Si c’est la fin du monde – Tommy Wallach

sicestlafindumondeRoman pour adolescents, dès 14 ans
rentrée littéraire janvier 2016

Si c’est la fin du monde

de Tommy Wallach

traduit par Papillon

Nathan, janvier 2016

Un astéroïde se rapproche de la Terre. Il a deux chances sur trois de la faire exploser, dans deux mois. Deux mois pour Peter, Eliza, Andy et Anita, 18 ans. Deux mois pour vivre enfin, pour se libérer des secrets et des angoisses. Mais deux mois aussi pour préparer leur avenir, au cas où.  Deux mois, une éternité, quelques jours.

Le lecteur suit ces quatre adolescents, dans une alternance de narration très à la mode actuellement. Cette alternance, qui permet de découvrir plusieurs aspects de l’histoire, est intéressante, notamment ici, car elle permet de mieux comprendre les liens qui unissent et séparent ces quatres jeunes. Bien entendu au départ de l’histoire ils sont très différents. Des classes sociales, des familles, des vies que tout oppose. Sans surprise cet astéroïde va changer la donne, et nos quatre héros vont peu à peu interagir.

Suivre ces quatre adolescents permet de découvrir leur monde, de voir comme les gens peuvent s’unir ou au contraire se déchirer dans ces cas extrêmes. Ils sont attachants, ces adolescents, même si on a parfois envie de les secouer ! On passe un réel bon moment avec eux, sans grande surprise d’abord puis avec des événements improbables mais qui donne une consistance à l’histoire. On regrettera tout de même l’absence presque totale des adultes, mis de côté, souvent décriés. L’auteur choisi de mettre l’accent sur ces quatre jeunes et leur entourage, mais les quelques adultes croisés, autre que les parents, offrent de très belles leçons de vie, des mots, des gestes… il en aurait fallu plus !

Ce roman est un bon turn-over, qui mêle les destins de quatre adolescents, dans un monde en perte de repère. Une histoire sympathique, qui nous incite forcément à nous demander ce que l’on ferait dans ce cas là…

 

+ Le site de l’auteur 
Titre original : We All Looked Up (Simon & Schuster)

L’auteur est aussi musicien, je vous invite donc à écouter son album, qui porte le même titre :

+ A lire si vous aimez les adolescents à problème et les histoires d’amour contrariées, mais pas si vous cherchez un livre de survie !

+ L’avis de Orbe

+ Challenge YA#5

REFUGES ♥

REFUGES ♥ REFUGES ♥

Annelise Heurtier

Casterman (2015)

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Mila, jeune italienne de 17 ans, arrive pour les vacances sur l’île de Lampedusa avec ses parents dans la maison familiale qui appartenait à la grand-mère. Toute la famille a été durement touchée par un drame, quelques années plus tôt. Chacun luttant contre le mal-être à sa façon. Entrelacées au milieu des chapitres, on entend d’autres voix, des voix venues de la lointaine Érythrée…

*****
Mon avis à “chaud” :

Je viens de terminer ce roman. J’ai pleuré. Pleuré sur la bêtise des êtres humains capables d’êtres tellement ignobles qu’ils obligent leurs concitoyens à fuir, quel qu’en soit le prix.

Pleuré aussi sur la bêtise d’autres êtres humains capables de faire des lois telle la loi Bossi-Fini (on peut écrire un truc pareil ? Laissez les clandestins se noyer, si vous les sauvez vous serez complices d’immigration clandestine et vous irez en prison ??) Comment peut-on être à ce point égoïste et cruel ?

Depuis longtemps je râle quand j’entends des gens dirent que les clandestins viennent pour toucher les aides sociales ou se refaire faire les dents gratuitement… Vous iriez vous, passer des jours et des nuits sur un rafiot pourri, risquer votre vie, celle de votre femme et de vos enfants, juste pour avoir de belles dents ? (Surtout que les clandestins laissent des fortunes pour payer leur passage…)

Et quand on sait comment on vit avec les aides sociales, moi je me dis surtout que ces pauvres gens ne doivent pas avoir beaucoup d’autres solutions et surtout, surtout, une terrible motivation : celle de sauver leur vie.

