Les fuyants – Arnaud Dudek

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 Toute la rentrée littéraire 2013, 
avis de lecteurs 

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Roman adulte
Rentrée littéraire 2013

Les fuyants

 Arnaud Dudek

Alma éditeur, août 2013
127 pages

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Quatre hommes, reliés par des liens familiaux, dont on découvre peu à peu l’histoire. Des souvenirs, des journaux, des bouts de vie, réels, imaginés, reconstitués.
Le grand père, qui a quitté un jour sa famille sans jamais revenir. Le père qui s’est suicidé. Le fils, hacker de génie qui ne digère pas la mort de son père et enfin l’oncle, ancien sportif. Quatre hommes qui fuient la vie, qui ne savent pas reconnaître le bonheur.

La difficulté des relations, notamment avec les femmes, rend nos personnages lâches. Quand ils ont peur de faire face ils préfèrent fuir, quitte à tout perdre.

Arnaud Dudek nous livre un roman où le malheur suinte entre les mots mais tout en donnant une légèreté générale grâce à son écriture et à sa fin qu’on peut espérer optimiste.

Les personnages ont tous leurs failles et on ne peine pas à les comprendre même si leur choix radicaux influent sur le destin d’une famille entière.  La narration se fait au plus proche des personnages et bien que ce roman soit court on s’attache à eux. A Joseph Hintel notamment, ce grand père devenu homme à tout faire dans un établissement scolaire, avec son regard aguerri sur la vie. Il fuit pourtant lui aussi la vie mais avec la conscience de l’âge et les regrets.
Joseph, l’adolescent, avec sa naïveté toute relative apporte aussi une touche de fraîcheur et d’espoir.

Une saga familiale condensée en un temps donné avec des souvenirs qui rejaillissent pour nous faire découvrir la lâcheté des hommes. Un roman miroir d’une société décadente, un mélange acide d’humour et de solitude.

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+ Les avis de Clara,

+ Le premier roman de l’auteur : Rester sage

Kinderzimmer – Valentine Goby [par Cécile]

Aujourd’hui voici l’avis de Cécile W. qui participe au challenge de la rentrée littéraire. Cécile n’ayant pas de blog publiera ses avis sur le groupe facebook ainsi qu’ici, afin que tout le monde puisse les lire! N’hésitez pas à lui laisser des commentaires, peut être que cela l’incitera, comme Sophie, que vous avez pu découvrir dimanche, à ouvrir son propre blog ;)

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Roman adulte
Rentrée Littéraire 2013

Kinderzimmer

Valentine Goby

Actes Sud, août 2013
9782330022600, 20€

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Thèmes : Seconde guerre mondiale, maternité

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1944. Mila, résistante, est arrêtée et déportée à Ravensbrück au moment même où elle se découvre enceinte. Sur les conseils de l’infirmière lors de la visite médicale, elle décide de cacher sa grossesse autant que possible. Dans le blok, au milieu des maladies, de la faim, des actes de résistance et du marché noir, la solidarité s’organise autour d’elle et de son enfant à naître, qui rejoindra par la suite la chambre des enfants.

Encore un livre sur la Seconde guerre mondiale ? Oui, mais pas un livre de plus selon moi : un livre à part. Quel talent, quelle jolie plume faut-il pour tirer de cette noirceur, de cette horreur, un roman aussi beau et plein d’une émotion qui ne soit pas tire-larmes… Valentine Goby ne nous épargne rien de la maladie et de la puanteur, des coups et de la mort ; de la survie de ces milliers de femmes qui, dans une promiscuité inimaginable et confrontées à la faim et aux travaux qui, on le sait, les font mourir à petit feu, se raccrochent au moindre espoir, à un repas évoqué à défaut d’être consommé, aux souvenirs qui illuminent autant qu’ils peuvent faire désespérer.
« Encore » un roman sur ce sujet, mais qui nous permet de découvrir une réalité encore fort méconnue (pour ma part) malgré tout ce que l’on a pu voir et lire déjà : celle de la chambre des enfants, de ces femmes qui arrivaient dans ce lieu de mort en portant la vie.
C’est un superbe roman que j’ai terminé hier matin, mon fils de 14 mois endormi sur mon ventre après un xième réveil nocturne, prenant pleinement conscience de la chance qui est la mienne d’être réveillée par lui, de pouvoir dormir près de lui, l’allaiter autant qu’il le souhaite, sans craindre d’avoir à compter les jours qui nous sont offerts.
J’ai découvert Valentine Goby avec ce titre, nul doute que je m’empresserai de rechercher les autres!
J’ajouterais, en tant qu’enseignante, que c’est un roman nécessaire, parce que nos élèves semblent de plus en plus oublier que tout cela n’est pas qu’une fiction. Un roman qui me semble une très belle occasion pour une exploitation conjointe en français/histoire, dans le cadre d’un travail sur la Seconde guerre mondiale.

