Le Chant des revenants – Prix Lectrices ELLE (23)

revenants

Un roman au charme envoûtant

Le Chant des revenants ♥

Jesmyn Ward

Belfond (2019)

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Présentation de l’éditeur : Jojo n’a que treize ans mais c’est déjà l’homme de la maison. Son grand-père lui a tout appris : nourrir les animaux de la ferme, s’occuper de sa grand-mère malade, écouter les histoires, veiller sur sa petite sœur Kayla.
De son autre famille, Jojo ne sait pas grand-chose. Ces blancs n’ont jamais accepté que leur fils fasse des enfants à une noire. Quant à son père, Michael, Jojo le connaît peu, d’autant qu’il purge une peine au pénitencier d’État.
Et puis il y a Leonie, sa mère, qui vient d’apprendre que Michael va sortir de prison et qui décide d’embarquer les enfants en voiture pour un voyage plein de dangers, de fantômes mais aussi de promesses…

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Que dire ? Que dire de ce magnifique roman pour vous convaincre de le lire ?

De vous laisser porter, emporter par cette histoire magique et tragique ? Belle et terriblement triste à la fois ?

Les personnages :

Ils sont tous tellement présents, tellement “réels“… Le grand-père, Papy, qui a vécu des choses abominables, pense à des revenants et qui ne revit que grâce à l’amour de sa femme et de celui qu’il donne à ses petits enfants, Jojo et Kayla.

La grand-mère, malade, qui essaie de laisser des provisions d’amour à sa fille et à son petit-fils avant de s’en aller. La mère, Leonie, perdue dans son amour pour Michael et incapable de s’occuper de ses enfants. Jojo, qui veille sur sa petite sœur Kayla, qui la porte tout au long du livre, comme il porte toute l’histoire.

A tour de rôle, Jojo, Leonie et Richie nous racontent leur histoire. Ils racontent les hommes, bons ou méchants, la chaleur et la moiteur du sud, le racisme, la bêtise, les croyances…

Une histoire qui, de toute façon, ne pourra pas vous laisser indifférent !

Un gigantesque coup de cœur pour ce roman envoûtant

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Extrait (p.29) :

“Richie, il s’appelait. Son vrai nom c’était Richard et il avait tout juste 12 ans. Il avait pris trois ans pour avoir volé de quoi manger : de la viande séchée. Ils étaient un paquet à être là pour avoir volé à manger parce que tout le monde était pauvre et crevait de faim, et même si les blancs pouvaient pas nous faire bosser à l’œil ils se débrouillaient pour qu’on ait ni contrat ni salaire.

Richie, c’est le garçon le plus jeune que j’ai vu à Parchman. Y’avait bien deux mille hommes répartis dans plusieurs fermes pénitentiaires sur je sais pas combien d’hectares. Pas loin de trente mille, je dirais. Parchman, c’est un endroit qui fait semblant de pas être une prison, quand t’arrives tu te dis que ça va pas être l’horreur, parce qu’il y a pas de murs. A l’époque, c’était juste une quinzaine de camps fermés par des barbelés. Pas de briques, pas de pierres. Nous, les détenus, on nous appelait les bandits et on bossait sous les ordres des tireurs, des détenus comme nous sauf que le directeur leur avait filé des armes pour qu’ils nous surveillent.”

ELLE

23ème lecture / 28 (+1)

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Un roman qui avait toute sa place au Challenge African American History Month chez Enna – Mais que j’ai lu trop tard !

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Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris de David Zaoui

Un roman original, décalé et qui fait vraiment du bien!

Roman réaliste, littérature adulte

Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris

de David Zaoui

Editions JC Lattès, 2019, 288 pages.

Thèmes: peinture-quête identitaire-amitié-amour

 

« As-tu pensé, Alfredo, à ce que sera ta vie si tu ne parviens pas à percer dans cette voie qui est la tienne ? Que deviendras-tu ? Chauffeur routier, vendeur de cartes de visite, slameur ? Que pourrais-tu devenir  ? Tu ne sais rien faire.

