Le jour où les chiffres ont disparu d’Olivier Dutaillis {RL2012}

Rentrée Littéraire 2012 – roman adulte

 

 Le jour où les chiffres ont disparu

d’Olivier Dutaillis

 

Albin Michel, 23 août 2012
9782226242938, 18€

 

“”Pourquoi ? C’est très bien, le zéro ! Aucun chiffre n’est plus important ! ” Il a fait l’éloge du zéro. Et j’en étais bouleversée. Car derrière les mots,  il y avait cette manière délicate, indirecte, d’affirmer que je valais quelque chose.” Anna, jeune musicienne talentueuse, interrompt brutalement sa carrière, paralysée par le trac. Un psychiatre lui révèle que son manque de confiance en elle vient d’un problème avec les chiffres.

Son diagnostic : mathématopathie aiguë. Anna choisit alors de s’en prendre aux chiffres eux-mêmes, coupables à ses yeux de réduire les individus à des numéros, de façonner un monde déshumanisé. Elle conçoit un grand projet pour combattre leur dictature. Un projet peut-être moins fou qu’on ne pourrait le croire.

 

Un titre et une quatrième de couverture qui parle de chiffres, de mathématiques… ça en rebutera sans doute beaucoup mais c’est ce qui m’a attiré vers ce titre de la rentrée littéraire. Et pourtant si les chiffres ont une grande importance dans le récit, ce sont les humains qui sont mis en avant. Deux notamment : Anna, jeune femme renfermée et fâchée avec les chiffres et un psychiatre, narrateur en grande partie du récit.

Je ne veux pas trop vous en dire sur l’histoire de ce roman car l’auteur m’a surpris, Anna m’a embarquée à sa suite, et je me suis laissée prendre au jeu… et je tiens à ce que vous ayez cette chance vous aussi!

Il faut tout de même savoir que plus qu’un roman sur les mathématiques ce roman traite des hopitaux psychiatriques, de la folie sous toutes formes, celle qui se voit et celle qu’on préfère ne pas voir. Anna sait manipuler son public, ceux qui l’entoure et nous ne sommes nous aussi finalement qu’une pièce dans son projet. Une écriture tortueuse parfois mais limpide pourtant, avec une vraie histoire de premier plan et une vraie réflexion autour de notre monde. C’est troublant et brillant à la fois, et j’ai terminé ce roman le sourire aux lèvres… et des questions plein la tête ! Et si ?

Un roman à découvrir au coeur de cette rentrée littéraire !

+ Extrait :
« On se met à tout compter. À tout calculer ! C’est sournois, visqueux, ça se glisse même pendant le sommeil… Et crac ! Ca y est ! On est atteint ! C’est grave ! Très grave ! C’est ça la dictature des chiffres ! Eh bien, ça a assez duré ! »

+ Une vidéo d’Olivier Dutaillis présentant ce roman.

+ L’auteur :  Le jour où les chiffres ont disparu est le quatrième roman d’Olivier Dutaillis. Également scénariste et auteur de théâtre, il a été primé lors des Molières et a reçu le Grand Prix du Jeune Théâtre de l’Académie française.

+ D’autres livres de la rentrée littéraire :
du même éditeur :
Amélie Nothomb, Barbe Bleue, 23 août 2012
Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES, Les fidélités successives, 23 août 2012
Chloé SCHMITT, Les affreux, 23 août 2012
Véronique OLMI, Nous étions faits pour être heureux, 23 août 2012
Marianne RUBINSTEIN, Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, 23 août 2012
Keren Russel, Swamplandia !,  23 août 2012
Tarun TEJPAL, La vallée des masques,  23 août 2012

Vous trouverez déjà des avis sur ces livres et bien d’autres dans cet article du challenge rentrée littéraire.

