Les nouveaux contes de la cité perdue de Richard Bohringer

Les nouveaux contes de la cité perdue

de Richard Bohringer

Roman (adulte)

Flammarion, mai 2011
174 pages, 15€
ISBN 9782081260917

Thèmes : Nouveau monde, critique, littérature, schizophrénie, communauté

Mon avis :
Richard Bohringer, je le connais de nom, surtout pour sa carrière d’acteur. Je ne savais pas qu’il était aussi dramaturge, éditeur, scénariste, producteur, musicien, chanteur… Et écrivain donc ! Avec plusieurs titres déjà, une petite dizaine de romans. Il était temps de le découvrir donc.

Commençons par le commencement : la couverture. Elle est belle, mais je l’ai surtout trouvé vendeuse… ” vous me reconnaissez ? Achetez donc mon livre !” et bien finalement elle est tout à fait adaptée au roman, à son ambiance, et à ce que Richard Bohringer nous livre ici. Un texte intime et engagé.

Les nouveaux contes de la cité perdue est un roman qui laisse à voir le monde d’aujourd’hui dans tout ses défauts… et ses espoirs. Un roman perturbant. Par son thème, ses personnages et son écriture. J’ai un sentiment mitigé après la lecture de ce roman. Mitigé parce qu’il y a des passages vraiment magnifiques, des réflexions tellement pertinentes… Et puis à côté de ça on a ces personnages schizophrènes… et un auteur que je soupçonne de se prendre un peu trop au sérieux. Il cite le dernier Houellebecq et bien ce roman m’y a un peu fait penser. Mais pas vraiment dans le bon sens. On avait Houellebecq se mettant en scène, fou mais se jetant des fleurs… Ici c’est moins clair, mais le “héros” John (ou Thierry) qui n’est cité dans tout le livre qu’à la troisième personne [je crois que c’est ce que j’aime tant dans la littérature jeunesse, la première personne…], John donc écrit un livre “Les nouveaux contes de la cité perdue”, et même si lui n’est pas trop sûr, persuadé qu’il ne sera jamais un écrivain tel London, les autres personnages l’encense. Sans parler que John est acteur…
Les personnages sont souvent juste de passage dans ce roman, à peine esquissé alors qu’ils semblaient si intéressants. Beaucoup de mystères dans l’ensemble, on reste loin, les sentiments des personnages ne nous sont que peu accessible. Seules se dégagent les relation en Paulo, Solange/Betty et John/Thierry. Un histoire d’amitié, une histoire d’amour aussi, dont on connait, contre toute attente, la fin.
Et puis il y a, comme fond, comme paysage et comme moteur, le nouveau monde et la littérature. Ce monde ravagé qui cohabite avec le “notre”, contre les vanités et malveillances, mais avec un café “le bout du monde” où tous s’alcoolisent chaque soir…

Sentiment mitigé donc, parce que l’écriture saccadée, qui va bien avec le thème, n’a pas su me séduire. Ce livre oscille entre magnifiques phrases, envolées lyriques, et passages torturés. Un livre que j’ai tout de même lu d’une traite, mais je ne suis pas sure que je continuerai ma découverte de Richard Bohringer auteur.

