Le sourire du diable – Roman ado

sourire

3 femmes / 3 époques / 1 secret de famille…

Le sourire du diable
Nancy Guilbert

Oskar (2018)

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Le roman s’ouvre en 1959: Louise, une jeune française de 15 ans, reçoit une étrange lettre d’Allemagne qu’elle ne comprend pas mais à laquelle elle répond. S’ensuit alors un échange de lettres entre elle et un jeune allemand de 22 ans. Wofgang, c’est son nom, semble avoir connaissance d’un secret la concernant et concernant également sa mère. Mais lorsque Louise essaie d’en parler avec celle-ci…

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Le roman s’articule autour de 3 femmes : Rose (la grand-mère), Louise (la mère) et Nina (la fille /petite-fille). Et de 3 époques, 1943, 1959 et 1989. On se doute assez vite de ce qui s’est passé, mais là n’est pas pour moi l’intérêt de ce livre. Ce que j’ai trouvé très intéressant, c’est la façon dont les personnages sont impactés par ce secret à travers le temps.

Rose n’arrive pas à s’occuper correctement de sa fille Louise (elle lui dit une chose tellement dure !!! j’ai eu les larmes aux yeux…). Tant et si bien qu’elle finit par aller vivre chez sa tante après avoir appris le lourd secret de sa mère. Et ce qui m’a frappé, c’est le mal qu’elle a, quand son tour vient, pour expliquer ce qui s’est passé à sa propre fille Nina

Des personnages complexes, une histoire prenante et poignante et une façon de raconter qui montre bien comment les non-dits peuvent engendrer des conflits familiaux capables de “pourrir” les relations sur plusieurs générations.

Un livre que j’ai dévoré et adoré !

Mon seul bémol : l’éditeur indique 11 ans au dos du bouquin, j’aurai dit plutôt 13 ans, certains passages sont plutôt durs !

Edit de janvier 2020 : Avis de Sophie Hérisson

Intriguée par l’avis de Nathalie, j’ai découvert ce roman à mon tour. Ce récit joue avec les narratrices et les époques et je trouve l’ensemble vraiment bien construit. Ce sont en effet les personnages, et leur relation qui sont les forces de ce récit assez court : Trois personnages forts à leur façon, qui sont liés malgré les secrets et les non-dits. J’ai presque finalement trouvé ce récit trop court tant j’aurais aimé en savoir plus sur chacun des personnages, prendre plus le temps de les découvrir, de mieux comprendre leurs sentiments.

Un récit un peu trop court à mon goût mais qui permet de découvrir l’incidence intergénérationnelle des secrets de famille, avec des protagonistes intéressants.

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De Nancy Guilbert, je vous ai déjà présenté : Deux secondes en moins (roman ado) / Mission dinosaure (roman enfant)

Son blog, au doux nom de “Rêve de plume” (j’adore !)

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L’avis de Blandine

L’âme soeur – Roman adulte

âme

L’âme sœur

Agnès Karinthi
Collection Hélium
L’Astre Bleu (2018)
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Depuis des années, Philippe Bérichon essayait de retrouver Anne, son amie d’enfance, son âme sœur. Mais impossible de la retrouver car il ne connaissait pas son nom de famille et ses quelques demandes à la mairie ou l’école n’avaient pas reçues de réponse. Pourtant, un jour, en rangeant le garage de ses parents, il tombe sur un carton contenant ses affaires de CE2… Et dans ce carton, en plus d’une photo de classe, il trouve un dessin signé d’Anne. Il connaît enfin son nom, il va pouvoir la retrouver…

Le roman commence le dimanche 4 janvier 2015, Philippe est enfin devant la porte d’Anne :

Cette fois, ce n’est plus un rêve. Il l’a retrouvée. Il prend une longue inspiration et sonne. Le visage d’une femme jeune s’encadre dans l’entrebâillement de la porte. Philippe ébauche un sourire.

“Tu me reconnais ?”

Il lui tend un bouquet de roses. Elle élargit suffisamment l’ouverture pour passer le bras et attraper les fleurs, mais ne fait pas un geste de plus. Ils s’observent quelques instants dans un profond silence.

Il sourit, encourageant.