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2/7

Mes avis sur des romans de la rentrée littéraire :
La vie de Régis de Sa Moreira

La vie de Régis de Sa Moreira

Roman adulte – Rentrée Littéraire 2012

La vie

de Régis de Sa Moreira

Au Diable Vauvert, 22 août 2012
9782846264426, 15€

“Je suis sortie sur le parking, il faisait froid, c’était agréable, un homme m’a demandé mon numéro de téléphone, je ne sais pas ce qui m’a pris, je lui ai tout de suite donné… C’était la première fois que j’osais aborder une inconnue et il a fallu que ce soit la bonne. Nous nous sommes mariés deux mois après. Tout ce travail sur ma timidité pour un seul numéro, j’aurais bien voulu en profiter un peu plus, au moins tenter ma chance avec la fille de l’agence de voyages…
Il passait devant l’agence tous les jours, presque toujours à la même heure. Je ne le connaissais pas mais quand il a cessé de passer, je me suis inquiétée. Qu’est-ce que ça veut dire connaître les gens ? Je ne suis même pas sûre de connaître l’homme avec lequel je vis… Encore heureux. Je suis sûr que si elle me connaissait elle partirait en courant. D’autres l’ont fait avant elle… “.

Un principe simple, celui du marabout (Marabout, Bout de ficelle, Selle de… ) est transposé à ce livre, pas vraiment un roman donc, plus un ensemble de phrase, comme des instantanés de la vie. Des vies qui se croisent, et nous qui regardons. Au début on cherche à trouver des personnages qui reviennent, former une histoire… mais c’est une quête veine car comme la vie les mots coulent et les personnages passent. Des histoires qu’on ne fait que pressentir, qu’on imagine, qu’on aimerait tellement continuer parfois.

J’ai lu Le libraire, du même auteur, que j’avais trouvé à la fois intéressant et étrange, ce livre me fait un peu le même effet!

Voici un livre que j’ai commencé par trouver terriblement frustrant. Comme si on ne faisait que lire des incipit de romans sans jamais pouvoir lire la suite. Pourtant au bout d’un moment on se laisse prendre au jeu, on rouvre le livre au hasard, on dévore quelques nouveaux textes… Une incitation à faire plus attention aux gens qui nous entourent finalement, pour créer nous même quelques lignes de plus dans ce texte…

C’est plaisant à parcourir, l’idée est sympathique et j’ai apprécié, mais cela reste tout de même simple et répétitif.

Régis de Sa Moreira met en scène la vie dans ce qu’elle a de plus effrayant finalement : son éphémérité !

 

 + Si vous le souhaitez je peux faire voyager ce livre !

+ Ce roman sort aujourd’hui mais vous pouvez déjà lire de nombreux avis sur la toile :

Cynthia, Gwordia, Shangols, Corboland, La livrophile, …

+ La vidéo de présentation du livre par l’auteur.

+ Challenge Rentrée littéraire 2012 1/7

 

 

Cheyenne en automne de Willy Vlautin

Roman adulte / grands ados

Cheyenne  en automne

Willy Vlautin

13ème note éditions, avril 2012
9782363740281, 19,50€

Thème : Etats Unis, jeunesse, courses hippiques, aventure, voyage

Charley Thompson, quinze ans, vit avec son père volage et célibataire qui multiplie les boulots sans lendemain. Ce dont il rêve ? Un foyer chaleureux et  attentionné, trois repas par jour, une inscription à l’année dans un lycée où il pourrait s’entraîner au football américain. Quelques semaines après leur installation à Portland dans l’Oregon, Charley se retrouve seul et devient sans-abri. Livré à lui-même, il se réfugie dans la sellerie de l’hippodrome délabré où il est « exploité » pendant l’été.

Son seul ami et confident, Lean on Pete, est un cheval de course usé, destiné à l’abattoir. Dans un élan d’amitié désespéré, Charley vole un pick-up et une remorque et décide d’aller avec Lean on Pete retrouver sa tante qui, aux dernières nouvelles, habitait dans le Wyoming. Le voyage de deux mille kilomètres sur les routes de l’ouest américain ne sera pas de tout repos pour Charley Thompson. Écrit à la première personne, ce road novel tendre et désespéré narre les aventures d’un adolescent débrouillard, un vrai Huckleberry Finn du XXIe siècle sous amphétamines, accompagné de son Crin-Blanc.Au cours d’un seul été, il va vivre plus d’aventures et de mésaventures que beaucoup d’hommes dans toute leur vie.

