Ma petite soeur d’occasion

ma petite soeur d'occasionMa petite soeur d’occasion

d’Eric Sanvoisin

Roman jeunesse dès 8/9 ans

Nathan, 2016
9782092559048, 5,60€
Disponible en epub 4,99€

Hugo est en CM2, et c’est un fils unique, très content de sa condition. Avec ses copains, ils sont les terreurs de la cours de récréation. Son monde s’effondre autour de lui quand ses parents lui apprennent qu’ils vont adopter une petite fille de 7 ans, qui vient d’Éthiopie.

Hugo est un jeune garçon touchant, mais ses réactions semblent souvent méchantes ou disproportionnées… Au fur et à mesure de l’histoire, on s’attache à lui, et on se rend vite compte que son principal problème, ce n’est pas tellement d’avoir une petite soeur, mais plus d’expliquer ça à ses copains…

Une grand-mère d’enfer, une voisine séduisante, il n’en faudra pas beaucoup plus à Hugo pour comprendre peu à peu d’où vient le problème… Ma petite soeur d’occasion, rien que le titre donne une idée du ton employé par l’auteur. Le lecteur est tour à tour amusé et révolté dans ce roman. Les copains d’Hugo sont vraiment d’une grande méchanceté, et peuvent même être violents, tandis que Momie, la grand-mère, est patiente et drôle.

Le déroulement général du livre est assez linéaire, mais une surprise vient tout de même donner un petit coup de peps à la narration. Un effet un peu plus pédagogique sans doute, mais qui aide à mieux comprendre l’adoption, du point de vue des enfants et des parents.

Ma petite sœur d’occasion se lit très facilement, et propose une histoire simple qui fonctionne bien. La peur d’avoir un petit frère ou une petite sœur, d’autant plus adopté, la peur de la réaction des autres, le racisme… Beaucoup de thèmes sont finalement évoqués ici, avec un brin d’humour, pour une lecture sympathique.

+ Eric Sanvoisin est l’auteur de nombreux livres pour la jeunesse, comme Le buveur d’encre, ou Feriel. Les enfants, il connait bien, puisqu’il est le papa de 9 enfants (mais aucun n’a été adopté).

+ Sur le site de l’éditeur

La fille quelques heures avant l’impact

la fille quelques heures avant l'impactRoman pour adolescents

La fille quelques heures avant l’impact

Hubert Ben Kemoun

Flammarion jeunesse, 2016
9782081373822, 13€

Impact, fracas, colère, feu… Titre, couverture, premier chapitre, rien ne laisse de doute, c’est le chaos. Un chaos que l’on va sentir venir, peu à peu, au fil du déroulement de la journée qui précède tout cela.

Annabelle, Fatou, Thierry, Fabien, Moktar, des adolescents, et Isabelle, leur professeur. La journée s’ouvre sur cette dernière, professeur de français, qui tente de gérer son cours tout gérant les pics que se lancent deux élèves de troisième.

Violence, c’est vraiment la violence et la colère qui transpirent de chaque page de ce roman. Racisme, Trahison, Colère. Attentat.

L’ouverture du roman, pleine de suspense, permet de garder le lecteur en haleine. Plusieurs passages, en italique, contribuent à renforcer cet effet catastrophe. Le reste du temps, les protagonistes alternent à la narration, nous permettant de voir les différents points de vue. De sentir la tension monter…

Les premiers chapitres sont durs, à l’image d’une grande partie du roman, choquants parfois. Cette professeur un brin paumée, trop prise par sa propre histoire, et ces adolescents tellement violents, tellement en colère. Leurs mots sont durs, presque plus que dans la réalité de ce que l’on croise en collège. Cependant ce sentiment de trop, d’accumulation dramatique, est souvent présent à l’esprit du lecteur adulte.

Les personnages sont le point fort de ce roman, avec leurs caractères entiers. Ils sont dérangeants, vrais, ils sonnent justes. Un peu à coté de la plaque, trop émotifs, trop volontaires, trop manipulables. Ils sont dans les extrêmes, des personnages justes mais qu’on ne croisent pas tous les jours, des spécimens, même, pour certains. Fabien, fils du maire, raciste par héritage, est un exemple frappant.

Et le point d’orgue, le concert, la salle de spectacle, l’attentat. Un écho douloureux aux événements de novembre 2015, mais pas un récit d’après, qui raconte. Dans sa postface, l’auteur nous explique avoir terminé ce livre en janvier 2015. Il est donc teinté d’attentats, pas de ceux que l’on a en tête. La fille quelques heures avant l’impact ne cherche pas à raconter les événements français, mais plus à comprendre certaines des dérives actuelles, du racisme, de la rage.

