Kinderzimmer – Valentine Goby [invité]

Aujourd’hui voici l’avis de Sophie M. qui participe au challenge de la rentrée littéraire. Sophie n’ayant pas de blog publiera ses avis sur le groupe facebook ainsi qu’ici, afin que tout le monde puisse les lire! N’hésitez pas à lui laisser des commentaires!

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Roman adulte
Rentrée Littéraire 2013

 

Kinderzimmer

Valentine Goby

Actes Sud, août 2013
9782330022600, 20€

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Thèmes : Seconde guerre mondiale, maternité

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La chambre des enfants … ou l’histoire d’une mère courage sur fond de seconde guerre mondiale et de camp de concentration.

« En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout. Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles. »

Kinderzimmer est une de ces lectures qui laisse des traces , qui vous poursuit et vous invite à repenser ce que vous venez de lire.

Ce roman est une petite perle littéraire ni plus ni moins. L’auteure connait son sujet et le maîtrise parfaitement, lui permettant ainsi de nous livrer des personnages « vrais et sincères ». Pas besoin d’en faire trop, pas besoin de détails sordides ou de romance facile. Non, rien de tout ça uniquement de l’humain, de l’authenticité et de la simplicité pour cette écriture fluide qui vous agrippe sans vous laisser repartir. L’émotion est présente, les faits sont là et tout se combine à merveille, vous emporte sans verser dans le larmoyant. Kinderzimmer est le récit d’un drame humain (le camp de Ravensbruck), mais aussi un récit plein d’espoir et de force accessible à tous (du « simple lecteur » à l’étudiant en passant par l’amateur d’Histoire).

Je qualifierai ma première lecture de cette rentrée littéraire comme étant une petite perle ou une vraie claque … au choix … Quant à moi, j’ai découvert cette auteure avec cet ouvrage et n’ai qu’une envie : découvrir le reste de son univers livresque.

Sophie M.

Challenge 1% Rentrée Littéraire 1/6

Muette d’Eric Pessan

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 Toute la rentrée littéraire 2013, 
avis de lecteurs 

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Roman adulte
Rentrée littéraire 2013

Muette

d’Eric Pessan

Albin Michel, août 2013
224 pages

Muette n’est pas un adjectif ici, c’est un nom. Celui de la narratrice. Il ne la qualifie pas d’ailleurs, puisque cette grande adolescente n’est pas muette. Elle est plutôt rendue muette.

Muette est en fuite. Elle fugue. Non loin de chez elle, dans la campagne qu’elle connait bien. Elle s’est préparée, semble réfléchie. En la suivant dans sa fuite nous allons découvrir son quotidien, ses obstacles et ses peurs mais surtout nous allons tisser la toile de son passé, apprendre peu à peu à la connaître et à  comprendre cette fugue.

Une histoire assez banale en apparence que celle de cette jeune femme qui ne se sent pas à sa place, mais c’est beaucoup plus que cela. Coincé entre un père présent mais trop occupé et une mère au contraire omniprésente, Muette n’a pas la place d’exister. Et cette mère omniprésente nous la côtoyons un peu aussi, d’une certaine manière….

La grande force de ce roman, ce qui fait son originalité et son attrait, c’est le jeu de la narration. Eric Pessan pour nous faire ressentir le mal être de Muette et l’omniprésence aliénante de la mère insère dans le récit des réflexions maternelles, en italique. Celles que la mère aurait pu faire / aurait fait / a fait à ce moment là, dans cette situation là. Ces phrases en italique coupent réellement le récit, n’hésitant pas à s’interposer au milieu des phrases, des pensées, des situations. Et pourtant ses phrases s’intègrent aussi souvent comme une continuité des pensées de Muette. La résistance de cette jeune fille contre la vie qu’on lui impose se fait sentir dans son désir profond de s’intégrer dans la nature, de disparaître.

Omniprésence parentale donc qui sonne dans l’absence et impose un rythme très particulier au récit, sans pour autant le rendre bancal. En cassant l’apparente monotonie de cette histoire simple, Eric Pessan touche le lecteur, le surprend avec de magnifiques moments d’émotion mais aussi avec une douce tristesse.