Une couverture très classe, des pages beiges, un beau papier… j’adore les romans ainsi “emballés”, cela met toujours les mots en valeur!

Cheyenne en automne est l’histoire de Charley 15 ans qui suit son père dans un énième déménagement à Portland. C’est l’été, son père est souvent absent et ne lui laisse pas toujours de l’argent… il trouve donc du travail à l’hippodrome, auprès de Del, un homme acariâtre et surtout l’un de ses chevaux, un Qater Horse, Lean on Pete. Après une première moité du livre à Portland où l’on découvre le héros et son environnement s’engage un road trip à travers l’Idaho, l’Oregon et le Wyoming. Un voyage initiatique périlleux mais où chaque rencontre fera grandir Charley.

C’est avant tout cette galerie de personnages que j’ai apprécié dans ce roman car on prend le temps de les découvrir, les uns après les autres, nous offrant un panorama américain intéressant. Des personnages bien réels, avec leur vie et leur problème. Certains aideront Charley, d’autres au contraire le laisse dans des situations terribles mais à aucun moment on ne se lasse de cette aventure et des ces rencontres. L’auteur sait nous faire découvrir ces personnages, les rendre palpables et touchants.

Relations humaines donc mais aussi relation homme – animal à travers la relation de notre jeune narrateur avec ce cheval de course. Une relation forte et touchante.

Si j’ai réellement apprécié tous ces éléments j’ai quand même eu l’impression qu’il me manquait quelque chose et ce roman bien que plaisant risque d’avoir du mal à trouver un public… Trop adulte dans le rythme malgré ce héros adolescent et un synopsis qui risque de ne pas attirer les adultes !

Ça serait finalement dommage car c’est un roman déroutant mais entraînant avec une vraie réflexion sur une société américaine variée et qu’on a moins l’habitude de croiser.

 “Des ambulanciers et deux flics sont arrivés et se sont afférés autour de mon père. Ils l’ont laissé sur le dos, lui ont passé une minerve et posé un pansement autour du morceau de verre. Puis l’ont hissé dans l’ambulance sans même me dire où ils l’emmenaient. Deux flics m’ont demandé qui j’étais par rapport au blessé.
– Son fils. Où est-ce qu’on le transporte ?
– A l’hopital.
– Quel hopital ?
– Au Bon Samaritain
– Ah, j’ai fait, alors que j’ignorais où c’était.
Je me suis dit que Portland était immense, et que je n’y connaissais personne. J’ai fondu en larmes.”