Un roman incisif, qui touche à des non-dits, et qui n’hésite pas à mettre ses héros en danger. De la littérature jeunesse, oui, mais de la littérature noire aussi. Une façon intéressante de montrer aux adolescents les conséquences des petites habitudes qu’ils trouvent souvent drôle au collège (mais pas avant la 4ème, ou pour lecteurs avertis…) !

 

 

Le caméléon et les fourmis blanches

Le caméléonLe caméléon et les fourmis blanches

Emmanuel Bourdier

Collection Encrage

Éditions La joie de lire (2015)

***

Casimir Feunard est un professeur des écoles (comme on dit maintenant, moi je préférais “instit” c’était moins impressionnant) gentil, un peu paumé, pas très heureux…

Un jour, un peu par hasard, Issa, jeune malien d’une dizaine d’années va faire irruption dans sa vie. Ils vont s’apprivoiser mutuellement, tout doucement, apprendre à se connaître, à s’apprécier. Jusqu’au jour où…

***

Pour être tout à fait franche, ce bouquin traîne dans ma PAL depuis des mois (au moins 5 !!). Et je l’avoue, j’ai un peu honte. Honte de m’être laissée décourager par un titre intrigant certes, mais pas très attirant (pour moi, s’entend !) et par une couverture jolie, oui, mais aux couleurs froides et qui ne m’a pas interpellée plus que ça…

Travaillant en bibliothèque je devrais pourtant savoir que les plus belles pépites ne sont pas forcement celles qui brillent le plus au premier abord !

Et vraiment, il aurait été dommage de passer à côté de ce roman, petit par la taille (140 p.) mais si grand en émotions !! Le thème est malheureusement très actuel (l’immigration, les “sans-papier”)

L’alternance des voix, un chapitre celle de Casimir, l’instit, le chapitre suivant celle d’Issa, le jeune Malien donne un ton particulier que j’ai beaucoup aimé.

Un très joli roman que je regrette vraiment de ne pas avoir lu plus tôt !

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Site de l’éditeur La joie de lire

La collection “Encrage

 

Francie de Karen English #roman ado

francieRoman
A partir de 10/11 ans

Francie

Karen English

Traduit par Marie-Hélène Delval

Bayard Jeunesse (2001)

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Sélectionné pour le 14ème prix des Incorruptibles (CM2/6ème et 5è/4ème)

*****

L’auteure : Karen English vit en Californie. En plus d’être écrivain, elle est institutrice. Elle a écrit au moins 10 livres pour la jeunesse (romans, albums) mais traduits en français je n’ai trouvé la trace que de “Francie” et un album paru en 2007 chez Kaléïdoscope intitulé “Un heureux évènement“. Elle a reçu de nombreux prix pour ses livres aux Etats-Unis.

L’histoire : Francie rêve d’une vie meilleure aux côtés de son père parti à Chicago, qui a promis de les faire venir près de lui. En attendant, elle travaille durement chez les Blancs, après l’école, pour aider sa mère. Heureusement, il y a Jesse, un jeune garçon, noir comme elle, qui, lui aussi, en a assez de cette vie de misère. Leur amitié leur donnera le courage d’affronter l’adversité.

Mon avis : Une histoire qui raconte la vie (la survie, parfois !) des enfants noirs (et de leurs parents) à l’époque de la ségrégation raciale dans le sud des États-Unis (ici en Alabama). Une vie de domestique (y compris pour les enfants) passée non seulement à travailler mais aussi à baisser la tête, à répondre “oui Ma’me”, “non Ma’me”, à être rabaissé, humilié et même parfois accusé à tort… Toute l’injustice de la ségrégation racontée par une enfant, Francie, un personnage attachant, sensible et gentil. J’ai repensé à “La couleur des sentiments” de Kathryn Stockett sauf bien sûr que “Francie” s’adresse à des enfants, mais c’est le même genre d’histoire : la vie quotidienne des blancs et des noirs au temps de la ségrégation. Il n’est pas fait mention de date ici, mais cela se passe probablement dans les années 40/50…

Un roman agréable et facile à lire qui montre bien les différences de vie entre noirs et blancs de cette époque.

Une bonne initiation à l’Histoire pour les plus jeunes.
SignatureNat