Extraits :
“John cherchait nuit et jour l’inspiration.
Paulo aimait écrire sans but. Il aurait aimé apprendre son livre par coeur sans en laisser une trace écrite. Il disait qu’il suffisait d’un seul lecteur. D’un seul ami. John. Paulo savait que John ne se remettrait que grâce à son amour fou des mots et des maîtres, qui ne l’avait jamais découragé. John n’avait pas de génie. Il le savait. Vivre était sa syntaxe, sa syncope. Les plus beaux livres qu’il avait lus le rendaient plus fort. Il n’écrirait jamais comme Jack London. Voilà tout. Le plus dur était devant. De vivre sans génie. Pour la beauté des mots. Pour leur dire merci. Se parler à haute voix, entendre ce que l’on pressent.”
“Après quelques heures de sommeil il s’agrippait à sa vieille machine et tapait si fort que les crapauds taisaient leur concert connard. Il parlait en même temps, faisant sonner le phrase, l’écoutant avec le dégoût que peut provoquer la gourmandise.”
“Dans les anciens territoires, les habitants Rolex seraient de nouveau dans leurs piscines tranquilles, baignant dans leur vanité et leur temporel, leur inquiétude devant le Cac 40.
D’autres, des nouveaux rêveurs, prendraient la route, convaincus par le peuple des nouveaux territoires de tenter l’aventure. Encore une nuit de travail qui se finirait Au bout du monde.
“Papy tout fou tentait de s’envoler en vélo. Le vélo de Marceau. Papy tout fou était persuadé que le vélo de Marceau était magique. Comment un homme qui buvait autant pouvait-il tenir sur un vélo ? Il fallait que celui-ci soit magique. C’était sûr.”
“La nuit vient. Tout s’éveille. Tout devient lisible. Le début et la fin de l’histoire.”

 

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

N’ayez pas peur nous sommes là de Janine Boissard

N’ayez pas peur nous sommes là

de Janine Boissard

Roman pour adulte (femmes)

Flammarion, mars 2011
331 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-0812-4706-2

Thèmes : Amour, Famille, Pompier, Secours

Présentation de l’éditeur :

Elle s’appelle Ninon Montoire, a trente ans, est sapeur-pompier.
Accidents de la route, bus scolaire en perdition, secours d’urgence aux blessés, aide aux personnes esseulées, risques de pollution, feux difficiles à maîtriser… dans son métier tout peut arriver. Jour et nuit, durant ses gardes à la caserne, elle se bat, parfois au péril de sa vie, pour tous ceux que frappent le malheur, la maladie, l’adversité, s’efforçant de maintenir la petite flamme de l’espoir, quelle que soit la gravité de la situation.
“L’espoir, dit-elle, un pompier n’a que ce mot au cœur.” A la maison, les jours de repos, elle trouve avec Sophie, cinq ans, sa petite fille, gaieté et tendresse. Et avec Agnès, sa mère, douceur et compréhension. L’amour ? Ninon a décidé de ne plus y croire. Mais le “soldat du feu” ne se doute pas que, bientôt, il l’embrasera à nouveau. Cet incendie-là sera-t-il le plus dur à maîtriser ?

Mon avis :

Voici un nouveau bon roman de Janine Boissard ! Janine Boissard, c’est une auteure prolifique de roman d’amour mais sans tomber dans le roman facile et reprenant toujours les mêmes recettes… J’ai lu plusieurs de ces romans, toujours avec plaisir en fait, parce que c’est bien mené, que les personnages sont toujours sympathiques à suivre, et que ce sont des livres qu’on se prête de mère en fille. Après Sois un homme papa et Loup y es tu (et beaucoup d’autres qui ne sont pas sur mon blog) voici le premier que ma grand-mère ne lira pas avec nous… Je suis pourtant sûre qu’elle aurait apprécié cette plongée dans le monde des pompiers !

En effet Janine Boissard crée des livres vivants en renouvelant toujours ses personnages. Ici c’est Ninon Montoire que l’on suit, et avec elle toute l’équipe de pompier dont elle fait partie. Après un accident sur la départementale entre Tours et Loches où Ninon sauve Paul, le fils d’un médecin connu, plus rien ne sera fait pareil. Article de journal “L’ange de la Départementale 943”, et surtout rencontre avec un journaliste, le journaliste, William Launay. Les hommes sont nombreux autour de Ninon, qu’ils soient présents ou absents ils jouent tous un rôle important dans sa vie, dans son histoire. Ce roman est celui d’une histoire d’amour donc, avec un trio amoureux, mais surtout ce sont les “aventures” d’une brigade de soldat du feu. Des faits divers, des personnages que l’on ne fait que croiser, mais beaucoup de gens vraiment touchants et attachants, pour un roman tendre et émouvant.

