La vraie vie – Lectrices ELLE (9)

VraieUn roman “coup de poing” de la Rentrée Littéraire…

LA VRAIE VIE
Adeline Dieudonné

L’iconoclaste (2018)
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Présentation de l’éditeur

Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs.

Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.

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Elle a 10 ans. Et dans sa vie, il y a… Un père ultra violent, une mère éteinte et un petit frère de 3 ans son cadet qu’elle protège autant qu’elle peut et qu’elle adore. Il y a aussi cette chambre pleine de cadavres, trophées de chasse du père, avec cette hyène qui lui fait si peur.

Le jour de l’accident, son petit frère arrête de rire. Cela va enclencher chez elle une sorte de moteur intérieur, une motivation sans faille que rien ne va pouvoir arrêter.

Je l’ai lu en un après-midi. Et au soleil, heureusement. La violence est partout dans ce roman. Violence physique, conjugale, psychologique, amoureuse même… Je n’en dis pas plus, si ce n’est que c’est un roman bourré d’énergie, terriblement addictif, qu’on ne lâche plus une fois commencé.

On en prend plein la tête !! Plus qu’une lecture « coup de cœur », c’est une lecture « coup de poing »…

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Extrait : C’était un homme immense, avec des épaules larges, une carrure d’équarrisseur. Des mains de géant. Des mains qui auraient pu décapiter un poussin comme on décapsule une bouteille de coca. En dehors de la chasse, mon père avait deux passions dans la vie : la télé et le whisky. Et quand il n’était pas en train de chercher des animaux à tuer aux quatre coins de la planète, il branchait la télé sur des enceintes qui avaient coûté le prix d’une petite voiture, une bouteille de Glenfiddich à la main. Il faisait celui qui parlait à ma mère, mais, en réalité, on aurait pu la remplacer par un ficus, il n’aurait pas vu la différence.

Ma mère, elle avait peur de mon père.

 

Prix du Roman FNAC 2018

Prix Première Plume 2018

La vraie vie faisait également partie de la première sélection du Goncourt et il est dans la 2ème sélection du Renaudot.

ELLE

9ème lecture / 28

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Je l’ai également lu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire Rakuten

#lavraievie #AdelineDieudonne #MRL18 #Rakuten

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C’est ma 10 ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

Logo Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018 – Picos/Shutterstock

EDIT mai 2019 :

L’avis de Sophie Hérisson :

La vraie vie est un vrai beau roman comme le dit Nathalie, avec une force étrange, dérangeante parfois, mais prenante ! J’ai beaucoup aimé ce roman qui se rapproche beaucoup des codes du roman jeunesse finalement, avec son héroïne adolescente narratrice, et une violence terrible mais dans la retenue en même temps… C’est fort, c’est beau et c’est effrayant à la fois. J’ai beaucoup le personnage principal, ainsi que la façon dont sont survolés ceux qui gravitent autour d’elle !

Cinq branches de coton noir – BD

cinqDeux époques pour un même espoir…

BD ado / adulte (15+)

Cinq branches de coton noir

Yves Sente et Steve Cuzor (ill.)

Couleurs : Meephe Versaevel

Collection Aire Libre
Dupuis (2018)
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En 1776, à Philadelphie, des indépendantistes demandent à Mme Betsy de coudre le premier drapeau des futurs États-Unis d’Amérique. Drapeau qui va être quelque peu transformé par  sa domestique (noire), Angela Brown…

On entend de nouveau parler de ce drapeau 168 ans plus tard, à Douvres, en 1944. La sœur du soldat Lincoln, Johanna,  lui écrit qu’elle a découvert un témoignage époustouflant dans les affaires de leur tante. Cette lettre va changer la vie du soldat Lincoln et des ses amis.

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S’il fallait une preuve de plus qu’on apprend des tas de choses en lisant, y compris des bandes dessinées, cette bd en est la preuve. J’ai étudié la seconde guerre mondiale à l’école, j’ai lu des bouquins, vu des films (terribles…) mais je n’avais jamais entendu parler des “Monuments men” !

Monuments men : Groupe créé en juin 1943 par le général Eisenhower, et chargé de suivre les Alliés afin de récupérer les très nombreuses œuvres d’art dérobées par les nazis. Merci Wiki. (Ok, il faut que je sorte un peu plus, je viens de voir qu’en 2014 George Clooney a fait un film sur eux…)

cinq

J’ai été un peu dégoûté de voir, que malgré le fait qu’ils étaient eux aussi enrôlés et qu’eux aussi risquaient leur vie, les soldats noirs étaient traités avec mépris par les autres soldats, mais j’ai tendance à oublier que la ségrégation raciale aux États-Unis a duré jusqu’à la fin des années 60… (Comment ? J’entends une petite voix qui me dit que ce n’est pas vraiment fini en 2018 ? C’est possible ça ?)