RL 2012

Actes Sud
Christine Angot, Une semaine de vacances, Flammarion, 5 septembre 2012
Laurent Gaudé, Pour seul Cortège, Actes Sud, 22 août 2012
Jérôme Ferrari, Le sermon de la chute de Rome, Actes Sud, 22 août 2012
Matthias Enard, Rue des voleurs, Actes Sud, 22 août 2012
Albin Michel
Amélie Nothomb, Barbe Bleue, Albin Michel, 23 août 2012
Olivier DUTAILLIS, Le jour où les chiffres ont disparu, Albin Michel, 23 août 2012
Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES, Les fidélités successives, Albin Michel, 23 août 2012
Chloé SCHMITT, Les affreux  (Premier roman), Albin Michel, 23 août 2012
Véronique OLMI, Nous étions faits pour être heureux, Albin Michel, 23 août 2012
Marianne RUBINSTEIN, Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, Albin Michel, 23 août 2012
Keren Russel, Swamplandia !, Albin Michel, 23 août 2012
Tarun TEJPAL, La vallée des masques, Albin Michel, 23 août 2012
Au diable Vauvert
Nicola Rey, L’amour est déclaré, Au diable Vauvert, 13 septembre 2012
Buchet-Chastel
Joël Elgoff, Libellules, Buchet-Chastel, 30 août 2012
Cherche-Midi
William Kent Krueger, Blood Hollow, Cherche-Midi, 13 septembre 2012
Richard Powers, Gains, Cherche-midi, 23 aout 2012
Fayard
Benoît Duteurtre, À nous deux Paris, Fayard, 22 août 2012
Flammarion
Olivier Adam, Les lisières, Flammarion, 22août
Jim Harrison, Grand maître, Flammarion, 5 septembre 2012
Gallimard
Florian Zeller, La Juissance, Gallimard. 30 août 2012
Philippe Djian, Oh… , Gallimard, fin aout
Grasset
Christophe Donner, À quoi les hommes jouent, Grasset, 22 août 2012
Colombe Schneck, Dans la Réparation, Grasset, 22 aout 2012
Philippe Delerm, Je vais passer pour un vieux con, et autres petites phrases qui en disent long,  Grasset 13 septembre 2012
Laurent Binet, Rien ne se passe comme prévu, Grasset, 22 août 2012
JK Rowling, The Casual Vacancy, Grasset, 27 septembre 2012
Héloïse d’Ormesson
Jean Claude Perrier, le voyageur de papier, Héloïse d’Ormesson, 23 août 2012
Pierre Szalowzki, mais qu’est-ce que tu ais là tout seul?, Héloïse d’Ormesson, 30 août 2012
Abha Dawesar, Sensorium, Héloïse d’Ormesson, 23 août 2012
JC Lattès
Maryse Condé, La vie sans fards, JC Lattès,  20 août 2012

 

Joëlle Losfeld
Manuel Sandré, Autour de moi (premier roman), Joëlle Losfeld, 30 août 2012
Le Passage
Fabrice Imbert, Avant la chute, Le Passage, septembre 2012
La table ronde
Thierry Dancourt, Les ombres de Marge Finaly, La table Ronde
Éditions de l’Olivier
Florence Aubenas, La banlieue quand elle ne brûle pas, Editions de l’Olivier, 20 septembre 2012
Tom McCarthy, C, Éditions de l’Olivier, 23 août 2012
Le Dilettante
Philippe Cohen-Grillet, Haut et court (premier roman), Le Dilettante, 22 août 2012
Anne Lenner, Ca va trop vite, le Dilettante, 22 août 2012
Jean-Philippe  Mégnin, La patiente, Le Dilettante, 22 août 2012
Liana Levi
Lucile Bordes, Je suis la marquise de Carabas (premier roman), Liana Levi, 22 août 2012
Silvia Avalone, Le lynx, Liana Levi, 22 août 2012
Alessandro Piperno, Inséparable, Liana Levi, 30 août 2012
Nil
Bernard Pivot, Mais quelle est la question?, Nil, 13 septembre 2012
Plon
Jonathan Dee, La fabrique des illusions, Plon, 23 aout 2012
Salman Rushdie, Joseph Anton : mémoires, Plon,  20 septembre 2012
Seuil
Max Monnehay, Géographie de la bêtise, Seuil, 23 août 2012
François Bon, Autobiographie des objets, Seuil, 23 août 2012
Stéphane Zagdanski, Chaos brûlant, Seuil, 23 août 2012
Juan Gabriel Vásquez, Le bruit des choses qui tombent, Seuil, 23 août 2012
Viola Di Grado, 70% acrylique 30% laine,  Seuil, 23 août 2012
Stock
Philippe Claudel, Parfums, Stock, 12 septembre 2012
Christian Authier, Une certaine fatigue, Stock, 22 août 2012
Sonatine
Chuck Palahniuk, Snuff, Sonatine, 20 septembre 2012
Zulma
Ava Olafsdottir, L’embellie, Zulma, 23 août 2012