Ce n’est pas mon Janine Boissard préféré cependant, j’aime un peu plus de suspense comme dans Loup y-es-tu, mais c’est comme toujours un plaisir. J’ai vécu pour un temps hors du temps avec Ninon, sa petite si mignonne, et ceux qui les entoure. Un détour par la plage entre deux incendies, pour des moments vraiment poétiques dans ces pages ! Une lecture agréable pour décompresser, relativiser aussi, et pleurer parfois…

Un roman lu en mars, pour un avis qui aura tarder à venir, mes excuses à toute l’équipe de Gilles Paris, qui doit parfois s’arracher les cheveux avec moi ^^

D’autres avis : Stef, Françoise B., Catherine, Martine et Madame Yv plus sceptique.

Défi La Plume au féminin A/4

par Opaline

Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig

Lettre d’une inconnue

de Stefan Zweig

Roman épistolaire

Stock, 2009
La Cosmopolite
9782234063112, 10€

Thèmes : Amour, Lettre, Passion

Présentation de l’éditeur :
“Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l’ombre, n’attendant rien en retour que de pouvoir le confesser.
Une blessure vive, la perte d’un enfant, symbole de cet amour que le temps n’a su effacer ni entamer. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie.”

Mon avis :
On n’a jamais assez de livres. Non ? En tout cas c’est mon cas, ainsi depuis que je suis jeune, pendant les vacances, j’écume bouquinerie et bibliothèque… Au cas où, parce qu’il n’y a rien de plus terrible que de ne pas avoir prévu assez de lecture pour les vacances. Bref je suis donc partie 48h au ski, avec 2 gros livres, et j’ai pourtant trouvé le moyen de lire là bas 2 romans et 4 albums non prévu au programme. Parce que l’attrait de la découverte est toujours plus fort, et que je ne peux passer à coté d’une occasion. Tout cela pour vous dire que je ne connais pas Zweig, pas vraiment, et encore juste de loin, pourtant ce n’est pas faute d’en entendre parler sur les blog et de noter certains titres. Avais-je noté celui ci… non en fait je ne crois pas, mais aucune importance j’ai sauté sur l’occasion!
Alors est ce que j’aime Zweig ? Je ne saurai pas dire, mais ce qui est sûr certain, c’est que j’ai adoré ce roman !

L’histoire est vraiment prenante, belle et triste à la fois. Un homme, écrivain,  reçoit un jour une lettre. Une longue lettre. Le témoignage d’une vie, la plus belle déclaration d’amour qui existe. Mais une déclaration qui arrive tard, trop tard. Un amour d’enfant, un amour de voisinage, une passion absolue, même à sens unique.

J’ai vraiment été bluffée par ce roman qui nous entraine dans les tréfonds du sentiment amoureux, qui décortique les mécanismes de l’amour sans leur enlever leur poésie et leur naïveté. C’est magistralement mené, avec une plume légère et puissante.

Ici nous avons un récit dans le récit plus qu’un roman à proprement parlé épistolaire, puisqu’il s’agit d’une seule lettre, mais quelle lettre! On souffre avec cette femme amoureuse, et j’ai pleuré devant tant d’émotions…

Extrait :
“Je t’attendais, je t’attendais toujours, comme, pendant toute ma destinée, j’ai attendu devant ta vie qui m’était fermée.”

Et même si c’est un challenge de l’an dernier

j’ai envie de dire à Karine :)

Ich Liebe Zweig!

 

Ce livre a été lu dans le cadre des lectures croisées mensuelles que je fais avec Liyah, notre thème en était l’écriture!

Elle a d’ailleurs choisi à cette occasion de nous présenter Tout près le bout du monde de Maud Lethielleux, un livre que j’ai adoré!

