant dans trois univers complétement différents. Trois grandes histoires qui peinent à se rejoindre dans un univers compliqué à appréhender… Et ce n’est finalement qu’un tome 1 qui nous laisse sur notre faim… Une déception pour ma part, malgré un texte et un univers fouillés.

L’avis de Bob.

 

La fourmi rouge d’Emilie Chazerand

La fourmi rouge est un premier roman pour adolescents vraiment génial. On y découvre Vania, une adolescente qui vit seule avec son père. Une personnalité vraiment détonante, enthousiasmante, pleine d’humour malgré un prénom pas évident à porter, un oeil qui part en vrille et une entrée en seconde qui promet. Tous les personnages de ce roman son truculent : son père taxidermiste farfelu, son meilleur ami Pierre Rachid, son ennemi Charlotte… Bref une vraie fourmillière, dont elle fait partie. Jusqu’au soir où elle reçoit un mail qui lui dit qu’elle est différente : une fourmi rouge… colorée, piquante… qui ne demande qu’à se révéler.

Vania est une héroïne coup de coeur que j’ai adoré suivre même si l’histoire, elle, n’est pas aussi originale que les personnages. L’adolescence, l’amitié, l’amour et la famille sont au coeur des préoccupations de notre adolescente… mais l’humour donne vraiment un coup de fouet à l’ensemble ! Une héroïne qui permettra en plus aux adolescents de comprendre qu’ils sont uniques et qu’ils doivent s’aimer comme ils sont !

Coup de coeur

 

rentrée littéraire 2017Hôtel Grand Amour de Sjoerd Kuyper

Hôtel Grand Amour est un roman pour jeunes adolescents réjouissant malgré les petits malheurs qu’il comprend. Un grand hôtel en perte de vitesse, un père à l’hopital, et voici une bande d’adolescents, d’enfants presque, qui se lancent à gérer tout cela. Essayant d’épargner leur père des problèmes, ils accumulent les erreurs, les mensonges, les rencontres… C’est plaisant, entraînant, pas réaliste pour un sou, mais cela fait sourire et même rire parfois. Cette troupe de jeunes frères et soeurs m’a un peu fait pensé à l’ambiance des Quatre soeurs de Malika Ferdjouck.

Un roman agréable à lire qui permet une plongée au coeur d’une troupe familiale sympathique et attachante.

 


J’ai aussi lu A good Girl, Mirror Mirror et les optimistes meurent en premier. Trois titres vraiment différents mais avec de bonnes choses, j’essayerai de vous en reparler, mais là, c’est déjà bien long je crois !

J’ai commencé La serpe, de Philippe Jaenada, mais sans avoir l’esprit à le terminer. C’est un roman exigeant, en connaissance et en concentration.

J’ai tout de même déjà commenté quelques titres  : Marche à l’étoile d’Hélène Montardre, Le jour d’avant de Sorj Chalendon, La lune est à nous de Cindy Van Wilder, Naissance des cœurs de pierre d’Antoine Dole, Le petit arbre voyageur de Simon, Un détective très très très spécial de Romain Puertolas.

 

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