« La nuit, déjà, et Muette écoute vibrer les insectes, glissée jusqu’au nez dans son sac de couchage. Elle a chaud mais ne peut se résoudre à se découvrir. Dehors, dans le grand monde, des gens courent à sa recherche, elle n’a plus de doute à ce sujet. Elle y est. Elle a grand ouvert les portes de sa vie. »

Rentrée 2013 +Un coup de coeur pour  Jostein

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013

+ D’autres titres de l’auteur : Incident de personne (Albin Michel, 2010)

 

Le soleil à mes pieds – Delphine Bertholon

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 Toute la rentrée littéraire 2013, 
avis de lecteurs 

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Roman adulte
Rentrée littéraire 2013

Le soleil à mes pieds

 Delphine Bertholon

JC Lattès, août 2013
9782709631082, 16€

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La petite et la grande. Deux soeurs, liées par un terrible passé, tentent de vivre, voir de survivre, au coeur du printemps parisien. Deux soeurs tellement différentes. La grande s’agite, semble ne pas tenir en place et tente de régir la vie de la petite. Petite qui n’ose sortir du cocon de propreté de sa chambre de bonne. Qui n’aime pas le monde, ne parle que si nécessaire et ne supporte pas la moindre saleté.

Pas de prénom pendant longtemps, juste la Petite et la Grande, reliées par cette phrase maternelle : “Quand on a une soeur on est plus jamais seule.” Et en effet la petite n’est jamais seule. La grande vient chez elle tous les jours et la tient sous son emprise. La petite ne sait pas dire non et on la sent sombrer. Un rayon de soleil sur des sandales dorées amorcent pourtant un changement…

Delphine Bertholon sait magnifiquement rendre l’emprise d’un être sur un autre comme elle l’a montré dans Twist. Ici l’effroi est intact tant cette emprise, dans le cadre familial, est difficile à concevoir.

Distillant peut à peu des indices de leur passé, l’auteur maintien un double suspense pour le lecteur : comprendre comment elles ont pu en arriver là et savoir comment la petite pourra apprendre à vivre sa vie.

En nous présentant les personnages par le regard de la petite l’auteur biaise le point de vue et on pourrait presque prendre partie pour la grande parfois. Cette dichotomie des personnages et terriblement portée par l’écriture.

Un roman touchant et prenant à l’écriture souvent incisive et hachée, comme les pensées de la Petite.

Rentrée 2013
+Un coup de coeur pour Stephie et l’avis de Solenn

+ Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013

+ D’autres titres de l’auteur : Twist, Grâce, l’Effet Larsen

La nuit en vérité de Véronique Olmi

 

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Toute la rentrée littéraire 2013, avis de lecteurs

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 Roman adulte
Rentrée Littéraire 2013

La nuit en vérité

de Véronique Olmi

roman

Albin Michel, août 2013
9782226249692, 309 pages
19€

Une mère et son fils. Un magnifique immeuble parisien. Un collège des beaux quartiers. Un tableau idyllique qui se construit sous nos yeux pour s’effondrer aussitôt.
Une mère célibataire très jeune, femme de ménage. Un jeune garçon sans ami, tête de turc au collège. Une vie l’un avec l’autre, l’un pour l’autre, toujours.

C’est le récit de cette vie, jour après jour que nous livre Véronique Olmi. De leur rapport. Des micro changements qui peu à peu changent tout. Une quête de liberté, une quête d’identité.

Ce jeune garçon, Enzo Popov, un peu gros, est touchant par sa vision de la vie, par sa faiblesse et ses forces. On assiste à un harcèlement scolaire poussé à son paroxysme dans une indifférence générale qui fait mal. On voit les mensonges, ceux faits aux autres et ceux faits à soi-même, les quais de Paris, la lecture, le dessin, les rideaux à laver, trop laver. On sent les deux personnages qui se perdent peu à peu. Liouba,humiliée par la société et notamment ses patrons, apprentie maman d’un adolescent alors qu’elle est tout juste adulte ne sait pas vraiment faire face pourtant elle est là pour lui, toujours.

Un élément fantastique et historique survient alors dans l’histoire, lui apportant une autre profondeur… Une inclusion pas forcément nécessaire à l’histoire mais qui permet de rebondir et de donner encore plus d’accroche aux lecteurs.

Un roman avec une trame narrative souvent floue qui met l’accent, avec brio, sur les liens entre une mère et son fils. Un univers intime dans lequel on s’installe pour suivre nos protagonistes, envers et contre tout. Puissant et dérangeant !

 

+ Le site de la rentrée littéraire d’Albin Michel

+ Challenge 1% rentrée littéraire

+ D’autres romans où il est question de harcèlement scolaire : La liste, Enfer au collège d’Arthur Tenor, Harcèlement de Jimenes

+ La rentrée littéraire est officiellement lancée, retrouvez mes avis sur La nostalgie heureuse d’Amélie Nothomb, Le quatrième mur de Sorj Chalandon, Idiophatie de Sam Byers