La mise en couleurs

Elle est très spéciale et ne correspond, à priori à rien de particulier (je pensais au départ que le vert était pour Lincoln en 1944 par exemple, mais la suite montre que non !) Bref. De toute façon, j’ai rapidement été prise par l’histoire, et du coup, cette colorisation originale (aplats monochromes) ne m’a pas gênée. Je dirais même plus, elle participe, selon les moments, à donner une ambiance particulière (le gris quand ils sont dans la neige à guetter les allemands…)

J’ai aimé ce scénario à cheval sur deux époques, le très beau dessin de Steve Cuzor et même cette colorisation si particulière. La guerre, ce n’est pas spécialement mon truc pourtant, je serais même plutôt antimilitariste… Mais ici, on parle avant tout des gens, de leur vie et de leurs espoirs.

Une belle bd qui parle de l’Histoire (guerre d’indépendance et seconde guerre mondiale), mais aussi et surtout de culture et de ségrégation.

France Inter a dit : “Une bd à lire comme on regarde un film“. Et c’est tout à fait ça !

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Feuilleter les 20 premières pages sur le site de l’éditeur

Cet album a déjà reçu plusieurs prix : Le “prix Coup de cœur 2018″ (Quai des Bulles) / le “Prix de la BD Embarquée” (Rencontres brestoises de la bande dessinée) / Prix du meilleur album (Festival de BD Louvain-les-bulles)

Écouter Steve Cuzor raconter “comment” il a dessiné cet album :

D’autres que moi ont aimé : Jacques, Mes échappées livresques

Cette semaine nous sommes chez Moka, Au milieu des livres

Ici les femmes ne rêvent pas – Lectrices ELLE (8)

femmes

Une histoire terrible et bouleversante dans l’Arabie Saoudite des années 2000…

Ici les femmes ne rêvent pas
Récit d’une évasion

Rana Ahmad

Globe (2018)

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Quand elle était petite, Rana habitait avec ses parents et ses frères et sœurs à Riyad en Arabie Saoudite.
Et elle était parfaitement heureuse. Puis elle a grandi. Et comme c’était une fille, son pays l’a privée d’une grande partie de sa liberté. Elle nous raconte dans cet ouvrage comment et pourquoi elle a pris la décision de tout quitter, son mari, sa famille, ses amies, son pays…

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Pour l’occidentale que je suis, européenne, et élevée de surcroit par des parents athées, la lecture de ce livre a été une vraie “révélation” !

Bien sûr, j’ai déjà croisé des femmes voilées ou portant la burka dans la rue. Bien sûr j’ai entendu parler de ces histoires dans les banlieues où les garçons surveillent leurs sœurs, leurs mères, allant parfois jusqu’à les frapper…

Mais je ne m’étais jamais rendue compte à quel point la loi islamique, la charia, faisait d’un pays comme l’Arabie Saoudite une prison à ciel ouvert pour les femmes… Un endroit où aucune liberté n’existe pour elles.

Tout ce que cette jeune femme raconte est récent, puisque ce dont elle parle s’est passé dans les années 2015/2016.

Page 136, j’ai été frappée par une de ses réflexions :

“Je sais aujourd’hui que dans d’autres pays on apprend la théorie de l’évolution aux enfants, qu’elle y est devenue une évidence et que ces connaissances sont librement accessibles. Pour une personne qui a grandi là-bas, il doit être difficile de comprendre quelle sensation on éprouve quand on voit la lumière après tant d’années d’obscurité.”

Si, à l’époque de Darwin (voir sa bio en bd), il n’est pas étonnant que ses théories aient été controversées, j’ai été scotchée de voir qu’il y avait encore des gens pour remettre en cause sa fameuse théorie de l’évolution au XXI ème siècle !

La 2ème partie du livre parle de la dure vie de migrant.

Comment ils se font voler par certains passeurs et comment leurs vies sont mises en danger. Comment ils sont traités ensuite par les différents pays traversés…

Puis, quand ils sont enfin arrivés dans un pays susceptible de les accueillir (ici l’Allemagne), le temps passé à attendre d’avoir des papiers pour avoir le droit de mener, enfin, une vie normale.

Une chose est sûre : je ne suis pas près d’aller en Arabie Saoudite ! J’étais bien assez agacée, en Italie, d’être obligée de couvrir mes cheveux et mes épaules pour visiter les églises… Une lecture “coup de poing” !