*****

C’était le premier roman d’Annelise Heurtier que je lisais. Ce ne sera certainement pas le dernier ! A lire et à faire lire de toute urgence pour faire reculer la bêtise…

Sur le même thème, l’émigration / l’immigration, j’ai lu il y a quelques années “Le dos au mur” de Christophe Lambert (à partir de 15 ans) que j’avais beaucoup aimé, “Mark Logan” de Claire Paoletti (pour les plus jeunes à partir de 10 ans) une histoire très mignonne, “La robe rouge de Nonna” un très bel album (fascisme + immigration), la très belle BD de Shaun Tan “Là où vont nos pères” bd sans paroles absolument magnifique (ados), le très actuel “Si loin de Kaboul“de N.H. Senzai (11 ans et +) ou encore le très touchant “Le temps des miracles” d’Anne-Laure Bondoux (à partir de 12 ans)…

Deux bibliographies pour compléter : celle de Ricochet et celle de La joie par les livres.

SignatureNat

Sweet sixteen

Sweet sixteen♥ Sweet sixteen ♥

Annelise Heurtier

Casterman (2013)

L’histoire : Rentrée 1957. Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l’aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.

Comme nous l’explique très bien l’avant-propos, le but de ce roman, tiré d’une histoire vraie, “n’était pas d’écrire une leçon d’histoire, conforme en tous points à la réalité, mais de retranscrire la brutalité des jours que Melba Pattillo et ses huit autres camarades ont enduré au Lycée central.”

♥♥♥

J’aime beaucoup cette façon de faire, présenter les choses de deux points de vue différents.

D’un côté, Molly, jeune adolescente noire à qui on a demandé (3 ans plus tôt !) si elle souhaitait tenter l’expérience d’aller faire ses études dans un lycée de blancs. Son dossier a été retenue et sa mère, tout d’abord horrifiée, apprend qu’un mois plus tard, sa fille va aller étudier au milieu des blancs : “Quand est-ce que tu avais prévu de nous en parler ? As-tu pensé aux conséquences de ta décision ? As-tu seulement compris que tu vas tous nous mettre en danger ?”

Là où de nombreuses mères seraient fières de leur fille (elle est admise dans le plus prestigieux lycée de la ville !) cette mère ne peut qu’être inquiète pour sa fille. En effet, en 1957, les noirs et les blancs n’allaient pas à l’école ensemble. Nombreux étaient les gens qui trouvaient cela normal et nombreuses furent les violences faites à ces jeunes ados…

L’autre vision des choses est apportée par Grâce, une jeune fille plutôt futile, qui ne pense qu’à s’habiller, draguer et être la reine du lycée. Pourtant, toute cette violence, cette haine, finissent par la déranger et elle commence à se poser des questions et à regarder les gens (les femmes bien pensantes de la ligue par exemple) avec un autre œil. Elle paiera cher pour avoir essayé de déjouer un complot…

Le passage qui décrit le premier jour, quand une des filles se retrouve seule face à la foule haineuse et en colère, est terrible. Je crois qu’à sa place, je me serais fait pipi dessus tellement j’aurai eu peur… Je ne peux qu’imaginer le courage (et les réserves de patience !!) qu’il aura fallu à chacun d’eux pour endurer cette année scolaire abominable.

♥♥♥

D’autres livres, lus et aimés, sur le même sujet, la ségrégation raciale aux États-Unis :

Je ne les ais pas encore lu, mais ils me tentent beaucoup :

  • Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage de Maya Angelou (Je veux le lire depuis longtemps !!)
  • Tant que je serai noire de Maya Angelou (le précédent raconte son enfance, celui-ci sa vie d’adulte)
  • La couleur pourpre d’Alice Walker (j’ai vu le film, pas encore lu le livre, mais ça venir)
  • Bluebird de Tristan Koëgel

En bonus, une chanson qui m’a toujours donné des frissons : “Strange fruit” une chanson écrite par Abel Meeropol et interprétée par Billy Holiday (les paroles et la chanson traduite ici)

Si le sujet vous intéresse, une bibliographie ici, pour en lire d’autres !SignatureNat

Mary Hooper (le retour)

♠ Mary Hooper ♠

Est une auteure de romans jeunesse britannique, qui a écrit une trentaine de romans (dont une dizaine traduits en français).

Ce sont souvent des romans avec un fond historique.