Dans une HLM de banlieue, vivant sur le même palier que ses parents juifs italiens, Alfredo Scali est un loser au grand cœur qui se rêve artiste. Mais pas n’importe lequel! Alfredo peint « l’inconscient des animaux à travers leurs rêves » : celui des ours bipolaires et des crabes kleptomanes, entre autres…

Entouré d’un père soigneur dans un zoo et d’une mère qui prépare inlassablement des pâtisseries, d’une grand-mère foldingue atteinte d’Alzheimer, d’une touriste italienne aussi ensorcelante qu’inaccessible et d’un conseiller Pôle Emploi spécialisé dans les jobs neurasthéniques, sa vie d’artiste pleine de doutes et d’espoirs paraît sans issue.

Tout va changer lorsque Alfredo va hériter… de Schmidt, le singe chargé d’assister sa grand-mère. Ce capucin malicieux, dressé pour aider les personnes dépendantes, va bouleverser la vie du héros, ainsi que sa peinture…

De Pantin à Montmartre, d’une friterie belge tenue par un drôle de rabbin aux plages paradisiaques de Saint-Domingue, ce roman tendre et déjanté vous entraînera sur les traces d’un artiste prêt à surmonter tous les obstacles pour atteindre son idéal.»

 

Ce roman feel-good est une vraie petite pépite,  frais et sans prétention. David Zaoui nous offre une aventure cocasse aux multiples péripéties. Les personnages sont attachants, certains haut en couleurs tandis que d’autres essaient tant bien que mal de réussir leur vie. Là se trouve  l’essence du roman: comment réaliser ses rêves et véritablement réussir sa vie? Notre protagoniste se cherche tout au long des pages et on vit avec lui les angoisses et les déconvenues non seulement d’un artiste incompris mais aussi d’un chercheur d’emploi.

Ponctué de lettres hilarantes adressées à son conseiller Pôle emploi, le texte écrit à la première personne questionne l’air de rien sur le sens d’une vie où l’absence d’épanouissement personnel se fait clairement sentir.

J’ai adoré ce roman frais et décalé, un petit bijou que je vous recommande chaudement!!!

 

~Melissande~

+ le site de l’éditeur

+ Interview de David Zaoui sur le blog Alexandra le dauphin

Maudit Cupidon

Maudit Cupidon est une romance moderne qui nous plonge dans un univers semi-fantastique, celui des cupidons, les anges de l’amour de la mythologie.

Maudit CupidonRoman Young Adult – Jeunes adultes

Maudit Cupidon

de Lauren Palphreyman

traduit par Axelle Demoulin et Nicolas Ancion

Hachette, février 2019
414 pages
9782016270523, 18€
Disponible en epub 12,99

Thèmes : amour, mythologie, romance

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À 17 ans, Lila découvre que les cupidons, loin d’être un mythe, sont bien réels. Qu’ils constituent une agence d’entremetteurs œuvrant dans le plus parfait des secrets. Et qu’elle, petite mortelle ordinaire, a été matchée au dieu de l’amour originel  : Cupidon lui-même. Une vaste plaisanterie  ? Non, une malédiction  !
D’abord, elle n’a rien demandé. Ensuite, Cupidon est si ingérable qu’il a été banni de la Terre il y a des décennies. Enfin, tous deux encourent la peine capitale s’ils tombent amoureux, les relations entre humains et cupidons étant proscrites.