“Ça fait des semaines que je te cherche. Ça n’a pas été facile de te retrouver. Tu n’as pas de compte Facebook ni Twitter.

– Je n’en veux pas.

– Pas grave. Je n’en suis pas fan, moi non plus. Je me suis débrouillé autrement.”

Il la dévisage avec un plaisir qu’il ne cherche pas à cacher.

“Tu n’as pas changé. Les mêmes cheveux, les mêmes yeux”

Comme elle ne réagit pas, il insiste.

“Tu vois qui je suis ? Tu me reconnais ?”

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Voilà un roman qui ne restera pas longtemps sur votre table de chevet une fois entamé. Je l’ai commencé le matin, et terminé l’après-midi… Ce n’est pas un polar, mais il y a du suspense ! Il y a tellement de secrets, de non-dits… Des choses que l’on sent, que l’on devine même, mais d’autres qui nous tombent sur le coin de la figure sans qu’on s’y attende !!

Il faut dire que le personnage principale, Anne, est amnésique depuis l’âge de 9 ans et que sa mère ne l’aide pas vraiment à retrouver la mémoire. Tout ça donne une drôle d’ambiance par moments, avec des personnages auxquels on s’attache (enfin pas tous hein ! ) d’autres au contraire dont on se méfie rapidement et qu’on ne voudrait surtout pas rencontrer…

Ce roman a un point commun avec le premier roman de l’auteure : A la fin de “Quatorze appartements”, j’étais sous le charme du personnage principal, une femme avec qui j’aurai volontiers passé un moment à discuter. Ici, c’est pareil, j’ai eu la même impression. On se sent proche d’Anne, on s’attache à elle, on la plaint aussi, on aurait envie de mieux la connaître, voire de l’aider…

Un roman qui m’a beaucoup plu et dont je vous recommande bien évidemment la lecture !

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De cette auteure, j’avais déjà lu et présenté (sur un autre site) : Quatorze appartements.

La visita – film chilien/argentin

La Visita  visita

Scénario et réalisation de Mauricio Lopez Fernandez
Bande originale : Alekos Vuskovic
Rôles principaux : Daniela Vega (Elena), Claudia Cantero (Teresa, la patronne), Rosa Ramírez (Coya, la mère)
2014 ‧ Drame ‧ 1h 22m
Nationalité : Chili / Argentine
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Coya travaille comme domestique (et vit) dans une grande maison bourgeoise. Au tout début du film, elle vient de perdre son mari, que l’on aperçoit dans un cercueil ouvert, dans une pièce de la maison. Elle reçoit alors une étrange visite : Elena, venue pour l’enterrement de son père, et que sa mère n’a pas l’air très heureuse de voir…
Je ne vous en raconte pas plus, pour éviter de gâcher l’effet de surprise, même si on se doute très rapidement d’où vient le “problème”. La visite d’Elena va avoir d’étranges répercussions sur plusieurs personnes…
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A première vue, tout va bien dans cette famille… Et pourtant !

La visita est un film sur les non-dits qui m’a beaucoup plu, même si j’avoue que j’aurai préféré un rythme un petit peu moins lent (autrement dit : fans de films d’action, abstenez-vous !) ;)

En fait le rythme très lent -et le peu de dialogues- ne m’ont “agacés” qu’au tout début, parce que les personnages principaux sont plutôt attachants (les trois femmes surtout, les personnages masculins étant très peu présents) et que je me demandais vraiment comment allait se terminer cet étrange huis-clos (la quasi totalité du film se passe dans la maison). L’ambiance est assez pesante, plutôt bizarre, la grand-mère pousse sans arrêt des cris au 2ème étage, les enfants courent partout sans que personne ne s’occupe d’eux, la patronne est un peu “absente” (triste ? déprimée ?) et son mari jamais là.

J’ai adoré la fin :

pour moi, la dernière phrase résume tout l’amour (inconditionnel !) qu’une mère peut avoir pour son enfant.

Bande annonce du film

challenge-amerique-latine-2

Ma 1ère participation au Challenge Amérique Latine organisé par Bidib de Ma petite Médiathèque !