Les femmes saoudiennes n’iront pas en enfer, il y a longtemps qu’elles y viventHamza Kashgari, poète saoudien. (p.283)

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ELLE

8ème lecture / 28

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C’est ma 9 ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

Logo Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018 – Picos/Shutterstock

Violette Mirgue : une souris héroïne d’albums

Partez à la découverte de Toulouse ou Paris en compagnie de Violette Mirgue, une petite souris enquêtrice qui a su charmer ma fille !

Violette MirgueViolette Mirgue

de Marie-Constance Mallard

Privat, 2014-2018
12,90 ou 13,90€ selon les titres

Thèmes : Enquête, Toulouse, Paris, Pyrénées, Souris

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Violette Mirgue est une petite souris très maline, qui se transforme en détective pour résoudre de petits mystères à sa hauteur. Ses enquêtes sont surtout prétexte à la découverte d’un environnement : Toulouse, l’aviation, les Pyrénées, le Canal du midi ou Paris selon les titres.

A ma première lecture je n’ai pas vraiment accroché à cette héroïne aux histoires tirées par les cheveux… C’était sans compter sur ma mini hérissonne qui a très vite adoré ce petit personnage récurrent malgré la longueur des albums, ou peut être grâce à la longueur justement, prétexte à un temps de lecture plus long le soir. On a commencé à lui lire ses premiers titres vers 18 mois et maintenant elle connait tous les albums par cœur ! Elle appelle d’ailleurs toujours les souris de ses histoires et dessins Violette Mirgue, et elle est heureuse à chaque nouveau tome (offerts par sa super grande tante toulousaine ! –bisous si tu me lis-)

Si ces albums sont complexes, elle nous bluffe régulièrement en repérant plein de détails, et en replaçant certaines choses en dehors des livres, preuve qu’elle comprend bien! Il faut dire que les histoires de Marie Constance Mallard regorge de petites expressions, de personnages drôles et touchants et de petits détails incongrus. Ainsi on part à la recherche de fourmis, de plumes de couleur ou de petites souris au fil des pages. Un vrai jeu d’observation qui a commencé à intéresser ma mini hérissonne un peu avant 3 ans.

Violette Mirgue Mystère et fromage à Toulouse.

Violette Mirgue – Mystère et fromage à Toulouse

Les illustrations ont un style particulier, un peu enfantin, mais elles  offrent un joli mélange entre réalité géographique et monde des petites souris. Le découpage des pages est intéressants, vivants, mais pas toujours facile à appréhender par les enfants. La lecture de l’image nécessite un regard attentif, et plusieurs lectures… ce qu’incite l’auteur en ajoutant des petites choses à chercher dans l’histoire – trouverez-vous dans l’extrait au dessus les petits morceaux de fromages égarés ?

Violette Mirgue est une petite héroïne récurrente adorable, que ma fille prends plaisir à retrouver dans de nouvelles aventures à chaque fois. Une première découverte de l’enquête, accompagnée d’une découverte culturelle qui invite à visiter Toulouse ou Paris avec un autre regard : un beau mélange pour les enfants. Malgré des histoires prétextes notre petite Violette Mirgue séduit les plus jeunes. Prochaine étape : emporter le livre lors de notre prochaine visite parisienne / toulousaine et retrouver les détails en vrai !

Ma mini hérissonne a la chance d’avoir plusieurs tomes dédicacés, dont un avec des plumes collées à l’intérieur, qui font son bonheur !

Retrouvez les enquêtes de Violette Mirgue dans  :

Mystère et fromage à Toulouse (Toulouse)
Un ours à réveiller dans les Pyrénées (Pyrénées)
Un anniversaire en avion (histoire de l’aviation / Toulouse)
Une semaine pour sauver Noël (Pôle Nord / Noël)
Le ballet des couleurs à Paris (Paris) – Existe en anglais
Le trésor du canal du Midi (Canal du Midi, album à compter) – Existe en occitan
L’abécédaire de Violette Mirgue (à paraître)

Marie-Constance Mallard - Una aventura de Violeta Mirga - Le tesaur del canal del Miegjorn.Marie-Constance Mallard - Une aventure de Violette Mirgue - Une semaine pour sauver Noël.Marie-Constance Mallard - Une aventure de Violette Mirgue - Le ballet des couleurs à Paris.Marie-Constance Mallard - Une aventure de Violette Mirgue - Au pays des avions.

+ pour suivre les aventures de Violette Mirgue, vous pouvez aller consulter la page Facebook

+ Marie Constance Mallard a aussi écrit un roman avec l’enquête d’une petite Pastelle, toujours à Toulouse. Pastelle et le club de la Violette est un roman très prenant et bien mené, dès 9 ans. Je vous en ai parlé sur Instagram, mais l’article n’est toujours pas écrit…

+ Challenge Je lis aussi des albums