Cécile W.
Challenge 1% Rentrée Littéraire 1/6

Kinderzimmer – Valentine Goby [invité]

Aujourd’hui voici l’avis de Sophie M. qui participe au challenge de la rentrée littéraire. Sophie n’ayant pas de blog publiera ses avis sur le groupe facebook ainsi qu’ici, afin que tout le monde puisse les lire! N’hésitez pas à lui laisser des commentaires!

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Roman adulte
Rentrée Littéraire 2013

 

Kinderzimmer

Valentine Goby

Actes Sud, août 2013
9782330022600, 20€

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Thèmes : Seconde guerre mondiale, maternité

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La chambre des enfants … ou l’histoire d’une mère courage sur fond de seconde guerre mondiale et de camp de concentration.

« En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout. Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles. »

Kinderzimmer est une de ces lectures qui laisse des traces , qui vous poursuit et vous invite à repenser ce que vous venez de lire.

Ce roman est une petite perle littéraire ni plus ni moins. L’auteure connait son sujet et le maîtrise parfaitement, lui permettant ainsi de nous livrer des personnages « vrais et sincères ». Pas besoin d’en faire trop, pas besoin de détails sordides ou de romance facile. Non, rien de tout ça uniquement de l’humain, de l’authenticité et de la simplicité pour cette écriture fluide qui vous agrippe sans vous laisser repartir. L’émotion est présente, les faits sont là et tout se combine à merveille, vous emporte sans verser dans le larmoyant. Kinderzimmer est le récit d’un drame humain (le camp de Ravensbruck), mais aussi un récit plein d’espoir et de force accessible à tous (du « simple lecteur » à l’étudiant en passant par l’amateur d’Histoire).

Je qualifierai ma première lecture de cette rentrée littéraire comme étant une petite perle ou une vraie claque … au choix … Quant à moi, j’ai découvert cette auteure avec cet ouvrage et n’ai qu’une envie : découvrir le reste de son univers livresque.

Sophie M.

Challenge 1% Rentrée Littéraire 1/6

Muette d’Eric Pessan

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 Toute la rentrée littéraire 2013, 
avis de lecteurs 

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Roman adulte
Rentrée littéraire 2013

Muette

d’Eric Pessan

Albin Michel, août 2013
224 pages

Muette n’est pas un adjectif ici, c’est un nom. Celui de la narratrice. Il ne la qualifie pas d’ailleurs, puisque cette grande adolescente n’est pas muette. Elle est plutôt rendue muette.

Muette est en fuite. Elle fugue. Non loin de chez elle, dans la campagne qu’elle connait bien. Elle s’est préparée, semble réfléchie. En la suivant dans sa fuite nous allons découvrir son quotidien, ses obstacles et ses peurs mais surtout nous allons tisser la toile de son passé, apprendre peu à peu à la connaître et à  comprendre cette fugue.

Une histoire assez banale en apparence que celle de cette jeune femme qui ne se sent pas à sa place, mais c’est beaucoup plus que cela. Coincé entre un père présent mais trop occupé et une mère au contraire omniprésente, Muette n’a pas la place d’exister. Et cette mère omniprésente nous la côtoyons un peu aussi, d’une certaine manière….

La grande force de ce roman, ce qui fait son originalité et son attrait, c’est le jeu de la narration. Eric Pessan pour nous faire ressentir le mal être de Muette et l’omniprésence aliénante de la mère insère dans le récit des réflexions maternelles, en italique. Celles que la mère aurait pu faire / aurait fait / a fait à ce moment là, dans cette situation là. Ces phrases en italique coupent réellement le récit, n’hésitant pas à s’interposer au milieu des phrases, des pensées, des situations. Et pourtant ses phrases s’intègrent aussi souvent comme une continuité des pensées de Muette. La résistance de cette jeune fille contre la vie qu’on lui impose se fait sentir dans son désir profond de s’intégrer dans la nature, de disparaître.

Omniprésence parentale donc qui sonne dans l’absence et impose un rythme très particulier au récit, sans pour autant le rendre bancal. En cassant l’apparente monotonie de cette histoire simple, Eric Pessan touche le lecteur, le surprend avec de magnifiques moments d’émotion mais aussi avec une douce tristesse.

« La nuit, déjà, et Muette écoute vibrer les insectes, glissée jusqu’au nez dans son sac de couchage. Elle a chaud mais ne peut se résoudre à se découvrir. Dehors, dans le grand monde, des gens courent à sa recherche, elle n’a plus de doute à ce sujet. Elle y est. Elle a grand ouvert les portes de sa vie. »

Rentrée 2013 +Un coup de coeur pour  Jostein

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013

+ D’autres titres de l’auteur : Incident de personne (Albin Michel, 2010)