Ce roman a été repéré sur Wattpad, comme c’est souvent le cas pour les romances actuellement j’ai l’impression. C’est un bon page turner, qui mèle action et romance, et je comprends facilement l’engouement que l’on peut avoir pour ces héros virils et un peu bad boy. Pour autant ce roman est vraiment simple, reprenant les clés habituelles : amour interdit, triangle amoureux, héroïne orpheline… L’ensemble est plutôt bien mené, avec de l’action, mais tout est relativement prévisible, et Lila, l’héroïne n’est pas très attachante. On sait bien qu’elle va tomber amoureuse de ce Cupidon beau gosse qui lui tourne autour…

 Mademoiselle Black, il est prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut. C’est l’original. Le plus puissant d’entre nous. C’est… Cupidon en personne. Et vous êtes… son âme sœur, conclut-il avec le plus grand sérieux.

Nous gardons tous les deux le silence un instant. Puis j’éclate de rire, c’est plus fort que moi. Cal me fixe de son regard froid et impénétrable jusqu’à ce que je me reprenne.

— Vous voulez dire que mon âme sœur est… Cupidon ? Cupidon ?! Le petit gars avec des ailes, un arc et des flèches?

Outre cette héroïne, les personnages secondaires, comme son amie Charlie, sont assez fades, et on ne s’inquiète que peu pour leur sort. C’est dommage car Cal, le cupidon qui tente d’éviter qu’elle ne tombe amoureuse de Cupidon lui-même, est un personnage qui mériterait d’être creusé. On le sent torturer, attentionné… Il a une place importante dans ce récit mais on explore assez peu son passé… Peut-être dans le deuxième tome ?

Malgré ces points négatifs, j’ai vraiment passé un bon moment de lecture, car on se laisse facilement emporté dans l’histoire, on tourne les pages et on apprécie les conflits amoureux et les batailles à coup de flèches ! Maudit Cupidon est un bon page turner, et Cal un héros tout à fait attirant !

+ Lire en numérique un extrait

+ Un tome 2 : Saint Valentin, est prévu pour le mois de juin

Les âmes englouties – Lectrices ELLE (21)

âmes

Un polar scandinave au sein des tourbières

Les âmes englouties
Susanne Jansson

Presses de la cité (2019)

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Nathalie, pour terminer sa thèse de biologie sur “l’influence du réchauffement climatique sur le processus de décomposition dans les tourbières” quitte son appartement de Göteborg pour retrouver les terres de son enfance. A peine arrivée à Fengerskog, sa ville natale, elle se demande si c’est une bonne idée. Voilà quatorze ans qu’elle a quitté précipitamment ce lieu. Que vient-elle chercher ici ? Elle y a tellement de souvenirs douloureux, de choses qu’elle cherche à étouffer depuis si longtemps… Était-ce vraiment une bonne idée ?

Maya est une artiste. Photographe, elle travaille aussi avec la police. Après plusieurs années passées à New-York, elle revient s’installer à Fengerskog.

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Une lecture, autant le dire tout de suite, dont je ressors déçue… Ça commençait pourtant pas mal, le personnage principal, Nathalie, est assez mystérieux et on sent bien qu’il y a des tas de choses qui ne demandent qu’à remonter à la surface de sa mémoire défaillante. Le lieu, les tourbières est bien choisi également et plutôt bien décrit. Un endroit fascinant, hermétique, quasi ensorcelant avec une ambiance ouaté et renfermant tellement de secrets… C’est en fait lui (ce lieu) le personnage principal finalement !

Le personnage qui m’a le plus laissée perplexe, c’est celui de Maya. Très extravertie, elle prend la place de Nathalie au premier plan de l’histoire et mène l’enquête. Mais c’est un personnage qui est, je trouve, mal “construit”. On a des “bouts” mais rien d’abouti.

Et puis autant j’ai apprécié les passages sur les tourbières et tout ce qu’on apprend, autant le “saupoudrage” intellectuel m’a agacé (un peu de bouddhisme par ici, quelques références philosophiques par là…). Il y a des trucs qui arrivent parfois comme un cheveu sur la soupe. Et ça, quand on est pris dans une histoire, ça casse tout. Dommage…

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ELLE

21ème lecture / 28

(Ordre de lecture, pas de présentation)

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au Challenge Petit Bac chez Enna – Catégorie Adjectif

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