Les inséparables – Lectrices ELLE (14)

Simone

Les inséparables
Simone Veil et ses sœurs
Dominique Missika

Seuil (2018)

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Ce livre raconte la jeunesse des trois sœurs Jacob : Madeleine, Denise et Simone. Comment elles ont vécu l’arrivée de la guerre, la déportation et survécu aux camps de concentration. Puis, à leur retour, alors qu’elles auraient aimé parler, raconter leur terrible histoire, essayer sans doute d’évacuer toutes ces horreurs, elles ne vont rencontrer que gêne ou incompréhension. Une double punition finalement. Les gens voulaient fêter la fin de la guerre, célébrer les résistants et oublier le reste.

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L’ouvrage est découpé en 4 parties. Au départ, il y a l’enfance -heureuse- des enfants Jacob qui se termine avec le début de la guerre.

Dans la 2nde partie, on aborde le retour des camps, l’incompréhension, la gêne. La difficulté de trouver sa place. Avoir envie de parler de ce qu’elles ont vécu, mais à qui ?

La suite parle du mal qu’elles ont à recommencer à vivre “normalement”, tout en repartant de zéro parce qu’elles n’ont plus rien, même pas leurs vêtements.

Et la dernière partie parle du devoir de mémoire. Ce qu’ont vécu ces femmes a façonné toute leur vie. Elles n’ont jamais pu -et sans doute jamais voulu- oublier ce qu’elles avaient vécu et se sont battues chacune à leur manière pour que l’on n’oublie pas.

J’ai appris au moins une chose en lisant ce livre :

la façon dont s’est passé le “retour” des personnes déportées. Mes “connaissances” sur la seconde guerre mondiale s’arrêtent aux camps de concentration en fait. Je n’ai jamais étudié “l’après-guerre“, et du coup, certaines choses relatées ici sur la manière dont ont été traités les gens qui rentraient des camps m’ont beaucoup surprise… J’avais commencé à lire “Une vie” l’autobiographie de Simone Veil, il y a quelques années, et arrivé à la moitié, j’avais arrêté. Ce livre m’a donné envie de reprendre ma lecture !

Une seule chose m’a gênée dans ce livre. On sent par moment une sorte de vénération de l’auteur pour les sœurs Jacob (“elles étaient belles…”, “une jolie blonde”, “un teint de porcelaine”…) et ça m’a un peu agacée. Quand je pense à Simone Veil, je pense d’abord à une femme intelligente, déterminée, qui a fait avancer la cause des femmes.

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Dominique Missika est journaliste, éditrice et historienne. C’était une proche de Simone Veil et de Denise Vernay. Elle a réalisé ce livre à partir de souvenirs personnels et de ses rencontres avec les deux sœurs. Voir ici sa biographie sur France Culture.

ELLE

14ème lecture / 28

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C’est ma 18 ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

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Des noeuds d’acier – polar adulte

noeudsUn roman abominable, que vous ne lâcherez pas !!
Roman policier adulte

Des nœuds d’acier
Sandrine Collette

Le livre de poche (2013)

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Grand Prix de littérature policière en 2013

Trophées 813 en 2014 du meilleur roman francophone

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6h, un matin du mois d’avril 2001. Le jour se lève à peine et Théo sort de prison après 19 mois passés derrière les barreaux. Sa première action, après avoir bu un expresso dans un bar, est d’aller récupérer sa voiture. Et la deuxième, d’aller voir son frère, à cause de qui il a passé tout ce temps en prison. Il faut dire aussi… Mais non ! Je ne vais pas tout vous raconter.

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J’ai le mal des transports. Voiture, car, avion et même le train… Ce qui fait que je n’arrive jamais à lire très longtemps même sur un long trajet. Pourtant, lors d’un voyage en train cet été, je n’ai pas pu lâcher ce roman !! Il s’y passe des choses terribles, terrifiantes, il y a beaucoup de suspense (on se dit que ce n’est pas possible, que ça va s’arranger, que quelqu’un va arriver…)

Bref, j’ai marché à fond !!

 

Âmes sensibles s’abstenir, c’est parfois assez glauque et plus proche du film d’horreur que du roman policier

Des nœuds d’acier est un roman terrible, parce que ce qui s’y passe pourrait très bien arriver… Brrr… J’en frémis rien que d’y penser !

J’avais entendu parler de Sandrine Collette à de nombreuses reprises, mais je n’avais encore rien lu d’elle. C’est chose faite et croyez-moi, j’en lirai d’autres !

Un dernier conseil : n’allez pas lire trop d’avis sur ce roman, beaucoup en dévoilent trop ! Et c’est bien dommage pour le suspense…

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Extrait :

“Je crois que je préfère crever plutôt que d’être renvoyé en prison. C’est une chose d’y aller la première fois, quand on ne sait pas à quoi s’attendre, et d’y retourner une seconde fois avec en tête toutes les épreuves qui vont jalonner votre arrivée. Quand j’ai imaginé que je pourrais retomber dans les pattes du grand Gilles, je me suis hérissé et la voiture a fait un bond en avant. Daï daï, garçon ; file ! J’ai mis vingt-quatre heures une fois installé ici, au bout du monde, à arrêter de trembler.”