 

La maison des reflets : faire son deuil en 2022

Mmaison des refletson article sur La maison des reflets est un article un petit peu différent, qui va plus en profondeur dans l’analyse du roman (avec un nombre de mots limités), moins dans l’avis. Ce travail a été réalisé dans le cadre du MOOC Il était une fois la littérature jeunesse. J’ai simplement coupé la partie Résumé et quelques détails, afin de vous laisser du suspense.

Roman pour adolescents
Science-fiction

La Maison des reflets

de Camille BRISSOT

Syros, 2017,
346 p.

Résumé de l’intrigue

En 2022, les maisons de départ permettent de continuer à faire vivre les morts. La technologie, à travers des reflets en quatre dimension, reproduit le physique, mais aussi le caractère des morts. Les familles qui le souhaitent peuvent alors continuer de parler à leur proche, à l’intérieur de ces maisons de départ. Tout y est conçu pour permettre une interaction agréable et la plus réelle possible. Au manoir Edelweiss, la plus célèbre maison de départ, vit Daniel. Petit fils du créateur, fils du gérant actuel, il ne connait du monde que ce qu’il y rencontre. Ecole à domicile, meilleurs amis qui ne sont que des reflets, il vit dans une sorte de parenthèse. Pourtant un jour, il sort, et découvre, dans une fête foraine, Violette. Lumineuse, cette jeune fille le marque, et il va commencer à correspondre avec elle, par courrier. […]

Analyse du roman La maison des reflets

Ce roman français présente des caractéristiques spécifiques du roman adressé à la jeunesse, notamment dans ses choix d’écriture. Camille Brissot propose une narration avec un adolescent, qui parle à la première personne. Ce JE s’adresse discrètement aux lecteurs, dans des questions rhétoriques, qui amènent le jeune lecteur à s’attacher à lui, et à s’identifier.  Sans proposer de réelle polyphonie, ce roman propose tout de même une alternance de narrateurs grâce aux lettres reçues.

Le prologue, qui nous permet de connaître et comprendre Esther et Violette, personnages secondaires, amène un suspense, dans une perspective de séduction du lecteur.

Sans aborder de thème réellement tabou, Camille Brissot place tout de même la mort au centre de son récit. Les morts entourent notre héros, mais c’est surtout la place du deuil qui va peu à peu permettre aux jeunes lecteurs d’appréhender la mort : celle des parents, des grands-parents, et même d’enfants et d’adolescents. L’histoire d’amour de Daniel, notre jeune héros, ainsi que l’usage de la science-fiction permettent de contrebalancer la noirceur des thèmes, protégeant ainsi le lecteur.

Sans suivre totalement la structure d’un roman de formation, on assiste ici à une métamorphose progressive du héros, qui passe de la naïveté de l’enfant à l’ouverture d’esprit de l’adolescence. Grâce à une première sortie, brève, de son monde, il subit ensuite une réclusion partielle de sa famille, qui lui permet de s’ouvrir aux autres. Il est finalement réintégré dans sa maison, avec des droits nouveaux.

Avis personnel

La maison des reflets nous permet de découvrir un univers fictionnel où les morts sont comme des fantômes qui restent avec nous. Ce roman permet une bonne identification au narrateur, grâce aux épreuves qu’il traverse. Le suspense est maintenu au fil du récit, et sans être très surprenant ce roman répond bien aux attentes du lecteur : notre héros évolue et le lecteur découvre ainsi les réponses à ses questions. La place du deuil m’a particulièrement intéressée, d’autant plus qu’elle est mise en valeur par les regards très différents des personnages secondaires. De plus, l’histoire d’amour n’est pas niaise et apporte un vrai plus à ce récit. Enfin un thème secondaire a retenu mon attention : les relations père-fils. Le père est en effet très absent dans ce récit, sauf quand il s’agit d’interagir avec une journaliste avec laquelle il tisse des liens intimes. Le regard du héros sur cette relation permet de mettre en perspective ses rapports avec son père.

Un roman qui manque un peu de science-fiction, mais qui traite avec originalité de la mort et du deuil.


+ Le MOOC il était une fois la littérature jeunesse (inscription close)VentPrendra

+ de Camille Brissot, nous vous avons déjà présenté :
Le vent te prendra – Collection In Love

+ Le blog de Camille Brissot

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