Danbe d’Aya Cissoko et Marie Desplechin

Danbe

d’Aya Cissoko et Marie Desplechin

Roman adolescents / adulte

Calmann-Lévy, février 2011
9782702141755, 15€

Thèmes : Immigration, Intégration, Boxe, Volonté, Famille

Une petite fille immigrée grandie heureuse à Ménilmontant, frappée par une série de deuils familiaux, devient championne de boxe puis étudiante à Sciences Po : le parcours hors du commun d’Aya, raconté avec force et justesse par Marie Desplechin.
Danbé est le résultat d’une longue conversation entre Aya Cissoko et Marie Desplechin. Quand elles se sont rencontrées chez des amis communs, le projet d’écrire une « vie d’Aya » était déjà ancien ; Aya en avait posé les grandes lignes sur le papier. Il pouvait sembler curieux, voire prématuré, de se lancer dans un récit autobiographique, quand son auteur avait tout juste une petite trentaine d’années.
Mais son destin à la fois exemplaire et particulier justifiait la démarche. Fille de parents maliens venus d’un village pour s’installer à Paris, Aya connaît les conditions de vie difficiles d’une famille pauvre et déracinée.

Mon avis
Cette autobiographie est menée de mains de maître par Aya Cissoko et Marie Desplechin. J’avoue bien volontiers que c’est le nom de Marie Desplechin, auteur jeunesse que j’affectionne, qui m’a poussé vers ce livre. Je ne connaissais pas du tout Aya Cissoko… et tant mieux finalement, car j’ai pu découvrir son histoire petit à petit, au fil des lignes. Je suis entrée tout entière dans ce récit, j’ai eu peur, j’ai eu les larmes aux yeux, le sourire aux lèvres, envie de crier… mais surtout l’envie de tourner les pages, de continuer à découvrir ce destin si particulier, tellement plein de force et de dignité.
Un parcours exemplaire ? Pas vraiment en fait, et je ne le souhaite à personne, sauf que ce sont ces épreuves qui ont fait d’Aya Cissoko une femme aux talents multiples…

Dans ce livre nous découvrons la France, et Paris, sous les yeux d’une petite fille, puis d’une adolescente qui n’a pas choisi de vivre là où elle vit, mais qui s’y adapte. Alors non ce n’est pas un roman sur les “quartiers”, pas vraiment, mais ce qui y est évoqué est intéressant, car même dans les situations dramatiques, il y a des lueurs d’espoir. “L’avantage” d’une autobiographie contrairement à un roman, c’est qu’on ne peut rien épargner au personnage principal… Même si ce récit est celui d’une réussite, multiple d’ailleurs, ce n’est pas que cela, il y a aussi les trous noirs, les difficultés, la pauvreté, la mort… Le tout est superbement maitrisé, car on ne tombe jamais dans le pathos. Un témoignage admirable d’une jeune femme qui continue d’avancer, et de réussir!

Alors un grand bravo à Aya tout d’abord, pour cette force, cette leçon de vie, et ses réussites… et mes félicitations à Marie Desplechin aussi, qui a prêté sa plume et son talent à ce récit! Une autobiographie qui est à lire, à transmettre, et à faire lire, notamment aux adolescents, mais pas que!

Une rencontre a eu lieu à Paris, certains adolescents vont avoir la chance des les rencontrer (c’est ça aussi d’avoir 2 supers nanas comme profs :)
L’avis plus qu’enthousiaste de Stephie, qui a en plus assisté à la rencontre parisienne. Mais aussi les avis de Noukette, Constance93, et Chiffonnette !

Extrait :
” Grandir enfant français de parents africains donne un regard particulier sur l’Histoire, un regard ironique, un peu méfiant. Je ne sais pas si l’Afrique a un problème avec l’Histoire. Mais je suis à la bonne place pour constater que l’Histoire a un problème avec l’Afrique.”