Son site (en anglais) et sa page Fb

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Je vous ai déjà parlé de “Waterloo Necropolis” et “La messagère de l’au-delàici. Sophie vous avait présenté la trilogie “Espionne de sa majesté“. Étant donné que j’aime vraiment beaucoup son style, et qu’en plus, on apprend des tas de trucs (bon ok, sur l’Angleterre victorienne, ça sert pas tous les jours, mais moi j’aime bien !) j’en ai emprunté deux autres à la bibliothèque : “Velvet” et “L’infortune de Kitty Grey“, que je vous présente maintenant.

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Velvet Mary HooperVelvet

Les Grandes Personnes (2012)

Orpheline dans le Londres des années 1900, Velvet survit tant bien que mal en travaillant dans l’enfer d’une blanchisserie. Lorsque l’occasion lui est donnée de s’occuper du linge de clients fortunés, la jeune fille saisit sa chance et attire l’attention de l’intrigante Madame Savoya, l’un des médiums les plus courus de la capitale. Emménageant à la Villa Darkling aux côtés de Madame et Georges, son séduisant assistant, Velvet ne va pas tarder à découvrir les usages et secrets de cet univers fascinant qu’est celui du spiritisme. Elle est pourtant loin de se douter que le danger qui la guette ne vient pas du royaume des morts…

Mon avis : Mary Hooper utilise toujours un peu les mêmes “ressorts” dramatiques : une jeune orpheline pour subvenir à ses besoins se retrouve en train de travailler pour des personnes peu recommandables… Mais les sujets sont variés et c’est toujours très intéressant !

Alors il ne faut pas bouder son plaisir, je vous recommanderais seulement de ne pas les lire à la suite, pour ne pas se lasser. “Waterloo Necropolis” parlait du commerce et du trafic fait autour du deuil, “La messagère de l’au-delà” nous parlait de la condition de la femme dans l’Angleterre du XVII ème siècle (pas génial, j’aurai pas aimé…)

Velvet nous parle donc du spiritisme et des médiums dans le Londres des années 1900. Dans une dizaine de pages plus “documentaires” à la fin du roman Mary Hooper nous explique sa propre expérience du spiritisme (elle n’est pas convaincue et j’avoue que moi non plus !) ainsi que quelques arnaques liées aux médiums. Comme d’habitude elle parle de la condition féminine à cette époque (pas brillante !) mais également des fermières de bébés (épouvantable !!!). Un roman agréable et intéressant.

 

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Linfortune De Kitty Grey Mary HooperL‘infortune de Kitty Grey

Les Grandes Personnes (2014)

1813. Kitty Grey mène une vie sans histoire dans la campagne anglaise en tant que fille de ferme. Elle y est bien traitée par la famille qui l’emploie et aime son travail à la laiterie. Et puis il y a Will, le jeune passeur de la rivière, dont elle espère qu’il lui fera bientôt sa demande. Jusqu’au jour où Will disparaît… Persuadée qu’il est parti chercher fortune à Londres, la naïve jeune fille saisit la première occasion de gagner la capitale, où elle ne tardera pas à se faire détrousser par d’habiles pickpockets. La voilà dans l’incapacité de retourner chez elle, et dans l’obligation de trouver urgemment un moyen de survivre dans cette ville hostile. Mais les choses tournent mal…

Mon avis : Ce roman-ci parle de la condition des pauvres en ville, à Londres, dans les années 1800. Les “aides sociales” n’étaient en effet versées que dans les paroisses d’origine des personnes, ce qui fait que les gens venus chercher du travail à la ville, s’ils n’en trouvaient pas, ne bénéficiaient d’aucunes aides et se retrouvaient très vite  à la rue.

Suite à une série de circonstances malheureuses, la jeune Kitty se retrouve enfermée avec Betsy une petite fille de 5 ans dont elle s’occupe, à la terrible prison de Newgate. La prison fait rarement rêver, mais à cette époque là, c’est vraiment l’horreur… La crasse, la puanteur, la promiscuité, rien ne leur/nous est épargné !

Encore une fois, Mary Hooper réussit son pari : Grâce à son roman, on apprend des tas de choses sur la vie quotidienne à cette époque et c’est passionnant ! Avec toujours, à la fin, quelques pages documentaires.

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