Un autre roman avec un homme séquestré sans qu’il sache pourquoi : Oxymort de Franck Bouysse

Présumée disparue – Lectrices ELLE (13)

présumée

Roman policier adulte – Rentrée littéraire

PRÉSUMÉE DISPARUE
Susie Steiner

Equinox
Les arènes (2018)

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Une nuit, après une énième rencontre Internet ratée, Manon Bradshaw est envoyée sur une scène de crime.
Edith Hind, étudiante à Cambridge, belle, brillante et bien née, a disparu. Peu d’indices, des traces de sang…
Chaque heure compte pour la retrouver vivante. Les secrets que l’inspectrice Bradshaw s’apprête à découvrir auront des conséquences irréversibles, non seulement pour la famille d’Edith mais pour Manon elle-même.

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Au fil des jours et de l’enquête sur la disparition présumée d’Edith, on accompagne une équipe de policiers dans leur vie professionnelle (avec tous les soucis de pression hiérarchique, médiatique et de budget) mais aussi dans leur vie privée, qui est parfois bien “polluée” par ce travail prenant.

Un polar qui a l’avantage d’être plus psychologique que sanglant, et dans lequel, on entend à tour de rôle Manon, enquêtrice solitaire, maladroite dans les relations humaines et parfois gaffeuse, Davy, policier confronté quotidiennement à la misère humaine mais pourtant éternel optimiste, Helena, amie de toujours d’Edith, Myriam, mère éplorée de la disparue…

Par rapport à certains “page-turner”, le rythme est assez lent (mais on ne s’endort pas non plus hein !), ce qui nous permet de faire plus amples connaissances avec les différents protagonistes, mais néanmoins le suspense est présent tout au long du roman et jusque dans les dernières pages.

En bref :

Une enquête qui réserve de  drôles de surprises,  quelques fausses pistes, des personnages complexes et une enquêtrice humaine -malgré un fichu caractère- que j’aurai plaisir à retrouver dans un autre roman !

Une jolie découverte.

P.S : Je viens d’apprendre que l’on pourra retrouver Marion Bradshaw, l’enquêtrice, dans un autre polar à la rentrée 2019.

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ELLE

13ème lecture / 28

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C’est ma 17ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

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Le Monde de Christina – Rentrée Littéraire

ChristinaRentrée Littéraire – Roman

Le Monde de Christina
Christina Baker Kline

Belfond (2018)

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Du monde, Christina Olson n’a rien vu. Paralysée depuis l’enfance, elle vit recluse dans la ferme familiale, perchée sur une falaise du Maine. Sa seule ouverture sur l’extérieur : une pièce remplie de coquillages et de trésors rapportés des mers du Sud par ses ancêtres, farouches marins épris d’aventures, et dont les histoires nourrissent ses rêves d’ailleurs.

L’arrivée de nouveaux voisins, la pétillante Betsy et son fiancé, le jeune peintre Andrew Wyeth, va bouleverser le quotidien de cette femme solitaire. Alors qu’une amitié naît entre elle et le couple, Christina s’interroge : pourra-t-elle jamais accéder à la demande d’Andrew de devenir son modèle ? Comment accepter de voir son corps brisé devenir l’objet d’étude d’un artiste, d’un homme ?

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La première chose qui m’a attirée dans ce roman, c’est la couverture (illustration et titre). Il faut dire qu’elle ressemble beaucoup (et pour cause, il s’agit du même peintre !) à une carte postale représentant le tableau ci-dessous (qui s’appelle “Christina’s world), achetée il y a quelques années et que j’aime beaucoup car elle fait partie de ses tableaux un peu étrange qui font que je me pose des questions (Qui est cette femme ? Qu’est-ce qu’elle fait là ? Et ainsi de suite !) et que j’ai envie d’inventer l’histoire qui va avec la peinture…

Ensuite, j’ai vu le nom de l’autrice, et il ne m’a pas fallu longtemps pour me souvenir que j’avais déjà lu et apprécié un de ses précédents romans (que je vous conseille !) intitulé “Le train des orphelins” (chez Belfond également et il vient de sortir en poche).

Un roman qui m’a beaucoup plu, sans être un coup de cœur : je n’ai pas aimé la façon qu’à l’histoire d’aller d’une époque à l’autre -alors que d’habitude ça ne me dérange pas- ici j’ai trouvé que ça compliquait inutilement les choses et qu’une narration linéaire et chronologique aurait mieux servi l’histoire (à part pour les passages remontant vraiment loin dans le passé).

Christina n’est pas vraiment un personnage facile à cerner ou à aimer. Elle est parfois très dure, y compris avec elle-même. Mais c’est un personnage attachant malgré tout et qui ne s’attendait sûrement pas à devenir la muse d’un peintre…

Christina Baker Kline explique qu’elle a tout d’abord fait beaucoup de recherches sur ce peintre, son modèle, cette maison, l’époque… Puis qu’elle a écrit son roman. Ce n’est donc pas une biographie du peintre ou de son modèle, mais bien un roman inventé à partir d’un tableau et de quelques faits.

Une chose est sûre : je ne pourrais plus jamais voir ce tableau sans penser à Christina

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Image associée

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C’est ma 16ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

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